À la veille des élections municipales, la tension monte d’un cran à Curepipe. L’heure est à la mobilisation, à l’engagement, mais aussi à l’espoir. La ville Lumière, qui a longtemps brillé par sa vitalité culturelle, sociale et sportive, aspire aujourd’hui à un renouveau. Si la campagne électorale a été courte, elle n’en a pas moins été intense. Sur le terrain, les candidats n’ont pas ménagé leurs efforts pour aller à la rencontre des habitants et faire entendre leurs idées. Nous avons tendu le micro à trois figures engagées dans cette course électorale, issues de différents horizons politiques – certaines portées par un parti, d’autres par leurs convictions personnelles en tant qu’indépendants. Anna Shaheen Toraub, candidate du Reform Party, Bruno Nicolas Ji, représentant de Linion Moris, et Soomanteesing (Rati) Lutchmun, de l’Alliance du changement. Tous partagent un même objectif : rendre à Curepipe ses lettres de noblesse. À 24 heures du scrutin, l’enjeu est de taille : redonner à Curepipe ses couleurs d’antan et rétablir la confiance entre les citoyens et leurs représentants municipaux.

🟦Comment qualifieriez-vous le déroulement de cette campagne ?

🔴Anna Shaheen Toraub : Malgré sa brièveté, cette campagne s’est déroulée dans une atmosphère sereine, presque familiale. Les habitants de Curepipe nous ont accueillis avec bienveillance. Les échanges lors de nos porte-à-porte ont été riches : les citadins étaient attentifs, ouverts à la discussion et surtout, très coopératifs. On sent qu’ils ont envie d’un vrai dialogue avec leurs futurs représentants.

🔵Bruce Nicolas Ji : Ce que j’ai vu sur le terrain, c’est un ras-le-bol généralisé. Les Curepipiens en ont assez. Ils se sentent abandonnés. Depuis plus d’une décennie, rien n’a vraiment bougé. Et cela se reflète dans les nombreuses plaintes que nous avons reçues au fil de nos rencontres. C’est pourquoi je n’ai fait aucune promesse irréaliste : les gens veulent des actes, pas des mots. Je suis convaincu que des postes à la mairie devraient être occupés par des habitants de la ville eux-mêmes et non par des personnes venant d’autres régions qui ne connaissent pas les réalités du terrain.

⚫Soomanteesing (Rati) Lutchmun : Ce qui revient avec insistance dans les conversations, c’est une profonde souffrance. Les habitants se sentent trahis par des années de mauvaise gestion municipale. Leur exaspération est légitime. Ils attendent désormais des conseillers qui seront véritablement à leur écoute, présents au quotidien et capables de répondre concrètement aux problèmes qui se sont accumulés, voire aggravés, au cours des dix dernières années. Il est temps d’agir avec sérieux et proximité.

🟦Quels enseignements en tirez-vous ?

🔴Anna Shaheen Toraub : Ce que je retiens avant tout, c’est le profond désespoir des Curepipiens. Ils se sentent trahis, délaissés. Leur confiance dans les institutions locales a été sérieusement entamée par des années de promesses non tenues et d’espoirs déçus. Les habitants nous parlent avec émotion, parfois même avec colère. Ils réclament du concret, du soulagement dans leur quotidien. Il est impératif de leur proposer une équipe nouvelle, compétente, qui saura les écouter et leur apporter des solutions tangibles

🔵Bruce Nicolas Ji : Le constat est accablant. Même les ruelles ont été complètement abandonnées. Les gens nous racontent qu’ils doivent laisser leur voiture à plusieurs dizaines de mètres de chez eux car les accès sont impraticables. Ce n’est pas normal. Il faudra travailler en étroite collaboration avec le personnel municipal, leur donner les moyens de faire leur travail efficacement. Ils doivent acquérir les compétences nécessaires pour permettre à la mairie de remplir pleinement ses fonctions. Et surtout, il faut penser à ceux que la ville oublie trop souvent : les personnes âgées, les handicapés. Dans certaines rues, les trottoirs sont si délabrés qu’une personne en fauteuil roulant ne peut même pas circuler. Il faut repenser l’inclusion. Il faudrait aussi créer des espaces intergénérationnels d’échange pour rapprocher les jeunes et les aînés.

⚫Soomanteesing (Rati) Lutchmun : Ce que nous avons observé à travers nos nombreuses rencontres, c’est une souffrance partagée et une colère légitime. Les gens n’en peuvent plus de cette gestion chaotique, de cette absence de suivi. Ils veulent des élus qui soient disponibles, proches, engagés à leurs côtés au quotidien. Ce sont dix années d’inaction qu’il faut rattraper. Et cela commence par une vraie présence sur le terrain.

🟦Quelles sont vos attentes pour ce dimanche ?

🔴Anna Shaheen Toraub : Cela fait dix ans que les Curepipiens n’ont pas eu la possibilité de se prononcer sur la gestion de leur ville. Et ces cinq derniers mois, ils ont encore été abreuvés de promesses creuses de la part du gouvernement. Cette fois, il est crucial qu’ils fassent le bon choix. Car cette élection est une occasion unique, peut-être même historique, pour redonner une voix au peuple et remettre la démocratie municipale au cœur de la vie locale. Il est essentiel d’instaurer un contre-pouvoir fort et une opposition constructive au sein des conseils municipaux, pour garantir la transparence, l’équilibre et le bon fonctionnement de notre ville.

🔵Bruce Nicolas Ji : Je ne suis pas excité ; je ne suis pas détaché non plus. Mais je sais une chose : j’ai donné le meilleur de moi-même durant cette campagne et je continuerai à le faire après. Curepipe mérite des élus engagés, pas des carriéristes. Ce dimanche, j’espère que les habitants feront le pari du renouveau, qu’ils ne voteront pas simplement pour un bloc politique, mais pour des hommes et des femmes capables, sincères, prêts à s’investir pleinement. Il est temps de sortir des schémas traditionnels. Il faut voter pour ceux qui veulent réellement le bien-être des citadins.

⚫Soomanteesing (Rati) Lutchmun : J’espère que cette journée électorale se déroulera dans le calme, le respect et la discipline. Ce dimanche, il faut voter intelligemment, en pensant à l’avenir de notre ville. Curepipe a besoin d’un nouveau souffle, d’un changement profond. Il est temps de redonner à notre ville ses lettres de noblesse, qu’elle puisse enfin respirer à nouveau. Ce vote est une chance pour faire table rase du passé et ouvrir un nouveau chapitre

🟦Quel message souhaitez-vous adresser à l’électorat ?

🔴Anna Shaheen Toraub : Je demande aux Curepipiens de faire confiance au Reform Party. Donnez-nous l’opportunité de vous servir et de porter votre voix au sein du conseil municipal. Notre engagement est sincère : nous voulons construire, ensemble, une ville plus juste, plus propre, plus dynamique. Votre devoir civique est votre pouvoir le plus fort : utilisez-le en votant pour nous. «Nou la Ville, Nou Pays» n’est pas qu’un slogan ; c’est une vision d’avenir.

🔵Bruce Nicolas Ji : Comme vous, j’ai souffert du délabrement de notre ville, de cette gestion déconnectée, qui ignore nos besoins les plus élémentaires. Ma voix est la vôtre. Ce n’est pas un simple engagement politique ; c’est un combat personnel que je mène pour chacun d’entre vous. J’ai décidé de me lever, de sortir du silence, parce que je sais que Curepipe mérite mieux. Ensemble, faisons bouger les lignes.

⚫Soomanteesing (Rati) Lutchmun : À tous les citadins, je vous dis ceci : utilisez votre plume avec sagesse. Ce dimanche, vous avez le pouvoir d’amorcer un vrai changement pour Curepipe. Un changement nécessaire, vital, pour redonner à notre ville sa valeur, son éclat, son identité. Ensemble, ramenons-la à la hauteur de son surnom : la ville Lumière.