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Accord Maurice – Grande-Bretagne
Un nouveau chapitre s’ouvre pour les Chagossiens
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Accord Maurice – Grande-Bretagne
Un nouveau chapitre s’ouvre pour les Chagossiens

Olivier Bancoult, président du GRC. © Beekash Roopun
Dans une atmosphère chargée d’émotion, le Groupe Réfugiés Chagos (GRC) a tenu une conférence de presse hier à Pointe-aux-Sables pour saluer la signature de l’accord entérinant la reconnaissance, par le Royaume-Uni, de la souveraineté mauricienne sur l’archipel des Chagos. Ce traité, présenté comme une victoire morale et politique, est le fruit d’un long combat mené avec courage et résilience par des générations de Chagossiens.
«Rien ne réparera ce que nous avons subi, mais notre combat continue – pour la dignité, pour la justice, et pour chaque Chagossien», déclare Olivier Bancoult (photo), président du GRC. Il a ouvert la conférence de presse en rappelant que, bien que cet accord marque une étape importante, il ne doit pas être vu comme une fin en soi. Pour lui, le retour sur les îles n’est pas seulement un droit, c’est une urgence morale : «Ce retour marque la fin de l’occupation coloniale. Mais il ne doit pas être l’ouverture d’un nouveau silence.»
Un jour historique, mais empreint de douleur
Si ce moment historique met fin à une injustice coloniale de plus de 50 ans, il reste, pour les Chagossiens, le rappel d’un drame humain profondément ancré dans les chairs et les mémoires.«Ce jour n’est pas une célébration. C’est un deuil ouvert.» Des générations entières ont été arrachées à leur terre natale pour des raisons géopolitiques, victimes de ce que le GRC qualifie sans détour de crime contre l’humanité.
L’accord signé n’est pas issu d’un simple dialogue diplomatique, mais bien d’un mandat populaire. En octobre dernier, plus de 300 Chagossiens, dont 190 natifs, avaient affirmé leur volonté de retourner sous souveraineté mauricienne, à condition que leurs droits soient garantis. Cette position a été renforcée par une Assemblée Générale en avril 2025, rassemblant plus de 500 membres.
Un recours judiciaire au Royaume-Uni, introduit par deux personnes d’origine chagossienne opposées à ce retour, a tenté de freiner le processus. Le GRC, tout en exprimant sa solidarité envers ces voix dissidentes, rappelle que celles-ci restent minoritaires. À ce titre, Olivier Bancoult a appelé à l’unité : «J’invite ceux qui s’étaient opposés à notre combat à revoir leur position. L’avenir des Chagos doit se construire ensemble.»
Pour les natifs chagossiens, dont certains approchent les 100 ans, le retour doit se faire maintenant. Le droit de visiter ou de retourner vivre sur leur île natale est une urgence humaine. Le GRC insiste également sur un plan clair de réparations pour les exilés et leurs descendants, une gouvernance participative de l’archipel, sur le modèle de Rodrigues, l’inclusion des natifs dans toute décision future concernant les Chagos et l’accès à Diego Garcia, aujourd’hui toujours interdit aux natifs, bien que des travailleurs étrangers y vivent. «Nous ne pouvons accepter qu’un natif chagossien soit encore exclu de Diego Garcia pendant que d’autres y mènent leur vie.»
Le GRC a tenu à remercier les autorités mauriciennes, mais aussi toutes les âmes militantes, anonymes, disparues, qui ont porté cette cause dans les moments les plus sombres. Le retour des Chagos est le début d’un nouveau chapitre, comme le souligne Olivier Bancoult : «Il faut maintenant écrire l’histoire de la réparation, de la dignité retrouvée, et de la mémoire partagée.»
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