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Gestion des déchets d’équipements électriques et électroniques
Une responsabilité partagée entre consommateurs et recycleurs
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Gestion des déchets d’équipements électriques et électroniques
Une responsabilité partagée entre consommateurs et recycleurs

La demande de contribution pour le traitement des déchets DEEE s’explique par le fait que leur traitement adéquat entraîne des coûts opérationnels réels.
En 2022, 62 milliards de kg de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) ont été produits, soit 7,8 kg par habitant. Toutefois, seuls 22,3 % de ces déchets ont été collectés et recyclés de manière appropriée. Depuis 2010, la production de DEEE a augmenté de 2,3 milliards de kg par an, tandis que le recyclage officiel a progressé de seulement 0,5 milliard de kg par an, mettant en évidence un écart important entre la production de déchets et le recyclage. C’est ce que révèle le rapport mondial sur les déchets d’équipements électriques et électroniques 2024, de l’Union internationale des télécommunications et de l’United Nations Institute for Training and Research. À Maurice, selon les données de l’environnement de 2020, des 7 000 à 8 000 tonnes de déchets électroniques générées chaque année, on estime qu’une petite fraction de 2 à 5 % est démantelée et traitée, tandis que 0,4 % est mis en décharge.
Les nouvelles technologies transforment profondément nos modes de vie, de travail, d’apprentissage, et d’interaction sociale et professionnelle. Nombreux sont ceux qui possèdent plusieurs appareils électroniques, et l’interconnexion croissante a engendré une multiplication des objets et appareils connectés à internet. Il ne s’agit pas seulement d’ordinateurs et de téléphones, mais aussi de nombreux autres objets comme les appareils électroménagers, les vélos et trottinettes électriques, les dispositifs de santé, l’électronique intégrée dans les meubles, et de plus en plus de jouets et d’outils. Cela entraîne non seulement une augmentation du nombre d’appareils électroniques, mais aussi de leurs déchets.
Cependant, les taux de collecte et de recyclage de ces déchets à travers le monde peinent à suivre cette croissance. Lorsqu’un appareil électronique est jeté, il génère des DEEE qui contiennent des matériaux dangereux, souvent toxiques, pouvant causer des dommages considérables à l’écosystème et à la santé si ces déchets ne sont pas traités correctement.
Le rapport souligne que les déchets électroniques sont uniques en raison de leur diversité. Ils combinent de nombreux matériaux et types de produits, y compris des appareils de plus en plus miniaturisés, des objets électroniques intégrés dans des équipements traditionnels, des jouets et des produits connectés à internet. Ces objets sont souvent équipés de prises ou de batteries, ce qui augmente leur complexité lors du recyclage.
Souvent, on retrouve, dans les rues ou abandonnés dans des terrains vagues, ce type de déchets. Mais que faire de ces DEEE ? La solution réside dans leur dépôt, notamment chez BEM Recycling Ltd, entreprise familiale spécialisée dans la gestion de ces déchets située à La Chaumière, qui existe depuis déjà plus de 20 ans et est labellisée Made in Moris sur ses produits et services depuis 2022. Elle maîtrise le traitement des produits allant des plus petits, comme les téléphones portables, aux plus grands, tels que les réfrigérateurs, en passant par les micro-ondes et les machines à laver.
Thierry Malabar, chef de projet chez BEM Recycling Ltd.
L’importance du recyclage
«Les DEEE sont des déchets dangereux contenant souvent des substances ou composants nuisibles à l’environnement, tels que des piles et accumulateurs, des gaz à effet de serre, des cartouches d’encre, etc. Une mauvaise gestion ou manipulation de ces déchets présente des risques importants pour l’environnement, la sécurité sanitaire et l’équilibre de l’écosystème. Cependant, ils offrent aussi un fort potentiel de recyclage, notamment des métaux ferreux et non ferreux, du verre et des plastiques. Ainsi, la collecte et le traitement des DEEE permettent à la fois de limiter le gaspillage des ressources naturelles et d’éviter la dissémination de certains polluants», explique Thierry Malabar, chef de projet chez BEM Recycling Ltd.
Un processus rigoureux
Le recyclage des déchets DEEE est un processus complexe. «Un processus rigoureux doit être respecté à chaque étape. Il est crucial de bien séparer ces produits dès le départ. Les matériaux dangereux seront recyclés localement avec d’autres recycleurs enregistrés ou exportés vers des pays comme en Europe, où ils seront traités dans des conditions conformes aux normes environnementales.»
L’entreprise dispose d’équipements spécialisés. La première étape est la dépollution complète et efficace des déchets réalisée dans des conditions optimales, grâce à des investissements constants et au savoir-faire acquis au fil des années. La deuxième étape est le démantèlement, permettant de valoriser les produits en matières secondaires. Les plastiques sont triés d’un côté, le caoutchouc, le verre, et les métaux ferreux et non ferreux, de l’autre. L’objectif est de donner une réelle valeur ajoutée au produit. Sans une dépollution préalable rigoureuse, le démantèlement aboutirait à des matériaux contaminés. «L’enjeu est donc de produire des matières secondaires de qualité, saines et exploitables. Nous collaborons avec des manufacturiers, locaux ou étrangers, qui réutilisent ces matières, comme le plastique broyé, pour fabriquer de nouveaux produits. À partir d’une bonne gestion des déchets, nous offrons une seconde vie à ces objets, permettant ainsi de créer de nouveaux articles.» Enfin, en ce qui concerne les données personnelles stockées sur les appareils avant leur recyclage, il existe des cahiers des charges stricts à respecter, rassure Thierry Malabar.
Comment s’y prendre pour y recycler ses ordures ?
Le processus de gestion des déchets, comprenant plusieurs étapes, engendre des coûts. Conformément aux règles et législations en vigueur, ainsi qu’en raison du caractère dangereux des DEEE, chaque étape de traitement doit être respectée.
«En général, les gens attendent les campagnes de collecte pour recycler leurs DEEE. Toutefois, si un particulier ou une entreprise dispose de déchets à recycler, il suffit de nous contacter pour plus de renseignements et un devis personnalisé. Vous pouvez nous joindre au 218-1920 ou sur nos réseaux sociaux. Nous nous chargeons de la collecte et de la récupération, ou bien le produit peut être directement déposé à notre site à La Chaumière», indique Thierry Malabar. Une contribution est essentielle pour financer le traitement des produits à travers les étapes de dépollution, de démantèlement et de valorisation. Plus un produit est volumineux et contient des composants dangereux, plus le coût de traitement sera élevé. Cette écocontribution garantit que le recyclage est effectué dans les meilleures conditions possibles.
Thierry Malabar cite un exemple d’Europe : lorsqu’un consommateur achète une télévision, un supplément est ajouté au prix de l’achat. Cette contribution permet au vendeur de reprendre l’appareil usagé, car le consommateur a déjà contribué à la gestion correcte de ses déchets en amont. «À Maurice, si une télévision coûte Rs 20 000 et que la contribution s’élève à Rs 500, beaucoup considèrent que cette somme, bien que modeste par rapport au prix du produit, ne constitue pas un obstacle. Cependant, si le recycleur demande directement Rs 500 pour traiter l'appareil en fin de vie, l'attitude des consommateurs change souvent. Ils sont moins enclins à accepter cette contribution car ils ne l’ont pas anticipée. Le principe de la Responsabilité élargie du producteur (REP), qui fonctionne bien en Europe, pourrait être appliqué à Maurice. L’idée est de collecter la contribution au moment de l’achat pour garantir un financement en amont de la gestion des déchets.»
Bien que cette contribution puisse représenter un obstacle, de plus en plus de particuliers et d’entreprises, conscients des enjeux environnementaux, comprennent la nécessité d’une meilleure gestion de leurs déchets et contactent BEM Recycling Ltd. «La collecte reste encore aléatoire. Mais en 2017, un nombre limité de particuliers ont fait appel à nos services, tandis qu’en 2024, ce chiffre a considérablement augmenté, avec plus de 100 ménages nous contactant. Cette tendance montre que les Mauriciens prennent de plus en plus conscience des enjeux environnementaux.» Pour renforcer cette tendance, la sensibilisation joue un rôle clé : accompagner les particuliers et les entreprises, leur expliquer les raisons de ce frais de recyclage, la raison pour laquelle il s’agit d’un déchet dangereux, ce qu’on peut en faire et comment établir des collaborations communes.
Le marché parallèle reste un problème majeur. Certains marsan feray récupèrent gratuitement les DEEE, se contentant des éléments comme les moteurs, le cuivre et l'aluminium. Le reste, comme les réfrigérateurs, est souvent abandonné dans des champs de canne. Parfois, certaines personnes vont jusqu’à brûler la mousse isolante pour extraire les câbles à l’intérieur.
Pour sa part, BEM Recycling Ltd vise à élargir son impact, à renforcer ses initiatives et à inspirer davantage de citoyens à agir en faveur de la transition écologique.
S’organiser: Liste des deee qui peuvent être recyclés et valorisés par BEM Recycling Ltd :
• Gros appareils ménagers froid et hors froid (GEM) : réfrigérateur, lave-linge, cuisinière…
• Petits appareils ménagers (PAM) : Aspirateur, grille-pain, réveil…
• Équipements informatiques et de télécommunications : ordinateur individuel, téléphone, tablette…
• Matériel grand public : poste de radio, magnétoscope, instrument de musique…
• Outils électriques et électroniques : machine à coudre, scie, tronçonneuse…
• Jouets, équipements de loisir et de sports : console de jeux, équipement de sports…
• Dispositifs médicaux (à l’exception de tous les produits implantés et infectés) : analyseur, matériel de radiothérapie…
• Instruments de surveillance et de contrôle : détecteur de fumée, thermostat…
• Distributeurs automatiques : distributeur automatique d’argent, de boissons chaudes…
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