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General Workers Federation
Pension à 65 ans : une «ligne rouge» franchie selon les syndicats
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Pension à 65 ans : une «ligne rouge» franchie selon les syndicats

■ La General Workers Federation (GWF) et le Joint Negotiating Panel (JNP) montent au créneau contre la réforme de la pension universelle.
«On touche à la pension universelle et c’est une douche froide pour la population.» Le ton est donné par Clency Bibi, président de la General Workers Federation (GWF), lors d’une conférence de presse conjointe avec le Joint Negotiating Panel (JNP) – formations syndicales dans lesquelles évoluait Ashok Subron –, hier, dans les locaux syndicaux.
Visiblement consterné, il déplore que les droits des travailleurs soient ainsi bafoués, à peine sept mois après l’arrivée au pouvoir de l’Alliance du changement. «Et dire que cette alliance a été élue grâce au soutien des travailleurs. Aujourd’hui, on s’attaque à leur retraite.»
Le syndicaliste rappelle que cette mesure ne figurait nullement dans le manifeste électoral du gouvernement. «Au contraire, il était question d’augmenter la pension et de garantir sa non-imposition.» Il condamne fermement la manière dont la réforme a été annoncée, sans dialogue préalable : «Il n’y a eu aucune consultation. On aurait pu en discuter et trouver ensemble une solution équitable.» Clency Bibi questionne, par ailleurs, le fondement même de la décision. «A-t-on réalisé une étude sérieuse sur l’espérance de vie à Maurice ?»
Pour lui, la pension de vieillesse représente un filet de sécurité essentiel pour de nombreuses personnes, surtout dans un contexte de vie de plus en plus chère. Il s’élève aussi contre l’influence excessive accordée aux agences de notation comme Moody’s. «C’est une institution du système capitaliste. Appauvrir la population sur cette base est inacceptable.»
Double langage des politiciens
Le président de la GWF met en lumière les métiers physiques, souvent oubliés dans les débats politiques. «Que dire des travailleurs d’autobus, qui se lèvent aux aurores, des ouvriers agricoles, des employés d’usine travaillant sur de lourdes machines, des maçons ou encore des techniciens du Central Electricity Board ?» Il lance un appel direct au Premier ministre et ministre des Finances. «Asseyons-nous autour d’une table, syndicats et gouvernement, et trouvons une voie commune.»
Devanand Ramjuttun, du Joint Negotiating Panel, parle, lui, d’une situation révoltante. «Cette décision a été prise sans cœur, sans pitié.» Il dénonce le double langage des politiciens et cite l’épisode de 2004, lorsque Paul Bérenger avait tenté d’instaurer un ciblage de la pension de vieillesse avant que Navin Ramgoolam n’en fasse un thème de campagne en 2005 pour reprendre le pouvoir.
Ramjuttun critique également le système actuel des pensions pour les élus. «Certains anciens députés touchent une pension après seulement deux mandats, parfois même moins. Et les épouses des anciens présidents défunts reçoivent aussi une pension.» Pour lui, un référendum sur la question de la pension universelle permettrait à la population de trancher démocratiquement.
Ashvin Gudday, négociateur de la GWF, exprime sa colère contre les propos de certains membres du gouvernement, refusant aux citoyens le droit d’être «émotionnés» par cette réforme. «C’est une insulte. Les gens nous arrêtent dans la rue pour en parler. Ils se sentent concernés. Et pendant ce temps, certains hauts placés bénéficient de salaires mirobolants.»
Il dénonce une politique à géométrie variable. «Quand ils sont dans l’opposition, ils réclament la concertation. Une fois au pouvoir, ils imposent sans dialogue.» Il appelle à une réflexion nationale autour de cette réforme et s’interroge sur les promesses non tenues : la redevance télé, la Carer’s Allowance ou encore les matchs de foot anglais gratuits.
Sharvin Sunassee, également négociateur syndical, attire l’attention sur certaines dépenses jugées superficielles dans le Budget 2025- 26. «On prévoit de rénover les jardins de Clarisse House et du Château du Réduit pour Rs 12 millions. On parle même d’un jardin ayurvédique. Est-ce réellement une priorité ?»
Il dénonce un choix budgétaire injuste. «Pendant qu’on pénalise les personnes âgées, dont certaines dépendent entièrement de cette pension pour leurs médicaments ou pour rester autonomes, on engage des sommes folles pour l’esthétique et le prestige. La ligne rouge est franchie.»
La GWF et le JNP promettent de porter le débat au plus près des citoyens. Ils prévoient des actions dans les circonscriptions et sur les lieux de travail. «On ne peut traiter la population de cette manière, surtout la classe moyenne», conclut Clency Bibi, déterminé à faire entendre la voix des travailleurs dans cette bataille.
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