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Assises de l’éducation

Paroles libérées, attentes renforcées

18 avril 2025, 10:00

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Paroles libérées, attentes renforcées

■ Les partenaires du pré-primaire aux études techniques ont répondu présents aux trois jours de discussions et de réflexion sur l’avenir du secteur éducatif.

Harcèlement, indiscipline, surcharge des classes ou encore conditions de travail dégradées : les problématiques soulevées sont nombreuses et parfois urgentes. Alors que les propositions ont été formulées, les professionnels du secteur attendent désormais des actions concrètes du ministère de l’Éducation. C’est ce qui ressort de ces trois jours de débats.

Trois jours de réflexions, d’échanges et de constats. C’est ce qu’ont permis les Assises de l’éducation qui se sont tenues cette semaine à l’auditorium du Mahatma Gandhi Institute, à Moka. Un espace ouvert où plusieurs problématiques qui affectent le système éducatif mauricien ont été mises à plat. Parmi les plus récurrentes : le harcèlement scolaire, l’indiscipline croissante dans les établissements et les conditions de travail des enseignants. Autant de sujets qui préoccupent aussi bien le personnel éducatif que les parents et les élèves. Aujourd’hui, tous attendent des mesures concrètes du ministère de l’Éducation pour redresser la barre.

Chaque journée a été dédiée à un palier du système éducatif : préscolaire, primaire, secondaire ou encore les Special Education Needs (SEN). Ces sessions ont donné la parole aux acteurs de terrain pour qu’ils expriment les réalités qu’ils vivent depuis plusieurs années. Hier, c’était au tour des stakeholders du secondaire de s’exprimer. Une discussion nourrie, d’autant plus qu’elle faisait suite aux pré-Assises du 27 mars, ce qui a permis aux participants d’entrer directement dans le vif du sujet.

Comme pour chaque groupe, sept grands thèmes ont été proposés à la discussion. Cependant, Arvind Bhojun, président de l’Union of Private Secondary Education Employees, regrette le temps alloué à ces échanges. «Nous avons pu nous retrouver, échanger et discuter. Chaque groupe a eu l’occasion d’aborder les thématiques dans des salles séparées avant de revenir à l’auditorium. Mais le temps imparti de 20 minutes pour chaque intervention était trop court», déplore-t-il. Il estime que pour des assises de cette envergure, où l’avenir de l’éducation est en jeu, il aurait fallu accorder plus de place aux échanges et aux propositions concrètes. «Beaucoup n’ont pas pu s’exprimer et des propositions contextuelles, directement liées à la réalité mauricienne, sont passées sous silence», ajoute-t-il.

Au primaire aussi, les discussions ont été animées. Les enseignants ont insisté sur la nécessité de réduire le nombre d’élèves par classe, certaines dépassant actuellement les 40 élèves, ce qui complique le suivi pédagogique. L’utilisation des langues maternelles en classe et l’adaptation de la Children’s Act ont également été évoquées. Autre sujet important : la responsabilisation parentale. Les enseignants estiment que face aux cas d’indiscipline et de mauvais comportement, les parents doivent être davantage impliqués, notamment dans les décisions scolaires et les réunions. Certains ont même suggéré des amendes pour les parents absents ou négligents.

Une école inclusive encore trop oubliée

Le secteur du préscolaire n’a pas été en reste. Les participants ont plaidé pour l’amélioration des conditions d’emploi des Assistant Teachers et pour la revalorisation salariale des managers et des puéricultrices. Ils ont aussi souligné l’importance de réduire l’écart entre les écoles maternelles publiques et privées, et de renforcer l’encadrement des slow learners pour leur assurer une meilleure transition vers le primaire. Les enfants à besoins spéciaux doivent eux aussi être intégrés dans le système, et bénéficier d’un personnel formé et sensibilisé.

Enfin, le secteur SEN, souvent oublié dans les grands débats éducatifs, a eu voix au chapitre. Bondy Poorasveensingh, manager de la Southern Handicapped Association et président d’Inclusion Mauritius, salue cette participation inédite. «Pendant dix ans, nous avons été les parents pauvres de l’éducation. Malgré la création de la Special Education Needs Authority, la SENA, nous restions isolés. Ces assises marquent un tournant», confie t-il. Le secteur a présenté un document de 35 propositions, axées notamment sur une meilleure insertion professionnelle des jeunes issus des écoles SEN. «Il faut accompagner ces jeunes dès leur jeune âge, leur proposer des formations et les aider à s’insérer dans le monde du travail une fois leur scolarité terminée», explique-t-il.

Au terme de ces trois jours, les attentes sont nombreuses. Les propositions sont sur la table et le monde éducatif reste suspendu aux décisions que prendra désormais le ministère. Une chose est sûre : maintenant que les acteurs du terrain ont à présent parlé, place à l’action.

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