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Retour de Donald Trump : entre inquiétudes et opportunités
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Retour de Donald Trump : entre inquiétudes et opportunités

Le retour en force de Donald Trump à la tête de la première puissance mondiale marque un tournant majeur, que ce soit au niveau sociétal, de la nouvelle trajectoire de l’économie américaine et de la géopolitique mondiale.
En politicien habitué au spectacle, Donald Trump a annoncé qu’il allait se comporter comme un «dictateur» pendant les 24 premières heures de son mandat et qu’il signerait une centaine de décrets qui vont remodeler la société américaine. Outre son projet de long terme de terminer la grande muraille États-Unis-Mexique, Donald Trump est surtout déterminé à enclencher les procédures juridiques pour organiser l’expulsion de masse d’immigrés clandestins. Cela pourrait être pire que l’opération Wetback enclenchée par Dwight Eisenhower dans les années 50, lorsque 1,3 million d’immigrés ont été déportés du territoire américain. Quand on sait que pas moins de 11 millions d’immigrés, en majorité d’origine hispanique, sont aujourd’hui en situation d’illégalité aux États-Unis, l’on est en droit de penser qu’un vrai drame humain va se jouer. Déjà, le pape François a condamné la posture du président américain, estimant que l’expulsion d’immigrés serait une calamité.
L’arrivée de Donald Trump amènera des perturbations sur le plan géopolitique. Résolu à utiliser son influence auprès de Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine, Donald Trump procédera dans un premier temps à la réduction de l’aide à Kiev. Il s’est également fait remarquer en annonçant son projet farfelu d’annexion du Canada aux États-Unis.
C’est l’agenda idéologique de «sauver l’Amérique» ou encore de «rendre sa grandeur à l’Amérique» qui dictera la politique américaine pour les quatre prochaines années. Il faut ainsi s’attendre à l’avènement d’une nouvelle ère du libéralisme marquée par le protectionnisme, le retrait des Américains de l’Accord de Paris sur le climat pour la seconde fois et la montée en puissance des géants de la Tech.
Pour protéger l’économie américaine et dynamiser l’entrepreneuriat, l’administration Trump s’engage à réduire l’impôt sur les sociétés de 21 % à 15 % et à accélérer le forage des puits de pétrole. Parallèlement, le gouvernement américain entend freiner les importations. Pour ce faire, les droits de douane sur les produits vont augmenter drastiquement à partir de certains territoires. Ils passeront à 10 % - 20 % pour l’Union européenne, à 25 % pour le Canada, à +25 % pour le Mexique et à +60 % pour la Chine. Cette politique protectionniste américaine devrait favoriser un dollar fort, alimenter l’inflation, avec pour conséquence une pression à la hausse sur les obligations américaines sur les marchés financiers. Pour Maurice, ce n’est, bien évidemment, pas une bonne nouvelle. La robustesse du dollar devrait mettre une forte pression sur la roupie. Ainsi, à l’avenir, contenir la dépréciation de la roupie s’avèrera plus complexe et pourrait nécessiter de la part de la Banque de Maurice un durcissement de sa politique monétaire, avec les conséquences que l’on sait sur la croissance et l’endettement sur les ménages et les entreprises. Mais l’on n’en est pas encore là.
La plus bonne nouvelle, c’est que la guerre commerciale de Donald Trump ne concerne pas l’Afrique subsaharienne. Du reste, il n’a pas exprimé l’intention de ne pas renouveler l’African Growth and Opportunity Act qui expire en septembre prochain.
Toutefois, la grosse source d’inquiétude concerne le deal sur les Chagos. Si Londres et Port-Louis ont fini par finaliser l’accord portant sur le retour des Chagos à la République de Maurice, la balle est désormais dans le camp des Américains. Diego Garcia étant une base militaire conjointe américaine et britannique, le Premier ministre du Royaume-Uni, sir Keir Starmer, veut avoir l’approbation de Donald Trump avant la signature du traité de rétrocession. Au vu du lobby exercé par les détracteurs de l’accord sur les Chagos, dont Boris Johnson et Nigel Farage, il y a un vrai risque que Donald Trump donne du crédit à l’argument que Maurice pourrait céder une partie du territoire des Chagos à la Chine pour la construction d’une base militaire et, in fine, ne donne pas son feu vert.
Pour Maurice, un tel scénario signifierait qu’on devra reprendre notre combat pour que les Chagos retrouvent la souveraineté mauricienne.
Par ailleurs, le grand retour de Donald Trump aura un impact positif sur l’industrie des nouvelles technologies et des cryptomonnaies. On le sait, le président américain compte dans son entourage des multimilliardaires de renom, parmi Elon Musk, Jeff Bezos, Mark Zuckerberg et Vivek Ramasawmy. Donald Trump qui, il y a quelques années encore, était hostile aux cryptomonnaies, a opéré un revirement à 360 degrés au point de lancer durant le week-end sa propre monnaie virtuelle, le Trump Meme ou $TRUMP. En moins de 48 heures, ce jeton numérique a atteint une valorisation de 12 milliards de dollars. Quant au Bitcoin, il surfe sur la bonne vague et atteint désormais les 109 000 dollars, alors qu’il oscillait autour de 70 000 le 5 novembre dernier. De beaux jours se dessinent pour les détenteurs de cryptos. Cette nouvelle donne pourrait, par ailleurs, inciter les investisseurs les plus traditionnels à augmenter la part des cryptomonnaies dans leur portefeuille.
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