À Maurice, les couloirs du pouvoir ont parfois la langue bien pendue. Depuis quelque temps, des murmures persistants circulent au sein du ministère de la Santé et du Bien-être (MOH) : Anil Bachoo aurait trouvé un précieux allié en la personne du député Sandeep Prayag (photo), plus connu sous le nom de Nitin, ancien médecin et élu de la circonscription no 7 (Piton–Rivière-du-Rempart).

Ayant travaillé durant 14 ans à l’hôpital Sir Seewoosagur Ramgoolam National, à Pamplemousses, Nitin Prayag est reconnu pour son dévouement et son combat de longue date en faveur d’un service de santé publique digne, efficace et humain. Aujourd’hui député, il met son expérience au service du ministère pour aider à relever les défis qui, depuis trop longtemps, paralysent le système de santé.

Selon nos informations, il serait l’un des rares à maîtriser les dossiers les plus délicats. Depuis plusieurs semaines, il jouerait un rôle clé, aidant le ministre à relever la multitude de défis auxquels est confronté le secteur.

Lorsqu’on l’a contacté pour confirmer ces rumeurs, l’homme à la simplicité désarmante a répondu, non sans humour : «Mwa osi mo finn tann sa», lâche-t-il à propos de son rôle d’«acteur de l’ombre», qualificatif utilisé par ses anciens collègues et amis fonctionnaires.

Œuvrer pour améliorer

Mais il tient à préciser, avant d’aller plus loin, ne vouloir prendre la place de personne ni avoir l’intention de devenir ministre. «Touletan mo ti aspir pou travay kouma depite opre dimounn ki mo sir pou fer travay-la pou bienet bann pasian. Mo pena okenn lintansion vinn minis ni bar plas personn. J’ai quitté la profession que j’adore pour rejoindre la politique, justement parce que j’étais limité dans ma capacité à faire avancer les choses ou à corriger ce qui ne va pas.»

Son but, dit-il, c’est d’œuvrer pour améliorer les conditions de travail des médecins qui œuvrent dans le public ainsi que la qualité des services offerts aux patients. Il veut aussi mettre son expertise au service du ministre pour identifier les failles systémiques et proposer des solutions concrètes. «Li devwar tou dimounn ki konpran lopital ek sistem lasante piblik donn enn koudme.»

Le député, qui s’est illustré ces derniers mois à l’Assemblée nationale par ses nombreuses questions sur la santé publique, ne mâche pas ses mots. Il fustige l’inaction des précédents gouvernements : «Zot inn dormi pandan 10 an». Pour lui, Anil Bachoo est l’homme de la situation, malgré la lourde tâche qui lui incombe : «Mo pa krwar nou ti pou kapav ena enn minis pli bien ki li. Li ena enn fardo bien lour.»

Parmi les priorités auxquelles il s’attaque, on retrouve le problème du délai d’admission des patients : certains restent en attente des heures entre les casualty et leur transfert en salle. Il insiste aussi sur la mise en place urgente d’un Transition Lounge pour les patients autorisés à regagner leur domicile, mais qui doivent patienter dans des conditions peu humaines jusqu’à l’arrivée de leurs proches ou d’une ambulance pour les ramener à leur domicile.

Conscient que son franc-parler peut déranger, il rappelle un cas choquant pour illustrer le manque de rigueur dans la gestion des admissions : «Enn misie inn gagn atak, so madam amenn li lopital e zot admet li dan lasal simio pou pa tarde letan pe fer so bann papie. Zis akoz inn dimande komie letan zot inn pran pou admet enn pasian dan lasal depi emergency. Se sa bann pratik-la bizin sanze.»

Avant de conclure, Nitin Prayag a tenu à rendre hommage aux médecins du service public, souvent critiqués, mais dont l’engagement, selon lui, est guidé par la vocation et non par le salaire :«Ils ne le font pas pour un salaire mais par amour et pour honorer le serment qu’ils ont prêté.»

À noter que le député siège également, en tant que médecin, à la Medical Protection Society, une association regroupant des professionnels de santé, engagée dans la lutte contre les négligences médicales et l’amélioration des standards de soins à travers des conférences et des formations.