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Océan Indien
Un appel pressant à l’action collective face à l’urgence climatique
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Océan Indien
Un appel pressant à l’action collective face à l’urgence climatique

■ Les intervenants, participants et organisateurs ont tous plaidé pour que l’on s’entoure, co-innove, documente les échecs afin réussir collectivement.
Dans une île confrontée à des aléas climatiques de plus en plus fréquents, la conférence «Sustainability & Climate Change – An Urgent Call for Collaborative Action», tenue les 29 et 30 avril à l’hôtel Ravenala Attitude à Balaclava, a sonné l’alarme : les engagements institutionnels doivent désormais laisser place à des coalitions d’action. Porté par Spaanda, cabinet spécialisé en durabilité, et soutenu par le UN Global Compact Network pour la région océan Indien, l’événement a rassemblé pendant deux jours plus de 60 participants issus des secteurs public, privé, universitaire et diplomatique.
Un sursaut attendu d’un «Big Ocean State»
«Le climat n’est plus une abstraction. Il faut changer de rythme, de méthode, de langage», a déclaré Manjula Basant Rai, directrice de Spaanda, en ouverture - voir hors-texte. Elle a souligné que Maurice, petit État insulaire mais grande nation maritime, pouvait se positionner comme un leader de la transition verte en Afrique. L’île doit, selon elle, embrasser les transformations de la finance verte, de la réglementation ESG (environnement, social, gouvernance) et des nouveaux mécanismes de résilience.
Le ministre de l’Agro-industrie, Dr Arvin Boolell, a appuyé cette ambition en appelant à une meilleure valorisation de l’économie bleue : «La Saya de Malha Bank est un puits de carbone inexploré. Nous devons l’intégrer dans nos modèles économiques.» Il a aussi mis en garde contre l’acidification des océans et le déclin de la biodiversité marine, appelant à des décisions «systémiques et inclusives».
Sur le terrain, les ambitions se heurtent à une réalité budgétaire rigide. Rosalind Gater, de la Haute Commission britannique, a rappelé que les contributions déterminées au niveau national (NDC) de Maurice nécessitent un financement global estimé à 6,5 milliards de roupies mauriciennes – dont 65 % doivent provenir de partenaires internationaux. Depuis 2018, environ 180 millions USD ont été obtenus, mais l’écart reste important. Pour accélérer les flux de capitaux verts, des pistes comme le financement mixte (blended finance), les plateformes de coordination, et le développement d’un guichet unique pour les projets climatiques ont été discutées.
Le panel consacré à la transition énergétique a révélé les retards structurels de l’île. Le solaire ne représente encore que 5 % du mix énergétique, alors que l’objectif fixé est de 60 % d’ici 2030. Si les financements sont disponibles, le foncier reste une contrainte majeure, en raison des conflits d’usage. «Ce n’est pas l’argent qui manque, c’est le rendement qui convainc», a résumé Khalil Elahee, président de la MARENA.
Les experts ont appelé à optimiser l’usage des toitures, à généraliser l’assurance des équipements face aux cyclones, et à rendre le modèle photovoltaïque économiquement viable pour les ménages les plus modestes.
Lors du panel sur la durabilité numérique, le ministre Avinash Ramtohul a admis que Maurice «a perdu dix ans» dans le développement de véritables centres de données. La digitalisation doit désormais intégrer les enjeux environnementaux : recyclage d’edéchets, sensibilisation dans les écoles, formations à la réparation d’appareils pour la jeunesse.
Des initiatives comme celles de ReUSE Revamp et d’Emtel, qui ont permis la récupération de 32 tonnes d’e-déchets en 2024, montrent qu’une dynamique citoyenne est en marche. Mais elle reste insuffisante sans impulsion politique forte et coordination nationale.
Au cœur de la conférence, les enseignements délivrés par les intervenantes internationales Helen Slinger (Accounting for Sustainability, Royaume-Uni) et Anna Turrell (ex-Decathlon) ont mis l’accent sur la nécessaire convergence entre finance, gouvernance et climat. «La durabilité n’est pas une option morale, mais un impératif stratégique», a martelé Slinger, appelant les entreprises à intégrer les outils comme les normes IFRS S1/S2 et la directive européenne CSRD.
Turrell a, de son côté, insisté sur la complexité croissante du paysage : pression générationnelle (Gen Z), multiplication des régulations extraterritoriales, arbitrages constants entre performance économique et soutenabilité. «Il faut cesser de tout faire seuls. S’entourer, co-innover, documenter les échecs et réussir petit à petit», a-t-elle plaidé.
Si les initiatives existent, leur coordination demeure embryonnaire. Les intervenants ont unanimement souligné l’importance de sortir de la logique des silos : entreprises, administrations, ONG, citoyens doivent construire ensemble une architecture de résilience. Le climat, ont-ils rappelé, est un facteur transversal, qui n’épargne aucun secteur.
Mais à l’heure où même une conférence sur le climat doit être écourtée à cause d’une alerte aux pluies torrentielles, l’urgence devient tangible. «Le futur n’est pas ce qui nous arrive, mais ce que nous choisissons de construire», a conclu Helen Slinger. Reste désormais à transformer les intentions affichées en politiques concrètes, financées et suivies.
«La durabilité n’est plus une option – c’est une exigence»
Dans son allocution inaugurale à la conférence «Sustainability & Climate Change – An Urgent Call for Collaborative Action», Manjula Basant Rai, directrice de Spaanda, a lancé un message clair : «Le monde fait face à des risques sans précédent. L’échec de l’action climatique est identifié comme le risque majeur de la prochaine décennie par le Global Risks Report 2025 du Forum économique mondial.» Pour elle, l’heure n’est plus à la déclaration, mais à la transformation concrète : «L’urgence d’agir n’a jamais été aussi forte. Les promesses doivent se traduire en changements mesurables.»
Elle a insisté sur le caractère irréversible du tournant pris par l’économie mondiale. «Être durable n’est plus une option pour les entreprises. C’est désormais un impératif stratégique.» Citant des études sur les comportements d’achat des jeunes générations, elle a rappelé : «Les générations Z et Millennial sont prêtes à payer 10 % de plus pour des produits éthiques et responsables.»
L’impact croissant
Mme Basant Rai a également souligné l’impact croissant des critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance) dans les décisions des investisseurs : «Les agences de notation comme Moody’s, S&P Global et Fitch intègrent de plus en plus la performance ESG dans leurs évaluations. Des notations ESG plus élevées améliorent l’accès au capital, réduisent les coûts d’emprunt, et augmentent la résilience financière.»
Évoquant les nouvelles exigences réglementaires, elle a averti : «Le Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) de l’Union européenne va progressivement s’imposer aux entreprises mauriciennes intégrées dans des chaînes de valeur européennes. Ce n’est qu’une question de temps.»
Face à cette pression mondiale, elle a appelé à un sursaut national : «Maurice doit saisir cette fenêtre d’opportunité pour asseoir sa position de leader africain en matière de durabilité. En tant que nation insulaire, nous sommes en première ligne face aux risques climatiques.»
Pour elle, l’île peut jouer un rôle stratégique dans les marchés de carbone africains : «L’Afrique offre un potentiel immense pour attirer des investissements qui réduisent les émissions tout en générant du développement socio-économique. Maurice doit devenir un pôle de la finance verte.»
Elle a rappelé que Maurice participe déjà à des initiatives structurantes comme la Taskforce on Access to Climate Finance, aux côtés de six autres pays pionniers. Mais elle a également dénoncé les freins persistants : «Ce forum ne doit pas être qu’une plateforme de bonnes intentions. Il doit combler les lacunes entre les discours et la mise en œuvre.»
Elle a conclu en appelant à un partenariat renforcé entre l’État, les régulateurs et le secteur privé : «Des alliances stratégiques peuvent débloquer des financements internationaux, sécuriser les investissements privés et accélérer l’innovation dans l’énergie propre, les transports durables et les infrastructures résilientes.»
Indian Ocean (dis)connections
The benefits of an integrated Indian Ocean are clear and multifaceted: increased trade, better maritime security, more effective responses to climate change, just to name a few. And yet, as Mauritian citizens, how many of us could correctly plot the various islands of the Indian Ocean on a map? How much do we know of their cultures and histories? To frame the question constructively: What would it take to truly begin thinking of the Indian Ocean as an integrated region with shared challenges and objectives, rather than a constellation of isolated islands pledging allegiance to different global powers and competing for the same tourists?
These questions are both long-standing and urgent. One only has to cast a look at the headlines of the past two weeks. As the Mauritian Prime Minister highlighted during the fifth summit of the Indian Ocean Commission held in Madagascar on April 24, Indian Ocean cooperation is crucial, be it regarding food safety or maritime security in the region. A few days later, other headlines delved into the disastrous and widespread phenomenon of coral bleaching, be it in Mauritius or Mayotte. In fields as varied as trade and ecology, then, it is high time to be actively thinking through the Indian Ocean region as an interconnected archipelago, rather than a collection of small and isolated islands.
And yet, for most of us living in the region, our neighbouring islands remain difficultly accessible, both physically and conceptually. Our closest neighbour is Reunion island: however, it is not uncommon for Mauritian citizens to be more strictly inspected when arriving in this French department, than when landing in Paris. And were one to try booking a flight from Mauritius to Comoros, the most straightforward (and often only) option would be to transit through the African mainland, more specifically Kenya.
Education and culture
How, then, do we move forward?
In addition to the perhaps obvious responses of having more direct aviation, trade and environmental conservation links, I suspect that two additional components of long-term «Indian Ocean thinking» are education and culture. We need to complement logistical and economic concerns with deeper conversations. After all, how much does the average Mauritian student today know of Malagasy, Seychellois, Reunionese, Mahoran or Comoran histories and cultures – even as these islands are always interwoven in the fabric of everyday experience? For example, as a child, one of my uncles worked in the textile industry in Madagascar, and his family was settled in Antananarivo for many years. My very first «international» trip was to see them there. And yet, it is only two decades later, when I was studying Indian Ocean literatures halfway around the world, that I finally learnt about Madagascar’s rice fields and traditions of fady, its awe-inspiring queens and long struggle for independence, its sacred ritual of Famadihana.
There are low-barrier ways of interweaving these elements into Mauritian education (for God knows the school curriculum needs no further burdening!). The fervour of the Jeux des Iles de l’océan Indien, for example, is often a high point for the hosting country, as was the case in Mauritius in 2019. I sense here a golden opportunity for deeper engagement. I wonder about the potential, for example, of combining the period around the Jeux des Iles de l’océan Indien with cultural and educational activities that allow the host country’s students, athletes and members of the public to engage with the region beyond the sports fields.
Indian Ocean (dis)connections are also linked to two other pressing contemporary challenges: the attractiveness of Mauritian higher education, and the perennial issue of the brain drain. Mauritius is currently seeking to make higher education on the island more appealing to foreign students. At the same time, it is also struggling to tackle the brain drain of local talent to foreign shores where career opportunities are more fulfilling, including in the spheres of academia and policymaking. On the other hand, centers for Indian Ocean studies are blossoming in various parts of the globe, such as Canada, the Netherlands, and the United States. But it is not difficult to imagine an Interdisciplinary Center for Indian Ocean Studies in Mauritius, that would be an intellectual hub for scholars and students from all over the world interested in researching the region from a plethora of perspectives – be it environmental, political, cultural or historical.
Several pieces of the puzzle seem to already be in place. For example, there already exists a steady circulation of international scholars, experts and students through Mauritius, for both specific conferences as well as for sustained research at museums and sites of memory, such as the Aapravasi Ghat World Heritage Site, the Intercontinental Museum for Slavery, and Le Morne World Heritage Site. Passionate and qualified Mauritian researchers, both at home and abroad, stand ready to partake in such an initiative. After all, why should scholars and students from (and interested in) the Indian Ocean continue to have no choice but to go to abroad in order to study it? In 2025, what prevents a key exciting place for the interdisciplinary study of the Indian Ocean…. to be located in the Indian Ocean itself?
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