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Bambous

Une région oubliée depuis 2010 entrevoit une lueur d’espoir

22 juillet 2025, 06:00

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Une région oubliée depuis 2010 entrevoit une lueur d’espoir

Ils vivent au bout d’un chemin cabossé, à l’abri des regards, dans une poche de précarité qui semble figée dans le temps. À Bambous, sur la droite d’une route secondaire, se trouve une petite communauté oubliée depuis 2010. Un lieu sans nom officiel, sans asphalte, sans électricité ni eau courante. Et pourtant, 17 familles y tiennent bon depuis plus d’une décennie, avec courage et résilience. Hier, un souffle d’espoir a traversé cette région longtemps négligée. Le ministre de l’Énergie, Patrick Assirvaden, s’est rendu sur place, bouleversé par une photo : celle d’une jeune fille étudiant à la lueur d’une bougie. Une image transmise par Deela Beeharry, la mère de l’élève concernée. Ce combat pour avoir les nécessités, ils le mènent depuis belle lurette, notamment le jeune activiste Keshav Purmessur qui avait fait des vidéos de ces maisons perdues dans le noir pour dénoncer.

L’arrivée dans cette zone est un parcours du combattant. Le chemin est non asphalté, constellé de roches et de branches mortes, témoins d’une coupe récente. Ce n’est que le 26 mai de cette année qu’une opération de nettoyage avait été menée à l’avenue des Limites grâce à l’intervention de Keshav Purmessur, qui a mobilisé des excavateurs en collaboration avec United Basalt Products Ltd. Cette initiative faisait suite à l’information transmise à Diela Armand Beeharry concernant l’installation imminente de deux citernes d’eau de 2 500 litres chacune dans la localité. Cette action visait à faciliter l’accès et à préparer le terrain pour la mise en place des infrastructures hydrauliques. Aucun panneau, aucun éclairage. Ce coin reculé semble hors du temps, oublié des autorités. Depuis leur installation en 2010, les familles n’ont jamais bénéficié des infrastructures de base. «Pendant des années, un voisin nous a aidés avec son électricité, mais quand sa facture a explosé, il a dû arrêter… On n’avait plus rien», raconte Paul, un habitant qui a frôlé la mort pour avoir fait un malaise cardiaque. «Le chemin est tellement impraticable qu’aucune ambulance ne pouvait venir. Ce jour-là, j’ai cru que ma fin était arrivée.»

La visite du ministre Assirvaden a été un moment fort pour les habitants. Sur place, il a pu voir les réalités du terrain, écouter les récits douloureux et constater l’injustice flagrante. «C’est inadmissible. Ces familles méritent les mêmes droits que tous les autres citoyens. Je m’engage personnellement à changer cette situation», a-t-il déclaré. Il a annoncé que les démarches seront enclenchées d’abord pour le raccordement à l’électricité et la distribution d’eau potable. Pour la première fois depuis 15 ans, les familles osent espérer.

Les habitants ont exprimé leur désir de donner un nom à leur futur chemin. Un nom qui raconte leur histoire, leur combat, et leur dignité retrouvée : rue Lagar, en hommage au terrain sur lequel leur vie a commencé dans l’ombre et qui pourrait enfin s’épanouir dans la lumière. Cette visite officielle marque peut-être la fin d’un long silence. La communauté de Bambous, qui n’avait jusqu’ici que des bougies et des seaux, entrevoit enfin une route, une lumière et un avenir. Dans ce coin de l’île, on ne demande pas le luxe. Seulement ce que tout citoyen devrait avoir : un toit digne, une lumière au plafond, de l’eau au robinet – et un chemin à soi.

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