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Chagos Deal

Philippe Sands : « Quand l’accord sera rendu public, les gens diront : ‘what is the fuss about ?’»

12 avril 2025, 16:00

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Philippe Sands : « Quand l’accord sera rendu public, les gens diront : ‘what is the fuss about ?’»

Cela fait dix jours. Le 1er avril dernier, le président américain, Donald Trump, a approuvé l’accord entre les Britanniques et Maurice sur la rétrocession des Chagos. L’avocat Philippe Sands, qui défend les intérêts de Maurice, fait partie de ceux ayant visité une partie de l’archipel. Il a même raconté avoir versé des larmes sur place.

Mais si ses propos sur l’histoire contemporaine des Chagos, notamment leur excision de Maurice, sont «véhéments», il fait attention à ce qu’il dit jusqu’à ce que le Chagos deal soit finalisé. C’est ce que rapporte le Sunday Times britannique dans son édition du 6 avril dernier. «Je veux cet accord. Je ne veux pas le gâcher. Il ne s’agit pas de restituer la souveraineté mais de reconnaître la souveraineté de Maurice. Quand l’accord sera rendu public, les gens diront :‘what is the fuss about ?’»

Philipe Sands a été interrogé par le Sunday Times britannique dans le cadre de la sortie de son nouveau livre intitulé 38 Londres Street : On impunity, Pinochet in England and a Nazi in Patagonia paru chez Weidenfeld & Nicolson. L’ouvrage traite des crimes et de la tentative avortée de traduire en justice le dictateur chilien Augusto Pinochet.

Auteur prolifique, Philippe Sands avait, en août 2022, fait paraître The Last Colony : A Tale of Exile, Justice and Britain’s Colonial Legacy sur le déplacement forcé des Chagossiens et les tribulations de Liseby Elysé. Sous le titre, After the Chagos deal is done, people will wonder what the fuss was about, l’avocat britannique, critiqué pour avoir représenté les intérêts de Maurice contre la Grande-Bretagne, fait un survol de l’état du monde. En constatant que nous sommes à un moment charnière de «démantèlement de ce qui a été créé en 1945».

Le journaliste du Sunday Times britannique rappelle au passage que Philippe Sands est le «troisième homme» d’un trio qui a «agacé» plusieurs personnes – en Grande-Bretagne comme aux États-Unis – par sa volonté à restituer les Chagos à Maurice. Un trio composé, outre Philippe Sands, de sir Keir Starmer, le PM britannique, et de Lord Richard Hermer, l’actuel Attorney General britannique, «tous des amis et des collègues».

La presse britannique a déjà longuement souligné les liens entre Philippe Sands et sir Keir Starmer. Les deux hommes, tous deux éminents juristes, partagent une amitié de longue date. Ils ont été collègues au sein de Matrix Chambers et partagent des convictions similaires en matière de droits humains. À Tom Baldwin, le biographe de sir Keir Starmer, Philippe Sands a confié que le PM britannique est un «great friend», ajoutant qu’il est «generous, humorous and empathetic».

The Telegraph en janvier dernier a écrit que Philippe Sands a soutenu la campagne de sir Keir Starmer pour devenir le leader travailliste. Quant à Lord Hermer, avant d’être nommé Attorney General, il avait été recruté à Doughty Street Chambers, «trois ans après sa création par sir Keir Starmer et d’autres hommes de loi. Parmi les anciens clients de Hermer, il y a les réfugiés srilankais aux Chagos».

Rappelons que c’est durant un précédent mandat de Navin Ramgoolam en 2010, que Philippe Sands avait été sollicité pour diriger l’équipe juridique de Maurice dans son combat pour la souveraineté des Chagos, territoire disputé aux Royaume-Uni et abritant l’importante base militaire américaine, sur la plus grande île de l’archipel, Diego Garcia.

Pour sa part, Philippe Sands relativise sa proximité avec l’actuel locataire du 10, Downing Street. Au Sunday Times britannique, il a affirmé qu’il n’aurait jamais dit un mot à propos des Chagos à sir Keir Starmer et qu’il ne l’a pas rencontré depuis qu’il est devenu le PM britannique. «Je ne l’ai pas invité au lancement du livre parce que je ne veux causer aucune difficulté».

En guise de conclusion, il a affirmé au Sunday Times britannique : «Je suis vraiment fier d’être un avocat britannique. Je suis très fier de pouvoir agir en faveur de gens du monde entier, y compris de Maurice, et de ne pas être attaqué à cause de cela. Même si cela commence à changer, j’en ai peur.»

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