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Drogue à l’école
Urgence absolue
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Drogue à l’école
Urgence absolue

Une vidéo dans laquelle on voit des collégiens fumer d’un «bong» circule sur les réseaux sociaux.
Des inspecteurs du ministère de l’Éducation se sont rendus au sein du collège d’état concerné, hier, après qu’une vidéo dans laquelle on voit des élèves dudit établissement portant leur uniforme en train de fumer une pipe à eau, ou bong, a été mise en circulation sur les réseaux sociaux. Si certains affirment qu’il s’agit d’une vidéo qui date de l’an dernier, du côté des autorités, l’on précise qu’une enquête a été ouverte afin de faire la lumière sur cette affaire.
Il faut cependant rappeler que le problème de la drogue en milieu scolaire ne date pas d’hier. Le sujet a d’ailleurs été évoqué, comme l’a souligné un préposé du ministère de l’Éducation, à l’Assemblée nationale lors de la reprise des travaux parlementaires, ce mardi 4 mars. Le ministre de l’Éducation,
Mahend Gungapersad, répondant à une question du député de Mahébourg–Plaine-Magnien, Kevin Lukeeram, a en effet précisé que 72 cas de drogues ont été rapportés à son ministère entre la période allant de 2015 à 2024. Parmi ces cas, un seul concerne une école primaire alors que les autres ont été recensés dans les collèges à travers l’île. Mahend Gungapersad a fait ressortir que le combat contre la prolifération de drogues dans les établissements scolaires à Maurice a une place prioritaire dans l’agenda de son ministère. Il a rappelé que des discussions, pour trouver des stratégies efficaces visant à venir à bout de ce fléau ainsi que du problème d’indiscipline, ont déjà débuté lors d’un High Level Multi-Sectoral Meeting qu’il avait lui-même présidé en collaboration avec différents partenaires, le 30 janvier. Le ministre s’est également attardé sur les différentes mesures qui sont déjà en place et qui visent à lutter contre le problème.
Outre les campagnes de sensibilisation destinées aux élèves et membres du personnel des écoles et collèges, il est revenu sur les opérations crack down ciblées et qui sont entreprises par différentes unités de la police, comme l’Anti Drug and Smuggling Unit et la Brigade pour la protection de la famille, dans les établissements scolaires sur la base de renseignements reçus.
Le ministre de l’Éducation a aussi rappelé, entre autres mesures, que la loi sera durcie et amendée pour décourager les jeunes à s’engager dans des activités liées à la drogue et a une fois de plus sollicité l’aide de tout un chacun, en particulier celle des parents et des organisations non gouvernementales (ONG) engagées dans la prévention et le combat contre la drogue, des Student Councils, des préfets et membres des Parent Teacher Associations, pour aider les autorités concernées à venir à bout de ce fléau ravageur pour le bien-être des enfants et des jeunes du pays en général.
À noter que d’autres programmes existent pour tenter d’aider les écoliers et collégiens du pays face à ce problème de drogue qui s’en va grandissant au sein des établissements scolaires. En voici quelques-uns, cités par le nouveau ministre de l’Éducation à l’Assemblée nationale : les programmes Rebound et le Get Connected qui sont menés en collaboration avec l’United Nations Office of Drug and Crime et dont le but est d’apprendre aux jeunes comment il ne faut pas céder à la tentation de la consommation des drogues, et le National Education Counselling Service qui apporte lui son soutien aux élèves considérés comme étant vulnérables ou victimes ainsi qu’à leur famille.
«Bien pli pir ki sa»
Pour Danny Philippe, travailleur social et coordonnateur de l’ONG Développement, rassemblement, information et prévention (DRIP), que cette vidéo date de 2024 ou pas, elle ne fait que démontrer l’urgence d’une situation chaotique dans laquelle la jeunesse du pays s’enfonce de plus en plus. Le fait que ces adolescents aient pris le risque de trimbaler ce bong à l’école et de le fumer sur place en présence des plus petits reflète certes une réalité glaçante, mais il ne s’agit que d’une infime partie, soutient-il. Selon le coordonnateur de DRIP, cela fait encore plus peur, «bien pli pir ki sa», quand on compare les récits et témoignages de certains élèves, parents et enseignants sur ce qui se passe dans les écoles et ce que l’on voit sur ces vidéos.
Bien que le travailleur social dit saluer l’approche du nouveau ministre de l’Éducation et sa transparence sur de tels dossiers, «ça ne suffit pas». Il est grand temps, dit-il, que des actions concrètes et fortes soient prises par les plus hautes instances car cela fait des années que les ONG tirent la sonnette d’alarme sur le problème des drogues qui ont fait leur apparition dans les établissements scolaires à Maurice.
De plus, il urge le gouvernement à rencontrer dans le cadre d’une réunion consultative et cela, dans de plus brefs délais les responsables des ONG qui luttent, justement, contre la drogue et ses ravages dans la société. Dany Philippe explique que depuis le changement de régime, ils ne savent plus vers qui se tourner pour les directives ni pour évoquer les réalités du terrain alors que l’heure est grave. «National Drug Secretariat (NDS) nou abitie zwenn pou koz lor lasitiasion, ki pe avanse ou pa etc. Mem pa zwenn, nou ti ena enn kontak. Depi kat mwa nou nepli kone mem kot pou telefone mem si Sam Lauthan, Senior Adviser, bizin ena enn body ar ki nou deal nou ONG.»
En attendant le remplacement du NDS, Danny Philippe sollicite les autorités à se mettre en urgence à l’écoute des acteurs sur le terrain car les nombreux courriers qui ont été adressées à leur attention sont demeurés jusqu’ici sans réponse.
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