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Collaboration avec l’Australie
Un projet pour restaurer la population des concombres de mer et promouvoir l’aquaculture durable
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Collaboration avec l’Australie
Un projet pour restaurer la population des concombres de mer et promouvoir l’aquaculture durable

■ Un concombre de mer dans son habitat naturel à Maurice. Ces organismes filtreurs, essentiels à l’équilibre des écosystèmes marins, subissent un déclin sévère. © Photo : Droits Réservés
Le concombre de mer, communément appelé «bambara», joue un rôle essentiel dans l’écosystème marin. En tant qu’organisme filtreur, il se nourrit des excréments et des carcasses de poissons ainsi que de la matière organique présente dans les fonds marins. Il contribue ainsi au recyclage des nutriments et à leur réintégration dans le cycle écologique, favorisant la santé des écosystèmes marins. Sa présence est donc cruciale pour l’équilibre des lagons et la préservation de la biodiversité, comme l’explique Nadeem Nazurally, Associate Professor en sciences océaniques et aquaculture à l’Université de Maurice.
Un déclin préoccupant
Cependant, la population de concombres de mer connaît un déclin sévère, selon les données officielles. Cette disparition progressive inquiète les écologistes, les pêcheurs et les scientifiques, qui redoutent des conséquences à long terme. Plongeur régulier, Nadeem Nazurally confirme ce constat. Toutefois, il souligne qu’il est possible d’en observer dans certaines zones protégées, parfois de très grande taille. «Par exemple, dans la coral nursery que nous entretenons à Pointe-aux-Feuilles, nous pouvons en voir cinq à six sur une surface de 10 m².»
Selon lui, plusieurs facteurs expliquent ce déclin. «La principale cause est la surpêche, exacerbée par la pêche illégale destinée à approvisionner certains restaurants. De plus, la dégradation de l’environnement marin impacte directement ces organismes filtreurs. La pollution, l’augmentation de la charge organique dans l’eau et l’accumulation de sédiments, notamment après de fortes pluies, compromettent leur survie.»
Face à cette situation, le ministère de la Pêche avait imposé en 2010 une interdiction de collecte des concombres de mer, initialement pour deux ans, puis prolongée jusqu’en 2016. En décembre 2023, un moratoire a été instauré pour une période supplémentaire de six ans, du 1er janvier 2024 au 31 décembre 2029, afin de permettre la reproduction et la croissance des juvéniles jusqu’à la maturité sexuelle. Désormais, seuls les navires de pêche semi-industrielle sont autorisés à pêcher des concombres de mer dans les bancs de pêche, tandis que sur l’île Maurice, la récolte est restreinte aux zones situées au-delà de 15 milles nautiques, contre 12 milles auparavant.
Fabrice David, junior minister de l’Agro-industrie, de la sécurité alimentaire, de l’économie bleue et de la pêche, précise que cette interdiction restera en vigueur jusqu’à fin 2029, en raison des années de surexploitation ayant conduit à la quasi-disparition des concombres de mer des eaux locales.
Recherche, formation et écloserie
Pour protéger ces ressources marines et assurer la durabilité de l’écosystème marin mauricien, le gouvernement a lancé un projet d’élevage de concombres de mer en collaboration avec l’Université de Sunshine Coast, en Australie. Un protocole d’accord a été signé en 2022 pour la recherche et la formation, avec un démarrage des activités de l’écloserie prévu cette année. Le gouvernement australien a alloué Rs 12,1 millions pour financer ce projet de production de semences de concombres de mer d’août 2024 à juillet 2026.
Le 21 février, une visite a eu lieu au Albion Fisheries Research Centre afin d’évaluer l’avancement du projet. Son objectif est de recréer des conditions naturelles en milieu contrôlé pour repeupler le lagon mauricien. «Le projet se concentre sur l’élevage des concombres de mer en laboratoire avant leur réintroduction dans leur habitat naturel», explique Fabrice David, qui estime que cette initiative contribuera non seulement à restaurer la population de concombres de mer et à rétablir l’équilibre écologique, mais aussi à favoriser l’aquaculture durable à Maurice.
Katie Lalor, haute-commissaire adjointe australienne, souligne que le soutien de l’Australie à cette initiative témoigne de son engagement pour la restauration de l’environnement et le développement économique de la région.
Une exploitation contrôlée
Le concombre de mer est un produit très prisé, notamment en Asie. Cependant, toutes les espèces ne sont pas consommables. L’Holothuria scabra est la plus recherchée, mais aussi l’une des plus rares. Pour Nadeem Nazurally, l’aquaculture apparaît comme la meilleure solution pour répondre à la demande tout en préservant cette espèce et l’écosystème marin.
Par ailleurs, un communiqué publié le 31 janvier par la Mauritius/Seychelles Joint Commission of Extended Continental Shelf (Joint Commission) invite les opérateurs qualifiés et enregistrés à soumettre des propositions pour l’exploitation durable des concombres de mer dans la Joint Management Area (JMA) pour une période initiale d’un an. La commission conjointe a établi un cadre réglementaire strict que tous les opérateurs sélectionnés devront respecter. Depuis 2011, Maurice et les Seychelles gèrent conjointement les ressources de la JMA, y compris le concombre de mer. L’initiative actuelle vise à évaluer la distribution et les stocks dans cette zone, tout en encourageant la collaboration entre opérateurs des deux pays, notamment par le biais de coentreprises ou d’accords d’affrètement avec des partenaires seychellois et l’utilisation des installations de débarquement locales.
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