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Discours-programme 2025-2029

Stephan Rezannah : «La priorité des priorités doit être le Status of the Artist Bill»

27 janvier 2025, 14:00

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Stephan Rezannah : «La priorité des priorités doit être le Status of the Artist Bill»

Le discours-programme 2025-2029 du nouveau gouvernement a été présenté par le président de la République, vendredi. Sous l’intitulé Un Pont vers l’Avenir, ce programme met en avant divers projets gouvernementaux dans plusieurs secteurs. Les arts et la culture y trouvent également leur place.

Sous le chapitre Shaping a new development course for Arts and Culture, le discours-programme rappelle que les arts et la culture jouent un rôle important dans la formation identitaire d’une nation. Il est ainsi prévu, entre autres, que lesAssises des Arts et de la Culture seront organisées, suivies de la mise en place d’un Strategic Action Plan pour la période 2025-2029. Le discours-programme souligne également que le gouvernement veillera à la reconnaissance des acteurs culturels, comme défini par les Nations unies, et qu’un cultural desk sera mis en place pour faciliter l’obtention de toutes les autorisations nécessaires à l’organisation d’événements artistiques.

Il a aussi été annoncé que le fonctionnement de la Mauritius Society of Authors (MASA) sera revu, de même que la législation sur le statut des artistes. Dans le but de faire de l’industrie créative un nouveau pilier économique, le gouvernement adoptera de nouvelles législations et mettra en œuvre des dispositifs de soutien (schemes). Les sites patrimoniaux seront également valorisés. L’industrie créative sera appelée à collaborer avec des institutions tertiaires. Le gouvernement ambitionne de créer un Mauritius Cultural Centre et une National Arts Open Commission.

«Ce que je trouve bizarre dans ce discours-programme, c’est que le Status of the Artist Bill n’en soit pas le point fort. Je pense personnellement que, quel que soit le gouvernement au pouvoir, la priorité des priorités doit être le Status of the Artist Bill. Tout ce qui a été dit dans ce discours-programme paraît intéressant, mais n’aura aucun sens et aucun des projets ne se réalisera si ce bill n’est pas mis en vigueur. Le Status of the Artist Bill est un problème de tous les gouvernements. Il a été initié par l’ancien gouvernement, mais n’est pas allé jusqu’au bout. Le travail des acteurs culturels n’est toujours pas reconnu. L’industrie culturelle ne peut pas devenir un pilier si les artistes ne sont pas reconnus et qu’il n’y a pas de cadre légal», explique Stephan Rezannah, fondateur de Jorez Box et MOMIX.

S’il reconnaît que le discours-programme mentionne bien que la loi sera revue pour permettre la reconnaissance du travail des acteurs culturels, Stephan Rezannah souligne : «Aucun time frame n’a été annoncé. Donc, on ne sait pas quand le gouvernement reverra effectivement ce bill. Or, cela aurait dû se faire au plus vite. Il aurait été souhaitable que ce discours-programme ne soit pas qu’un effet d’annonce. Il y a beaucoup d’attente envers ce gouvernement. Et si le gouvernement revoit ce Status of the Artist Bill, cela montrera qu’il prend vraiment en considération l’industrie culturelle. Ce gouvernement n’a aucune excuse pour ne pas aller dans cette direction.»

Concernant les Assises des Arts et de la Culture, Stephan Rezannah fait ressortir : «Comment cela vont-elles se faire ? On ne peut pas regrouper toutes les expressions artistiques de l’industrie culturelle. Cela doit être des Assises sectorielles : une Assise de la musique, une Assise du théâtre, ou encore une Assise des arts plastiques, etc. Chaque médium artistique a sa réalité. En 1996, des Assises des Arts et de la Culture”ont eu lieu, mais cela n’a pas eu de grands effets sur le secteur musical. Je crains que, si on adopte les mêmes méthodes, cela n’entraîne les mêmes résultats. De plus, la sphère culturelle a changé. Chaque secteur de l’industrie culturelle a évolué, notamment avec les avancées technologiques.»

En parlant de la MASA, Stephan Rezannah insiste sur le fait qu’au-delà d’une refonte, il est essentiel de s’assurer que : «MASA al rod kas kot li napa al rode. L’argent se trouve sur les plateformes digitales et c’est là que la MASA doit aller récupérer l’argent des ayants droit. Il nous faut être alignés avec l’évolution du marché de la musique. Pour l’heure, notre pays n’est pas reconnu sur plusieurs plateformes digitales. Avant de parler de refonte, il faut mettre en place un cadre légal et s’aligner sur l’évolution. Amender les lois, c’est bien, mais il faut aussi une mise en application. Sans cela, nous resterons des amateurs et non des professionnels de la culture.»

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