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Patients dialysés décédés lors de la pandémie
«Sap mo lavi», lance Didier Lesage
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Patients dialysés décédés lors de la pandémie
«Sap mo lavi», lance Didier Lesage

Didier Lesage (avec la bequille) conversant avec Bose Soonarane (deuxième à partir de la g.), en compagnie des époux de Dookoomanee Sab et de Sarodjnee Ramsamy, toutes deux dialysées et décédées en 2021.
La deuxième séance de l’enquête judiciaire sur la mort de 12 patients dialysés pendant la pandémie de Covid-19 s’est tenue hier en cour de district de Curepipe. À la barre, Didier Lesage, patient au moment des faits, est venu compléter son témoignage entamé vendredi dernier.
Avec une grande émotion, il a replongé dans ces instants de doute et d’angoisse où la mort planait comme une menace constante. Il a décrit les conditions dans lesquelles d’autres patients dialysés de l’hôpital de Souillac et lui avaient été pris en charge le 26 mars 2021. Le tableau est sombre : absence de traitement adéquat, alimentation inappropriée. «On nous servait des saucisses, du fromage, des bols renversés, des omelettes, du briani… Tous les aliments qu’un dialysé ne devrait jamais consommer. Et à l’hôtel Tamassa, il n’y avait qu’un seul médecin pour 140 patients», a-t-il dénoncé.
Il est aussi revenu sur son isolement après avoir contracté le virus. Le cœur lourd, il s’est souvenu : «Il a fallu attendre que sept patients meurent pour que les infirmiers commencent à vérifier notre tension et notre taux de sucre. La salle était dépourvue d’équipements adaptés.» Pire encore, l’absence d’oxygène a aggravé la situation pour certains patients gravement atteints. «On n’a pas été traités comme des êtres humains. Mo’nn demand pou sap mo lavi.»
Puis, c’était au tour de Nausheen Keenoo de livrer un témoignage poignant. Fille de Habib Unjore, décédé le 9 avril à l’hôpital ENT, elle a répondu avec calme aux questions de Me Michel Ah-Sen, du bureau du Directeur des poursuites publiques, et de Me Veda Baloomoody malgré la douleur de raviver ces souvenirs.
Elle a raconté les derniers jours de son père, qu’ils avaient accompagné jusqu’au bout. Mais de nombreuses zones d’ombre subsistent. «Pourquoi le médecin qui a annoncé son décès a-t-il donné deux versions différentes ? Pourquoi placer autant de personnes en quarantaine alors que, comme mon père, elles n’avaient pas été en contact avec l’infirmière contaminée ?» Elle a aussi souligné que plusieurs demandes avaient été faites pour que sa mère puisse accompagner son père à l’hôtel. «Il était diabétique et souffrait parfois d’hypertension. Elle aurait pu l’assister. Mais on a toujours eu droit à un refus catégorique du personnel et des responsables.» Enfin, elle est aussi revenue sur la question des repas servis. «Les aliments n’étaient pas du tout adaptés. Quand mon père a été transféré à l’hôpital, ma mère s’est présentée à l’entrée pour lui apporter de la nourriture appropriée, mais tout a été jeté.»
La prochaine séance de l’enquête est prévue ce jeudi.
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