Sur le vaste parking de Cœur de Ville, à Flacq, ce n’est pas le vacarme des moteurs ni les caddies débordants qui attirent l’attention en ce samedi matin du 10 mai. C’est une scène rare, bouleversante : un homme pilotant sa moto, et calme, fier, assis comme un vrai passager, son chien Bouba fixe le monde qui l’entoure avec une tendresse désarmante.

Silencieux au premier abord, Soobiraj Anatha, un habitant de Roches-Noires de 45 ans, s’ouvre dès qu’on lui parle de son compagnon. On devine vite que cette relation va au-delà d’un simple lien entre un maître et son chien.

«Mo finn deklar li kot veteriner, li apel Hero lor so papie… me pou mwa li res Bouba. Mo fer li fer tou so bann test, mo pran li bien swin», dit-il avec fierté, une étincelle dans les yeux.

À chaque fin de semaine, sans exception, les deux prennent la route. Peu importe la distance ou la chaleur, l’important, c’est d’être ensemble. De Roches-Noires à Flacq, Bouba ne rate aucune virée. Il adore sentir le vent sur lui, observer les gens, et, surtout, partager ces instants avec celui qu’il considère comme sa famille.

«Li pa manz ninpor kwa. Bouba kontan manz bann manze vezetaryin. Li kontan get dimounn, li kalm, li pa fer tapaz.»

Cinq ans de complicité, de rires silencieux, de moments partagés, sans mots exprimés. Sur la route, entre les virages et les arrêts imprévus, c’est une belle leçon d’amour que Soobiraj Anatha et Bouba offrent au monde. Une fidélité, sans attente, sans condition.

Il n’y a ni laisse, ni cage. Juste une confiance absolue. Une liberté partagée. Et au milieu de la foule, ce duo unique nous rappelle que l’amour, le vrai, se vit dans les petites choses, une main sur une tête, un regard échangé, un simple trajet à moto, qui devient un voyage du cœur.