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NADC
Quand la bureaucratie étouffe la lutte antidrogue
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NADC
Quand la bureaucratie étouffe la lutte antidrogue

■ Sur le terrain, des jeunes sombrent, les psychoses liées aux drogues de synthèse se multiplient chaque jour.
Huit mois après l’arrivée du nouveau gouvernement et plusieurs semaines après la création de la National Agency for Drug Control (NADC), le constat est glaçant : aucune mesure concrète, aucune division opérationnelle, aucune réponse d’urgence face à la crise des drogues dures et de synthèse qui ravage le pays. Cette nouvelle instance, appelée à remplacer progressivement le National Drug Secretariat, devait marquer un tournant dans la lutte antidrogue. Pour l’instant, elle n’est qu’une vitrine sans action, dénoncent les travailleurs sociaux.
«Sur le terrain, c’est le chaos», souligne Danny Philippe, travailleur social et militant actif. «La cocaïne, la crystal meth, les drogues synthétiques, les overdoses… On ne compte plus les drames humains. Et pendant ce temps, on nous parle de structures à venir, de consultations futures, d’organigrammes. On n’a pas ce luxe-là. Il faut agir. Maintenant.»
Le 21 juillet, une séance de travail s’est tenue à la Financial Crimes Commission, en présence de plusieurs organisations non gouvernementales (ONG). Si certains espéraient un signal fort, c’est la déception qui a dominé. L’ensemble des discours et des sorties médiatiques de Sam Lauthan, directeur de la NADC, est aujourd’hui considéré comme déconnecté de la réalité. «On n’a pas besoin de grand-messes. On veut des unités mobiles de prévention, des centres de désintoxication publics, des médiateurs dans les quartiers, un plan d’urgence. Pas un discours moralisateur», tonne un représentant d’association.
Dans ce contexte, la colère gronde. Plusieurs ONG, éducateurs sociaux et collectifs de réduction des risques dénoncent une gestion technocratique, bureaucratique et hors-sol. «Ça fait plus de huit mois qu’on attend une mise en place sérieuse. Ils nous ont convoqués, présenté la NADC, expliqué la vision, mais rien ne se passe. Et la situation se dégrade de jour en jour», confie un acteur communautaire de l’Est.
Kunal Naïk, psychologue et addictologue, questionne à son tour le flou persistant autour de l’agence : «Quand est-ce que les différentes divisions de la NADC seront mises en place ? Il y a eu une conférence de presse, mais concrètement, que se passe-t-il ? Qu’est-ce qui est mis en œuvre ? Quel processus de sélection est appliqué aux personnes recrutées et sur quels critères ont-elles été choisies ? En attendant, dans cette situation d’urgence, qu’est-ce qui est fait ? Quelles consultations sont menées ? Beaucoup de gens sont dans le flou. Ils ne comprennent pas ce qui se passe. La situation continue à se détériorer. Quel encadrement est prévu pour les ONG qui ne font pas partie du comité ? Quelle est la structure de travail définie ? Il y a une urgence réelle. Les attentes sont énormes parce que la situation sur le terrain est catastrophique.»
Sur le terrain, justement, des jeunes sombrent, des familles implosent, les overdoses se multiplient. Des acteurs communautaires affirment que des cas de psychoses liées à des drogues de synthèse sont désormais quotidiens, sans aucune réponse institutionnelle adaptée. «On met des millions dans des comités et zéro dans les soins, la prévention et encore moins dans les actions», dénonce un travailleur social de la capitale.
La promesse de la NADC de regrouper cinq grandes divisions – politiques publiques, réduction des risques, traitement, éducation et application des lois – tarde à se concrétiser. «Où sont les divisions ? Où est l’état-major de cette crise nationale ?», s’interroge-t-on. Les associations réclament la mise en place immédiate d’un comité de crise, avec des relais dans les zones les plus touchées, un financement clair des ONG et un plan d’action ciblé.
Sollicité, Sam Lauthan a déclaré ne pas être disponible, ayant une rencontre avec le Directeur des poursuites publiques. Le Dr Fayzal Sulliman, Chief Executive Officer de la NADC, étant souffrant quant à lui, n’a pu répondre à nos questions.
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