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Vallée-des-Prêtres

Violente agression de Rakesh Gorayah : le suspect arrêté

7 mai 2025, 08:00

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Violente agression de Rakesh Gorayah : le suspect arrêté

Une perquisition a eu lieu hier chez «Ben Laden» pour tenter de retrouver l’arme utilisée. Étaient présents des membres du Special Response Group. © Aurélio Prudence

L’arrestation de Dilshad Delbar, alias «Ben Laden», présumé auteur de la violente attaque contre Rakesh Gorayah, a été accueillie avec soulagement par la victime, sa famille et l’ensemble des habitants du quartier. Après plusieurs jours de cavale, l’homme, connu pour sa violence et son comportement menaçant, a été interpellé par la Divisional Crime Intelligence Unit hier après-midi. Le suspect a été arrêté sous une accusation provisoire de tentative de meurtre et placé en détention.

Une perquisition a également été menée à son domicile afin de retrouver l’arme tranchante utilisée lors de l’agression. Dilshad Delbar doit comparaître en cour de district de Port-Louis Nord ce matin et la question de sa remise en liberté sous caution y sera examinée. Puis, un autre bâtiment situé à 25 mètres du domicile de Dilshad Delbar a été perquisitionné. Sur place, les enquêteurs ont découvert toutes sortes de couteaux. Cependant, le couteau utilisé lors de l’agression de Rakesh Gorayah n’a pas été retrouvé. En revanche, un fusil a été saisi. Ce sont des membres du Special Response Group, une unité d’élite de la SSU, qui ont escorté le suspect hier.

Les proches de Rakesh Gorayah espèrent désormais que justice sera faite. «C’est un soulagement de savoir qu’il ne pourra plus faire de mal à personne pour le moment. Maintenant, on veut que la justice suive son cours», a déclaré un membre de la famille, encore sous le choc.

L’agression s’est produite dans l’après-midi du vendredi 2 mai. Rakesh Gorayah, un jeune bien connu et sans histoire de Vallée-des-Prêtres, avait été attaqué de manière brutale à l’arme blanche. Présentant de graves blessures à la gorge, aux mains et aux coudes, il avait été transporté d’urgence à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo et admis aux soins intensifs. Des photos choquantes de l’incident avaient rapidement circulé sur les réseaux sociaux, suscitant une onde d’indignation. Beaucoup ont exprimé leur horreur face à la violence des images, certaines personnes déclarant même avoir eu «froid dans le dos». Cette diffusion virale a renforcé la pression sur les autorités pour une réaction rapide.


L’avenue Prunes sous haute tension

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Il est un peu plus de 9 heures du matin lorsque nous empruntons l’étroite ruelle d’Avenue Prunes, à la recherche de réponses, hier. Une atmosphère lourde, presque irrespirable, règne dans ce quartier du centre de Vallée-des-Prêtres, encore secoué par les événements de l’après-midi du vendredi 2 mai. Les regards sont fuyants, les portes se ferment à notre passage. La peur est palpable, suspendue dans l’air comme un silence complice.

Quelques jours plus tôt, Rakesh Gorayah, un jeune homme de 28 ans, connu dans le quartier sous le surnom de «Poule», a été sauvagement agressé à coups de sabre alors qu’il assistait à un mariage familial. L’agresseur présumé, Dilshad Delbar, accuse Rakesh Gorayah d’avoir attenté à la pudeur de sa fille. Une plainte déposée quelques jours avant l’attaque, dans laquelle la jeune fille accusait Rakesh d’avoir baissé son pantalon devant elle, exhibé ses parties intimes et menacé de l’agresser sexuellement. Sa mère a également porté plainte pour le vol d’un disque dur contenant des images CCTV de leur domicile, qu’elle soupçonne avoir été dérobée par un proche de Rakesh Gorayah. Depuis, plusieurs unités de police avaient effectué des descentes dans la région pour tenter de retrouver Dilshad Delbar, qui a été interpellé hier .

Lorsque nous arrivons devant la demeure de Maduri, la mère de Rakesh, l’ambiance devient immédiatement électrique. Un groupe de voisines se pressent pour bloquer l’accès à la porte et permettre à Maduri de s’exprimer, cette dernière visiblement toujours sous le choc. «Pa per koze, nou lamem», lance une femme en colère, comme pour défendre la famille d’éventuelles représailles ou accusations. Après plusieurs minutes, Maduri nous accueille finalement, les yeux encore rougis.

Dans la cour, une odeur de sang semble encore hanter les lieux. La mère raconte ce qu’elle a vu ce jour-là. «Mo garson ti dir mwa li pe al donn koudme dan maryaz. Letan mo tann defile maryaz, mo’nn sorti pou gete. Ben Laden ti pe debout lao ek so tifi ti pe riye avek enn dibwa dan so lame.» Ce qu’elle décrit ensuite glace le sang : une attaque brutale, une embuscade. Elle se souvient avoir vu la fille de Ben Laden courir, un morceau de métal en main, vers une ruelle là où se trouvait son fils.

Ensuite, ce sera Ben Laden qui va courir dans la même ruelle muni de sabre. «Li ti ena enn kouto koup bef dan so lame.» Dilshad Delbar était en train de frapper Rakesh, armé d’un sabre d’environ 75 cm. «Linn fer so bann tifi al laba blok mo garson. Li finn tap li depi deryer ek sab. Inn pil elmet lor loto ki ti pe al maryaz. Kan mo finn arive, mo’nn trouv disan partou. Mo’nn tom sek», relate Maduri, les mains toujours tremblantes. Ce sont des passants qui ont eu le réflexe de comprimer la plaie de Rakesh avec un T-shirt et de l’emmener d’urgence à l’hôpital. Le pronostic vital était engagé. «Dokter inn dir mwa si nou ti ariv de minit pli tar, mo garson ti pou fini mor», confie Maduri d’une voix tremblante.

Solidarité des voisins

Selon Jevin, le frère de la victime, cette agression ne serait pas uniquement liée à l’affaire de mœurs. Il évoque un conflit antérieur lié à un incident choquant impliquant l’abattage d’un bœuf. «Mo frer ti montre mwa enn video kot zot ti pe bril enn bef. Li ti dir mwa ki sa ti brital. Dan video-la, nou tann Ben Laden dir ‘to pe filme mwa la?’» Jevin affirme avoir conseillé à son frère de ne pas s’impliquer davantage, connaissant le tempérament violent de Dilshad Delbar. Mais Rakesh avait, selon lui, l’intention de dénoncer ces actes.

Depuis l’incident, la famille vit dans la terreur. Maduri et Jevin ont installé des caméras de surveillance supplémentaires. Ils saluent la solidarité de certains voisins, qui ont accepté de leur fournir des images de caméras CCTV pour aider l’enquête. Mais malgré cette aide, la peur reste omniprésente. Jevin n’hésite pas à nous montrer l’intérieur de sa maison toujours en construction. «Zot dir nou vann ladrog me get mo lakaz dir mwa ou mem», confie-t-il.

Dans le quartier, Ben Laden est un nom que l’on chuchote, tant il inspire la crainte. Les habitants redoutent son retour. «Kot lazistis?», s’interroge Maduri. «Nou pe viv dan traka, pa kone kan li pou revini.» Les habitants d’Avenue Prunes restent cloîtrés chez eux, dans un climat d’angoisse étouffante. Une rue qui porte les stigmates d’une violence qui ne dit pas son nom.

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