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Réseau international d’escroquerie en ligne

Trois arrestations à Maurice

18 avril 2025, 08:00

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Trois arrestations à Maurice

Photos : Rishi Etwaroo

La Financial Crimes Commission (FCC) a démantelé un réseau bien organisé d’escroquerie en ligne à l’issue d’une enquête de grande envergure. Le mercredi 16 avril, les enquêteurs ont procédé à l’arrestation de trois individus – un Ukrainien et deux complices mauriciens – impliqués dans une fraude estimée à Rs 450 millions. Les victimes, principalement des étrangers ayant perdu de l’argent dans des investissements en cryptomonnaies, étaient convaincues par les suspects qu’ils pouvaient les aider à récupérer leurs fonds.

⚫ L’Ukrainien payait les agents avec des sacs pleins d’argent pour des salaires allant jusqu’à Rs 100 000.

Le principal suspect est Syvokon Yevhen, un Ukrainien de 36 ans résidant à Mont-Choisy. Directeur de la société Strike Online, il a été arrêté pour fraude électronique en vertu de la section 44(b) de la FCC Act. Cette disposition concerne l’usage direct ou indirect d’un système informatique avec l’intention malhonnête de causer une perte à autrui.

Deux Mauriciens ont également été interpellés. Neervinssingh Ramdenee, un habitant de Villa Val d’Oise de 41 ans, a été arrêté en tant qu’associé et directeur de société. Il fait face aux mêmes accusations de fraude électronique, impliquant un montant de 234 961 euros au détriment d’une Française. Naresh Johkhoo, âgé de 49 ans de Calebasses, a, quant à lui, été arrêté pour blanchiment d’argent en vertu des sections 36(1) et 38 de la FCC Act. Lors de son arrestation, il était en possession de Rs 352 800 en espèces, somme suspectée de provenir d’activités criminelles. Les trois individus ont comparu en cour, mais la FCC s’étant opposée à leur remise en liberté conditionnelle, ils ont été reconduits en détention policière.

Selon un lanceur d’alerte, les activités frauduleuses ont commencé en 2023 avec l’ouverture d’un centre d’appels à Maurice. Ce centre, situé au premier étage de la NG Tower à Ébène, était exploité sous le nom de Strike Online, en partenariat entre Ramdenee et Yevhen. Les opérations ont débuté en décembre 2023. Les agents travaillaient de midi à 21 heures, du lundi au vendredi, et ne travaillaient pas le week-end.

me-jean-claude-bibi.jpg ■ Jean Claude Bibi représente une victime française qui s’est fait arnaquer par cette société fictive.

Le travail consistait à contacter des victimes de fraudes en cryptomonnaies – notamment en France et en Belgique – en se faisant passer pour des représentants d’une fausse société britannique nommée Empire Crypto. Les agents utilisaient de faux noms et prenaient contact via des publicités sur Facebook, prétendant pouvoir aider les victimes à récupérer leurs fonds perdus. Après un premier appel, ils demandaient aux clients des preuves des pertes, puis prétendaient avoir localisé les fonds sur la blockchain. Pour récupérer l’argent supposément retrouvé, les victimes devaient ouvrir un compte chez Empire Crypto et effectuer un premier virement, généralement d’un minimum de 500 euros, soi-disant pour activer le processus.

Une fois le premier paiement effectué, une retention team contactait les clients pour leur montrer un faux solde «récupéré», affiché sur une interface trompeuse. À ce stade, les clients se voyaient demander des frais additionnels comme des frais de conversion, une assurance, des taxes d’exemption, et des frais d’envoi et de réception.

Les employés locaux recevaient un salaire de base de Rs 28 000, mais certains touchaient jusqu’à Rs 100 000 par mois grâce aux commissions. Toutefois, aucune cotisation à la Contribution sociale généralisée n’était versée par l’employeur. Selon les témoignages, l’Ukrainien se déplaçait avec des sacs pleins de billets, accompagné de gardes du corps afin de faire la paye des agents.

Mᵉ Jean-Claude Bibi, avocat de l’une des victimes – une Française escroquée à hauteur de Rs 8 millions –, a indiqué que sa cliente avait porté plainte en France et à Maurice auprès de la FCC. Il a tenu à alerter l’opinion publique : «Je demande aux Mauriciens de rester vigilants. Il n’y a pas que ma cliente qui a été arnaquée. D’autres victimes à l’étranger sont concernées. Je pense que d’autres arrestations auront lieu dans cette affaire.»

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