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Rex Colimalay : «Les hommes de l’ombre n’ont jamais été remerciés cinq ans après le ‘Wakashio’»

23 juillet 2025, 13:00

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Rex Colimalay : «Les hommes de l’ombre n’ont jamais été remerciés cinq ans après le ‘Wakashio’»

Rex Colimalay, plongeur professionnel chez Blue Bay Divers.

Sa photo a fait le tour du monde après le naufrage du Wakashio. La photo d’un homme recouvert d’huile de la tête au pied qui a touché plus d’un. Rex Colimalay figure parmi les premiers à s’être jeté à l’eau lors du naufrage du Wakashio pour prêter main forte. Aujourd’hui, cinq ans plus tard, il revient sur ce naufrage qui a marqué l’actualité mauricienne.

🔴 Que ressentez-vous aujourd’hui en revenant sur les lieux de la marée noire cinq ans après ?

Je suis rempli de souvenirs parce que toutes les opérations se sont déroulées ici. Il y avait la marée noire, les allées et venues des bateaux, de l’huile partout. Ça ramène beaucoup d’émotions. On a vécu des moments très forts, parfois même dangereux.

🔴 Qui était mobilisé à vos côtés pendant cette crise ?

On était plusieurs équipes. Il y avait des plongeurs professionnels comme moi, des skippers, des pêcheurs. Un peu tout le monde s’était réuni pour travailler. On bossait dans le lagon, à l’extérieur, de jour comme de nuit, parfois dans des vagues de quatre à six mètres. On a quitté nos familles. On était là 24 heures sur 24. On savait qu’on devait le faire. Alors, on l’a fait, sans poser de questions.

🔴 Quelle était votre mission précise dans cette opération ?

J’étais employé par des compagnies professionnelles de plongée et de sauvetage. J’étais aussi responsable de services à côté du Wakashio. C’est moi qui plongeais pour intervenir autour du navire. Tout ce qu’on a fait était conforme aux normes internationales. On a évacué l’huile dans des conditions extrêmement difficiles, mais on l’a fait sérieusement, avec professionnalisme.

🔴 Et le gouvernement, a-t-il assuré de son côté ?

Le gouvernement a mis en place ses dispositifs, oui. Mais je ne suis pas là pour juger s’il a bien ou mal géré. Ce que je peux dire, c’est que du côté des compagnies privées, tout a été fait comme il faut, dans les règles. On n’a pas attendu que quelqu’un nous dise quoi faire. On était déjà dans l’eau à plonger, même le jour où l’huile est venue directement sur nous.

🔴 Avez-vous été soutenus ou remerciés pour votre engagement ?

Non. Et c’est ça qui fait mal. Il y avait tout un groupe, des hommes de l’ombre, qui ont travaillé sans jamais recevoir le moindre merci. Aucune reconnaissance. Pas un mot de l’État. Même pas un suivi médical après l’exposition à cette huile. C’est dommage parce qu’on a pris des risques énormes. On aurait pu y laisser notre peau.

🔴 Malgré tout, voyez-vous du positif dans cette épreuve ?

Oui, d’une certaine manière. Le lagon s’est remis. Il y a de la vie aujourd’hui. On ne peut pas dire le contraire. Et puis, cette crise est arrivée juste après la pandémie. Beaucoup de familles ont pu trouver du travail grâce à cette opération. Il y a eu des formations, des opportunités. Donc, pour moi, c’était un mal pour un bien.

🔴 En quelques mots, que retenezvous de cette expérience ?

C’était dur, c’était intense, mais c’était nécessaire. On l’a fait parce qu’il fallait le faire. Ce que je retiens, c’est le courage des équipes sur le terrain. Ceux dont personne ne parle. Ceux que l’État a oubliés. Les hommes de l’ombre.

Bitmap (7).jpg L’équipe de Rex Colimalay lors du naufrage du «Wakashio».

F.H

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