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PNQ l Shakeel Mohamed : «Il n’y aura pas d’hôtels sur l’île-aux-Bénitiers»

7 mai 2025, 05:00

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PNQ l Shakeel Mohamed : «Il n’y aura pas d’hôtels sur l’île-aux-Bénitiers»

138,8 tonnes de débris ont été extraites de l’île-aux-Bénitiers depuis le début du nettoyage.

Le leader de l’opposition, Joe Lesjongard, a interpellé hier, mardi 6 mai, le ministre du Logement et des Terres, Shakeel Mohamed, à l’Assemblée nationale, au sujet de la gestion des îlots entourant Maurice. Par le biais de sa Private Notice Question (PNQ), il a réclamé davantage de transparence sur les baux d’État octroyés pour ces terres fragiles, ainsi qu’un cadre légal clair pour réguler les activités touristiques et commerciales sur ces joyaux du patrimoine naturel mauricien.

En réponse, Shakeel Mohamed a dressé un état des lieux précis : Maurice compte 54 îlots, dont 51 sont entièrement la propriété de l’État. L’île-aux-Cerfs est partiellement privée, tandis que deux îlots sont entièrement détenus par des particuliers : l’îlot-Fortier et l’île-aux-Chats. Sur les 52 îlots appartenant à l’État, 22 sont actuellement sous bail, 8 sont classés comme parcs nationaux et 7 sont des réserves naturelles gérées par le ministère de l’Agro-industrie. D’autres, comme l’île-de-la-Passe (site du patrimoine national) ou l’île-aux-Matapan (plage publique), ont des statuts spécifiques.

🟦Point de départ d’un plan national

Douze îlots demeurent sous la responsabilité directe du ministère du Logement et des Terres. Et c’est précisément sur l’un d’eux – l’île-aux-Bénitiers – que s’est concentré le cœur du débat parlementaire. «Nous ne pouvons pas envisager la construction d’hôtels ou de resorts sur l’île-aux-Bénitiers», a martelé Shakeel Mohamed, dans une déclaration ferme, saluée sur plusieurs bancs parlementaires. Il a annoncé que cette île deviendra le modèle pilote d’un plan de gestion national pour tous les îlots de Maurice.

Ce plan est actuellement en cours d’élaboration au sein d’un comité interministériel présidé par le Premier ministre adjoint, Paul Bérenger, et incluant les ministères de l’Environnement, du Tourisme, de l’Agro-industrie et des Collectivités locales. Il sera soumis ultérieurement à l’approbation du Conseil des ministres. Plusieurs consultations sont en cours, notamment avec les plaisanciers, afin d’assurer une approche équilibrée entre protection écologique et développement économique.

Le ministre Mohamed a souligné l’état préoccupant de l’îleaux-Bénitiers, victime d’activités commerciales informelles, d’une gestion défaillante des déchets et d’une dégradation accélérée de l’écosystème corallien due à des accostages non régulés. Depuis le début du nettoyage, 138,8 tonnes de débris ont été retirées de l’île. «Ce nettoyage est le symbole d’une nouvelle volonté politique.»

Répondant à une question de Joe Lesjongard sur le développement futur de ces îlots, le ministre a précisé : «Tous les îlots sont désormais classés comme zones sensibles à l’environnement. La construction d’hôtels ou de structures permanentes n’y a donc plus sa place.»

Concernant les opérateurs de l’île-aux-Bénitiers, Shakeel Mohamed a affirmé qu’aucun permis n’a été octroyé pour des activités commerciales permanentes. Une cinquantaine d’opérateurs seront autorisés à y exercer temporairement, sous la condition stricte qu’aucune structure ne reste sur place à la fin de chaque journée. Une révision des points d’accès à l’îlot est également à l’étude, afin de protéger les récifs coralliens, mis à mal par des accostages anarchiques. À moyen terme, l’objectif est de restituer les deux tiers de l’île à la nature, dans le cadre d’un zonage environnemental protégé.

🟦Sécurité, légalité et inclusion

Interrogé sur l’exclusion présumée des opérateurs dans les opérations de nettoyage, Shakeel Mohamed a répondu qu’il a refusé leur aide pour des raisons de sécurité : «Imaginez un opérateur se blessant pendant le nettoyage… Qui serait responsable ?», a-t-il lancé. Une entreprise spécialisée, assurée et sélectionnée selon les procédures légales, a été mandatée pour mener à bien ces opérations, dans le respect des normes de sécurité.

Le ministre a également affirmé collaborer étroitement avec le Commissaire de police pour s’assurer que les îlots ne soient plus utilisés comme zones de trafic de drogues ou d’activités illicites. Une réflexion juridique est aussi en cours, car la législation actuelle ne définit pas clairement ce qu’est un îlot. «Cela complique les décisions de gestion et d’aménagement. Cette définition fera partie du futur plan de gestion», a-t-il précisé.

En guise de conclusion, Shakeel Mohamed a insisté : les îlots ne doivent pas rester des territoires réservés à une élite. «Ce n’est pas à ceux qui sont proches du pouvoir d’avoir l’exclusivité d’accès à nos trésors naturels. Notre devoir, c’est de léguer aux générations futures des espaces protégés, accessibles et gérés avec sagesse.»

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