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Shelter

Qui est responsable si le National Children’s Council n’est pas mandaté pour gérer les foyers selon la loi ?

5 juin 2025, 06:58

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Qui est responsable si le National Children’s Council n’est pas mandaté pour gérer les foyers selon la loi ?

■ Faire le mur, un jeu d’enfant : la sécurité des shelters de nouveau remise en question.

Le conflit entre la Fédération des Travailleurs Unis (FTU) et le ministère de l’Égalité des genres et du bien-être de la famille prend de l’ampleur depuis la fugue de trois mineurs du shelter L’Oiseau du Paradis, à Cap-Malheureux, survenue dans la soirée du dimanche 1er juin. Le lendemain, la ministre Arianne Navarre-Marie annonçait la suspension de six caregivers de service ce soir-là, après médiatisation de l’affaire.

Pour la FTU, la ministre fait fausse route en tenant les employés pour seuls responsables. Le syndicat dénonce non seulement cette décision, mais aussi l’inaction du ministère depuis la prise de fonction de la ministre, il y a sept mois. Il réclame une enquête équitable, la désignation des véritables responsables, et la mise en œuvre de réformes concrètes, plutôt que l’usage de boucs émissaires pour masquer une gestion jugée défaillante des shelters pour mineurs – un problème ancien, selon le syndicat.

Lors d’une conférence de presse tenue hier matin au siège de la FTU, à Port-Louis, le négociateur Atma Shanto a exprimé son indignation. Il s’interroge : comment blâmer les caregivers alors que le shelter ne dispose pas d’un système de sécurité et de surveillance adéquat ? Selon lui, les employés avaient pourtant tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises, en vain. Il ajoute que le poste de manager est vacant depuis novembre 2022.

Le syndicaliste affirme aussi que les travailleurs suspendus subissent des tentatives d’intimidation. Il juge inacceptable que, bien qu’il s’agisse d’un litige de nature «industrielle», la police les convoque de façon répétée pour recueillir leur version des faits. Il déplore également les tentatives de dénigrement public à l’encontre de ces employés, dont certains cumulent de nombreuses années de service.

Face à cette situation, Atma Shanto a annoncé l’éventualité d’une manifestation devant les bureaux du ministère et a appelé à l’intervention du ministre du Travail dans le dossier des six suspensions.

Au-delà de cet épisode, le dossier relance les débats autour de la légalité de la gestion des shelters. Plusieurs sources, bien informées, s’indignent du fait que le National Children’s Council (NCC) ne soit pas légalement mandaté – selon le NCC Act – pour gérer ces établissements. Elles exigent la levée immédiate des sanctions jugées injustes contre les caregivers de L’Oiseau du Paradis, ainsi que des explications sur la présence prolongée – plus d’un an – de certains enfants dans un shelter censé n’être qu’un centre de relais.

Sollicité par nos soins, le bureau de la ministre Arianne Navarre-Marie a indiqué que celle-ci ne répondrait pas à ce qu’il qualifie de «fausses accusations». Toutefois, un porteparole a tenu à préciser qu’il est inexact de dire qu’un vice-président a été nommé au conseil d’administration du NCC. Selon lui, Gianto Antonio a été nommé président à temps partiel du NCC par le Conseil des ministres le 16 mai. La nomination d’un manager pour le shelter est en attente d’approbation du bureau du Premier ministre.

Concernant le rôle du NCC, l’interlocuteur confirme que la loi ne l’autorise pas à gérer des shelters. Cependant, une décision du Conseil des ministres datant d’avril 2008 aurait modifié la donne et permis l’évolution actuelle. Il précise que la ministre a réagi avec émotion en découvrant l’état dans lequel les enfants fugueurs ont été retrouvés : «Un shelter n’est pas une prison, mais au moment de leur fugue, les enfants étaient sous la responsabilité des caregivers, qui ont pour devoir de les surveiller.»

Les trois enfants, deux âgés de 13 ans et un de dix ans, ont depuis été examinés. Les résultats d’analyses révèlent que deux d’entre eux étaient positifs à des substances illicites, tandis que le troisième a été testé négatif – il aurait simplement suivi ses camarades sans consommer.

Les deux premiers ont pu quitter l’hôpital après que la Child Development Unit (CDU) a obtenu en urgence leur transfert vers deux foyers privés distincts. Le cas du troisième sera examiné le 11 juin par la justice, en vue d’un placement en famille d’accueil.

Par ailleurs, depuis la médiatisation de l’affaire, des proches de deux mineurs ont réclamé leur garde légale. Les autorités confirment que les demandes sont à l’étude, et assurent que toutes les mesures nécessaires seront prises dans l’intérêt et la protection des enfants.

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