Publicité

Agaléga

Nouvelle colère des habitants

24 mai 2025, 14:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Nouvelle colère des habitants

■ Les habitants ont placé de grands espoirs dans le gouvernement lors de la venue officielle de Paul Bérenger en avril, mais ils disent avoir été bercés d’illusions.

Ils y ont cru. Quand le Premier ministre adjoint, Paul Bérenger, a foulé le sol d’Agaléga le mois dernier, accompagné de plusieurs autres responsables, certains pensaient – ou espéraient – que les choses allaient enfin bouger. Mais un mois plus tard, la désillusion est amère. Le quotidien des Agaléens, lui, n’a pas changé. Pire : il empire.

Le problème majeur ? Le transport. Depuis décembre, plusieurs Agaléens sont toujours bloqués à Maurice, sans possibilité de rentrer chez eux. Les liaisons maritimes entre Maurice et Agaléga sont rares – quatre par an – et l’accès aux places à bord du navire reste un véritable casse-tête. «En décembre, on n’a pas eu de place. En mars, on nous a promis un départ, mais voilà qu'arrive la fin de mai et nous sommes toujours coincés ici», lâche, dépité, l’un des résidents.

Des miettes

Ce qui dérange profondément, c’est la répartition des places à bord. Sur environ 100 sièges disponibles, 50 seraient systématiquement réservés aux travailleurs indiens présents dans l’archipel, selon les informations fournies aux Agaléens. À cela s’ajoutent une vingtaine de sièges alloués aux délégations officielles. Résultat : les habitants, eux, doivent se contenter des miettes. «On se sent une fois de plus mis de côté. Comment peut-on nous empêcher de rentrer chez nous ?», s’indigne un autre habitant. Pour beaucoup, la situation est inacceptable. «Certains parmi nous n’ont même pas de proches à Maurice. Où sommesnous censés vivre ?», s’interroge une mère de famille. Certains trouvent temporairement refuge auprès des Amis d’Agaléga, mais la frustration grandit. «Ce n’est pas notre maison. Notre foyer est là-bas, sur notre île. On a le sentiment qu’Agaléga ne nous appartient plus.»

Et ce n’est pas tout.Le désarroi touche aussi le domaine de l’éducation. Avec seulement quatre enseignants pour tout le secondaire, l’inquiétude des parents est palpable. «Il devrait y en avoir six. Mais depuis janvier, l’un d’eux n’est jamais venu. Et lors de la visite ministérielle en avril, un autre a quitté l’île pour des raisons médicales. Il n’est toujours pas revenu.» À la maternelle, c’est une jeune volontaire qui prend les choses en main, faute de personnel. Elle fait de son mieux, mais combien de temps tiendra-t-elle sans soutien ?

La coupe est pleine. Les Agaléens sont en colère. Ils se sentent oubliés, négligés, ignorés. «Le gouvernement clame que l’éducation est une priorité. Mais regardez notre situation. Où est la cohérence ? Où sont les engagements pris en avril ?», interrogent-ils, amers. À Agaléga, le sentiment d’abandon prend racine. Et si rien ne change rapidement, c’est toute une communauté qui risque de perdre espoir.

Publicité