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Crise diplomatique

Parlement panafricain: Maurice risque de perdre sa voix en 2025

31 juillet 2025, 13:00

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Parlement panafricain: Maurice risque de perdre sa voix en 2025

■ La lettre de Navin Ramgoolam envoyée au Parlement panafricain.

Le gouvernement est engagé dans une confrontation diplomatique délicate avec le Parlement panafricain (PAP), alors que se tient à Midrand, en Afrique du Sud, la cinquième session ordinaire du sixième Parlement panafricain. En cause : le refus du PAP d’assermenter les membres de la délégation mauricienne, les empêchant ainsi de participer pleinement aux travaux parlementaires. Cette décision pourrait priver Maurice de toute voix au chapitre jusqu’en 2026. Le gouvernement mauricien avait jusqu’à mardi pour envoyer une nouvelle délégation respectant les critères nécessaires. Le Credentials Committee du Parlement panafricain avait rejeté la demande d’assermentation des cinq délégués mauriciens. Selon cette instance, la composition de la délégation ne respecte pas les principes du protocole de l’Union africaine, qui exige une représentation politique équilibrée, incluant une diversité d’opinions. En l’absence de conformité à cette exigence, les représentants mauriciens ne peuvent siéger, ni prendre part aux débats, ni voter lors des sessions plénières. La sanction est claire : si aucune modification n’était apportée d’ici le 29 juillet, Maurice perdra toute capacité de participation active pour le reste de l’année 2025.

Pour faire valoir sa position, le chef du gouvernement, Navin Ramgoolam, a adressé une correspondance officielle au président du PAP et à Mahmoud Ali Youssouf, président de la Commission de l’Union africaine. Dans sa lettre, il exprime son profond désaccord avec la décision du PAP et demande une révision urgente. Toutefois, selon nos informations, le gouvernement n’a pas l’intention de modifier la composition de sa délégation et attend désormais une réponse officielle. Le ton est monté au Parlement le vendredi 25 juillet, où le Premier ministre, dans une déclaration musclée, a dénoncé ce qu’il qualifie «d’atteinte à la souveraineté nationale». Selon lui, il est inacceptable qu’un État membre, respectueux de ses obligations, soit ainsi empêché de siéger. Le Premier ministre a même évoqué, à demi-mot, une possible sortie de Maurice du Parlement panafricain si la situation ne se débloque pas.

Coût de Rs 1,13 million

La crise a pris une nouvelle tournure lors de la séance parlementaire de mardi, où le député de l’opposition Adrien Duval a interpellé le chef du gouvernement sur la mission officielle de la délégation mauricienne en Afrique du Sud. Navin Ramgoolam a confirmé que la délégation était composée des parlementaires suivants : Roshan Jhummun, Anabelle Savabaddy, Kevin Lukeeram, Tony Apollon et Chetan Baboolall. La mission, initialement prévue du 16 juillet au 1er août, a été écourtée et s’est achevée le 25 juillet. Le coût total de la mission s’est élevé à Rs 1 134 471, comprenant les frais de voyage, d’hébergement et d’indemnités journalières. Le Premier ministre a précisé que les membres de la délégation rembourseront l’excédent de per diem, versé sur la base de la durée initialement prévue.

Répondant aux critiques de l’opposition, Navin Ramgoolam a renversé la charge en évoquant le comportement du député Adrien Duval lorsqu’il avait brièvement occupé la présidence de l’Assemblée nationale. Il a révélé qu’en l’espace de deux semaines, ce dernier avait effectué trois missions à l’étranger en Inde, en Chine et en Arménie pour un coût de Rs 748 102, sans compter les frais engagés pour les autres membres de la délégation. Le chef du gouvernement est également revenu sur le cas du député Franco Quirin, ancien représentant de Maurice au Parlement panafricain. Il a rappelé que ce dernier avait déjà siégé pour deux mandats complets, de 2015 à 2018 et de 2020 à 2024, participant à quinze missions pour un coût total de Rs 3 835 206. Ramgoolam a souligné que, selon le protocole de l’Union africaine actuellement en voie de ratification, un membre du PAP ne peut exercer que deux mandats successifs.

Enfin, Navin Ramgoolam a réfuté les critiques selon lesquelles la délégation ne serait pas représentative. Il a rappelé que la règle exige une diversité d’opinions et non une représentation obligatoire de l’opposition parlementaire. À cet égard, il a insisté sur le fait que la majorité gouvernementale actuelle est issue d’une coalition plurielle, regroupant quatre partis politiques ainsi que des élus de Rodrigues, ce qui garantit, selon lui, une pluralité de points de vue.

À moins d’un compromis de dernière minute, la délégation mauricienne pourrait être contrainte d’attendre la prochaine session annuelle pour retrouver sa voix au Parlement panafricain. Une exclusion qui, au-delà du symbole, risquerait de réduire l’influence régionale de Maurice au sein des instances continentales.

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