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Enquête sur la mort des patients dialysés en 2021
«Ou pran enn fami dimounn ou ale, me ou pa touy li !» lance en larmes Krishna Ramsamy
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Enquête sur la mort des patients dialysés en 2021
«Ou pran enn fami dimounn ou ale, me ou pa touy li !» lance en larmes Krishna Ramsamy

Krishna Ramsamy a livré un témoignage bouleversant, hier, en cour de Curepipe.
Les auditions se poursuivent en cour de district de Curepipe autour du décès de plusieurs patients dialysés à l’hôpital de Souillac en 2021. Des témoignages bouleversants se succèdent, portés par des proches épris de vérité et de justice. Hier, Krishna Ramsamy a pris la parole pour relater les derniers jours de son épouse, Saro- djnee Ramsamy, décédée le 21 avril 2021.
Interrogé par Me Jean Michel Ah Sen, du bureau du Directeur des poursuites publiques, il a raconté comment sa vie a basculé en mars 2021. Comme d’autres patients dialysés, son épouse a été placée en quarantaine à la suite d’un test positif au Covid-19 chez une infirmière de l’unité de dialyse. «Je voulais l’accompagner, car elle dépendait de moi pour certains soins. On m’a dit que ce n’était pas gratuit.» Bien qu’il ait proposé de payer, sa demande a été rejetée.
Ils sont restés en contact, et Krishna raconte que son épouse n’a reçu une chambre que très tard dans la nuit, sans avoir pu manger. Les repas servis n’étaient pas adaptés aux patients dialysés. Inquiet, il a tenté de lui apporter à manger, notamment les jours de traitement à l’hôpital de Souillac. Il reproche au ministère de la Santé une mauvaise gestion des séances de dialyse.
«Elle ne recevait pas ses traitements comme il fallait. Une fois, elle n’a eu qu’une séance de 30 minutes, ce qui l’a rendue malade. Elle m’ap- pelait souvent pour que j’intervienne.» Un jour, affaiblie, elle a été transférée à l’hôpital de Rose-Belle. «Elle a eu une séance de dialyse à 22 heures, terminée à 1 heure du matin. Elle m’a ensuite appelé pour me dire qu’elle retour- nait à l’hôtel pour poursuivre la quarantaine.»
Les larmes aux yeux, il se remémore les moments passés à attendre au bord de la route, espérant entrevoir l’ambulance, le lendemain. Son épouse a été plusieurs fois transférée entre l’hôpital et l’hôtel Tamassa. Le 9 avril, elle lui annonce qu’elle est positive au Covid-19 et qu’elle sera isolée à l’hôpital. «Sa fenêtre donnait sur la cour. Je restais devant le portail, je lui parlais au téléphone. Même si je ne voyais que son ombre, je pense qu’elle me voyait.» Selon elle, durant cette période, ni médecins ni infirmiers ne lui ont prescrit de médicaments, et les séances de dialyse se sont espacées. «Elle m’appelait pour se plaindre, et je devais contacter l’hôpital pour qu’on s’occupe d’elle.» Son état s’est dégradé le 19 avril. Transférée à l’hôpital ENT pour un scanner, elle a été admise aux soins intensifs.Elle est décédée deux jours plus tard.
Des questions demeurent : les patients ont-ils reçu leurs séances de dialyse complètes ? Les machines étaient-elles correctement désinfectées ? Deux décès ont été enregistrés à trois jours d’intervalle sur la même machine. Mais ce que Krishna Ramsamy regrette le plus, c’est de ne pas avoir pu faire ses adieux. «Nous avions préparé ses vêtements, mais l’hôpital a tout pris en charge. Elle a été enterrée dans une caisse, jetée dans la fosse par un JCB, avec des pierres balancées dessus. Aucun respect. Oun pran enn fami dimounn oun ale, me ou pa touy li. Il fallait lui donner des soins, et non pas la traiter comme un animal. Mo sagrin pou res toultan.» L’audience s’est tenue sous la présidence de la magistrate Shavina Jugnauth. Prochaine séance : mardi prochain.
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