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Condamné pour torture mortelle à Strasbourg
Un Franco-Mauricien met fin à 11 ans de cavale
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Condamné pour torture mortelle à Strasbourg
Un Franco-Mauricien met fin à 11 ans de cavale

■ La maison d’arrêt où il est actuellement en détention à Strasbourg. Photo: Achille Herry, Lalsace.fr
Joelan Mootoosamy, homme d’origine mauricienne âgé de 44 ans et détenteur de la nationalité française, a mis un terme à plus d’une décennie de cavale en se présentant volontairement au commissariat central de Strasbourg, en France. Condamné à 30 ans de réclusion criminelle par la Cour d’assises du Bas-Rhin pour torture ou acte de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner et pour séquestration arbitraire suivie de mort, il avait été jugé par contumace en juin 2024. Son absence au procès était due à une fuite entamée dès 2014 à la suite des faits pour lesquels il a été reconnu coupable.
L’affaire remonte au 30 mars 2014. Ce jour-là, un homme de 31 ans, Luther Oligbo, est découvert inconscient devant les urgences du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Strasbourg. Son corps présente de multiples lésions, des blessures compatibles avec des violences prolongées. Il décède deux heures plus tard malgré les soins prodigués. L’enquête ouverte immédiatement permet de remonter jusqu’à Joelan Mootoosamy. Les enregistrements de vidéosurveillance montrent un homme déplaçant la victime jusqu’à l’entrée du CHU, avant de repartir sans appeler à l’aide ni prévenir quiconque.
Les autorités judiciaires françaises identifient rapidement Joelan Mootoosamy comme principal suspect, mais celui-ci disparaît quelques jours après les faits. Une cavale de plus de 11 ans s’engage. Jugé en son absence en 2024, il est reconnu coupable des charges retenues contre lui et condamné à 30 ans de prison ferme. À aucun moment, il ne se manifeste pour se défendre au cours de la procédure et devient alors un fugitif officiellement recherché.
Le mercredi 23 juillet dernier, à la surprise générale, il se présente de lui-même au commissariat de Strasbourg. Les autorités françaises confirment qu’il a été immédiatement placé en détention provisoire à la maison d’arrêt de l’Elsau à Strasbourg, où il reste en attendant l’issue judiciaire. En vertu du code de procédure pénale français, une personne condamnée par défaut bénéficie, si elle se constitue prisonnière, d’un délai de 30 jours pour demander à être rejugée. Il s’agit d’une garantie fondamentale du droit à un procès équitable. Joelan Mootoosamy a ainsi jusqu’au 23 août pour faire connaître sa décision.
Les dernières nouvelles d’Alsace rapportent que le prévenu aurait quitté la France pour l’étranger peu après les faits. Parmi les destinations évoquées, Maurice est citée dans les éléments de l’enquête. Si cette information est confirmée, elle soulèverait, une fois de plus, la question sensible de la coopération judiciaire entre Paris et Port-Louis. En effet, plusieurs affaires de fugitifs ayant transité ou résidé à Maurice n’ont jamais donné lieu à des extraditions effectives, selon des hommes de lois locaux. La situation est d’autant plus complexe, disent-ils, dans les cas où les individus concernés détiennent la nationalité française, comme c’est le cas pour Joelan Mootoosamy.
Pendant 11 ans, les autorités françaises ne sont pas parvenues à localiser ni rapatrier l’accusé. Aucune procédure d’extradition n’a abouti et c’est finalement de sa propre initiative qu’il a choisi de se livrer. Les raisons de cette reddition restent pour l’heure inconnues. Aucun communiqué officiel n’a été émis par sa défense.
Pour la justice française, cette situation ouvre un nouveau chapitre judiciaire. Si l’accusé décide de contester sa condamnation, une nouvelle cour d’assises devra être convoquée, cette fois, en sa présence. Le procès pourrait alors se dérouler dans des conditions normales, avec la possibilité pour l’accusé de se défendre et pour les parties civiles de se faire entendre. S’il choisit en revanche de ne pas contester, la peine initiale sera réputée définitive et immédiatement exécutoire.
Ce dossier met en lumière, une fois encore, les limites des dispositifs d’entraide pénale internationale et les difficultés liées à la recherche de suspects hors du territoire européen. Il interroge également sur les mécanismes de suivi de citoyens binationaux ou naturalisés, impliqués dans des affaires criminelles graves.
À ce stade, Joelan Mootoosamy reste incarcéré à Strasbourg. Son avenir judiciaire dépendra des démarches qu’il engagera – ou non – avant l’échéance du 23 août. Mais selon les médias, son avocat aurait affirmé qu’il y aura bel et bien un nouveau procès. Affaire à suivre donc…
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