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Tourisme
Une réforme ou le déclin
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Tourisme
Une réforme ou le déclin

Pour relancer durablement le secteur touristique mauricien, une transformation profonde s’impose. Objectif : 2 millions de visiteurs et 4 milliards de dollars de recettes à l’horizon 2030.
Le tourisme mauricien, longtemps moteur de notre économie, peine à retrouver son rythme d’avant la pandémie. Alors que des destinations voisines comme les Maldives ou le Sri Lanka affichent une croissance soutenue, Maurice reste à la traîne. Il est temps de passer à une stratégie ambitieuse, structurée et portée par une vision à long terme.
Comparaison des performances d’avril 2025 par rapport à avril 2024 :
Après un premier trimestre 2025 morose, les chiffres d’avril ont apporté un souffle d’optimisme. L’île Maurice a enregistré une hausse de 14,1 % des arrivées touristiques par rapport à avril 2024. Un chiffre encourageant, mais encore insuffisant pour compenser le retard accumulé.
Les Maldives, avec une progression de 17,8 %, et le Sri Lanka, avec 17,3 %, ont clairement pris l’avantage. Les performances de Maurice restent modestes en comparaison, malgré les 121 000 touristes accueillis en avril. Sur les quatre premiers mois de l’année, l’île n’a pas encore atteint les niveaux requis pour soutenir une croissance économique forte.
En 2024, Maurice avait accueilli 1 382 177 touristes, soit une augmentation de 6,7 % par rapport à 2023. Si cette progression confirme une reprise, elle reste toutefois en deçà du chiffre de 2019, qui s’élevait à 1 383 488 visiteurs, et des prévisions formulées pour 2024.
Une vision audacieuse pour 2030
Inayat Ramjean, expert en tourisme, hôtellerie et aviation, appelle à une refonte stratégique complète du secteur, fondée sur cinq piliers majeurs. Il insiste sur la nécessité d’instaurer une politique d’Open Sky contrôlée, de réformer Air Mauritius, de moderniser les infrastructures touristiques, d’actualiser l’offre touristique, et de se fixer des objectifs clairs : atteindre 2 millions de touristes et générer 4 milliards de dollars de revenus d’ici 2030.
Selon lui, Maurice ne tire pas pleinement profit de son potentiel. Il affirme que «nous allons à contre-courant de la croissance qui correspond au potentiel de notre économie. Chaque jour d’inaction représente une perte énorme pour notre pays».
L’Open Sky, levier stratégique
L’ouverture partielle du ciel aérien est au cœur de cette proposition. Elle permettrait d’améliorer la connectivité avec les grands marchés émetteurs, de réduire le coût des billets, d’accroître le nombre de touristes, de dynamiser le fret, de créer des emplois et d’encourager l’innovation dans le secteur aérien. Il s’agit d’un levier à la fois économique et stratégique : «C’est une politique de croissance, mais aussi de souveraineté économique.»
Moderniser l’ensemble de l’écosystème touristique
Pour soutenir cette ouverture, il est impératif de moderniser l’ensemble de l’écosystème touristique. Cela inclut la rénovation de l’aéroport SSR, l’amélioration de l’état des routes et de la signalisation, la sécurité des visiteurs, l’animation nocturne et le développement d’un marketing digital plus ciblé.
Est préconisée également une diversification de l’offre d’hébergement, intégrant davantage d’hôtels indépendants, d’appartements meublés et de villas, avec des standards internationaux élevés. Il insiste sur la nécessité d’«une expérience touristique fluide, moderne et compétitive».
Le modèle du secteur privé comme référence
L’expert invite le secteur public à s’inspirer du dynamisme des groupes hôteliers mauriciens, qui, selon lui, investissent, innovent, forment leurs équipes et s’adaptent aux nouvelles exigences du marché. Il appelle les institutions touristiques à sortir d’une logique politisée et à adopter des standards professionnels pour mieux répondre aux défis actuels.
Air Mauritius : une réforme incontournable
En ce qui concerne la compagnie nationale, Inayat Ramjean plaide pour une réforme profonde. Une privatisation partielle ou totale pourrai lui permettre de retrouver sa compétitivité. Cette transformation devrait s’appuyer sur un pilotage stratégique indépendant, la conclusion d’alliances internationales solides et un plan d’action structuré. Il avertit cependant : «Libéraliser sans se préparer serait suicidaire. Il faut une stratégie claire.»
Une ambition assumée : 2 millions de visiteurs et 4 milliards de dollars
La «Mauritius Vision 2030» qu’il propose repose sur des chiffres concrets. Atteindre 2 millions de visiteurs et générer 4 milliards de dollars de recettes touristiques annuelles avant la fin de la décennie est, selon lui, non seulement possible, mais nécessaire. Il souligne que les Maldives, avec une population bien inférieure à celle de Maurice, ont déjà franchi la barre des 2 millions de visiteurs et visent désormais 5 milliards de dollars. Maurice, qui dispose d’une offre touristique plus variée, d’une meilleure accessibilité, d’un riche patrimoine naturel et culturel, devrait viser plus haut. «Le tourisme est notre pétrole bleu. Il faut le gérer comme une industrie de croissance.»
Le statu quo ou l’audace
En conclusion, le choix est clair : rester dans l’inaction ou embrasser une réforme ambitieuse. «Maurice a tout pour réussir : une destination de rêve, une marque forte, une histoire unique. Mais il nous manque une vision claire.»
Il continue de partager ses propositions sur les plateformes publiques, avec l’objectif de mobiliser tous les acteurs du secteur autour d’un projet commun. Le statu quo est une impasse. L’avenir du tourisme mauricien repose sur le courage politique, la clarté stratégique et l’audace économique.
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