Publicité

Fitness

Musculation, stéroïdes et des Unapproved Bodybuilding Products: Un danger sous-estimé à Maurice

4 février 2025, 16:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Musculation, stéroïdes et des Unapproved Bodybuilding Products: Un danger sous-estimé à Maurice

La culture du fitness à Maurice n’a jamais été aussi populaire. L’influence sociétale en faveur du corps parfait – portée à son paroxysme par le cinéma et la publicité – pousse de nombreux adeptes à s’entraîner intensément pour atteindre leur physique idéal. Si cette activité physique exige une discipline alimentaire rigoureuse et des efforts physiques soutenus, certains sont tentés par des raccourcis, notamment des stéroïdes anabolisants, des Selective Androgen Receptor Modulators et des growth hormones. Le MK-677, un booster d’hormone de croissance, et le Rad-140, un Selective Androgen Receptor Modulator, sont en vente libre à Maurice, malgré l’obligation d’une ordonnance (Androtardyl). Outre certaines pharmacies, certains coachs sportifs et propriétaires de salles de gym n’hésitent pas à vendre, et même à inciter, leurs clients à prendre ces produits. L’heure est grave !

Mettons de côté les amateurs de cardio qui visent à amincir leur silhouette. Cet article concerne la culture physique par le biais des exercices de tirage et de poussée. Une observation factuelle de la fréquentation des salles de gym révèle un rajeunissement des adeptes de culture physique. De plus en plus de jeunes, «surtout après les heures d’école», viennent s’adonner à la musculation. «Zot pena linz. Pe train ar zot linz lekol mem», dira un coach. Mais encore ! En parallèle, les influenceurs et influenceuses pullulent sur les réseaux, notamment sur TikTok.

Pour l’heure, le domaine de choix à Maurice demeure l’alimentation, ou plutôt plan kot pou manze, mais l’influence de la culture physique n’est pas loin de prendre son envol dans l’île. Cela se fait déjà de manière ostentatoire et excessive à l’étranger ! Un physique de rêve équivaut à une vie de rêve, à en croire certains. Après tout, hormis les introvertis qui détestent la société, qui n’aime pas plaire ? Or, certains influenceurs internationaux, mais aussi à Maurice, bien qu’encore à l’état de balbutiement, peuvent avoir une très mauvaise influence sur les jeunes. Las de lire et de se renseigner via des contenus sérieux et approuvés, des TikToks de deux minutes vantent la prise de stéroïdes. La solution miracle, paraît-il. Certains contenus conseillent aux adolescents la prise d’hormones – le MK-677 – pour gagner en taille, en masse et aussi en taille d’organe sexuel.

Une récente enquête effectuée par l’express a révélé que la vente de stéroïdes et des Unapproved Bodybuilding Products est bien ancrée à Maurice. On apprend que leurs ventes ne sont pas forcément interdites, car certains soucis de santé nécessitent la prise continue de stéroïdes et de boosters d’hormones. Reste que certaines pharmacies en vendent aussi sans ordonnance. «Zot bien kone pou enhance rezilta gym ar sa!» Et pas que ! Certains coachs sportifs et propriétaires de salles de gym se font un sacré pognon grâce à des clients pressés d’obtenir des résultats. «Ena pe roul bel loto ek lavant sa bann zafer-la.» Parlons desdits produits ! Le RAD-140 est un SARM qui cible sélectivement les récepteurs aux androgènes dans les tissus musculaires et osseux, imitant ainsi les effets de la testostérone. Il est réputé pour ses puissants effets anabolisants, ce qui en fait l’un des SARM. Le Rad-140 se vend aux alentours de Rs 6 000. «Pran li pandan de mwa, apre maintain dan gym», dira le pharmacien à qui on a cherché à en acheter. Pas un seul mot sur une quelconque thérapie post-cycle (PCT).

On vous explique. À la fin d’un cycle de prise de stéroïdes, qui dure environ deux mois, vous serez en suppression hormonale. «Votre corps ne va plus créer de testostérone vu qu’on lui injecte une bonne dose déjà pendant deux mois», explique un médecin du public. Il faudra utiliser un PCT pour «kickboost» la production de testostérone dans votre corps. «Pa bliye. Kan sik 140 fini, bizin pran PCT, apre fer poz, apre refer enn lot sik. Ale mem koumsa. Les gains, du moins le maintien des gains, sont tributaires de la prise continue de stéroïdes», informe un adepte. «Pa net pran, al gym, vinn bel, apre maintain. Sa fos sa», ajoute-t-il. La prise de stéroïdes et et des Unapproved Bodybuilding Products sans encadrement peut être «catastrophique». «Certains sont venus chercher un PCT à l’hôpital après leur cycle sans même savoir de quoi il s’agissait. J’ai eu affaire à des jeunes anorexiques ou en surpoids et surtout victimes de dépression. Kan mo’nn get zot foto avan ek zot leta aster, mo’nn gagn sok», dira ce même médecin. En gros, l’arrêt du cycle occasionne l’absence de testostérone. La testostérone améliore la synthèse des protéines, ce qui favorise une récupération plus rapide et une croissance musculaire accrue.

Avez-vous entendu parler de gynécomastie ? La gynécomastie est une augmentation du volume du tissu mammaire (poitrine) chez les personnes assignées homme à la naissance. «L’absence de testostérone et l’augmentation de l’œstrogène peuvent éventuellement amener une perte de tous les muscles pour ensuite mener vers la gyné-comastie, la prise de poitrine chez les hommes.» «Ena inn deforme ek inn bizin al fer sirirzi», ajoutera un coach dans une salle du nord.

Puis, l’autre produit phare est le MK-677, vendu autour de Rs 7 000. Il ne s’agit pas de stéroïde et des Unapproved Bodybuilding Products à proprement parler, mais d’un booster d’hormone de croissance. La Sports Integrity Australia est catégorique : «Ibutamoren (MK-677) not OK – don’t be fooled by marketing!» Il est interdit dans le sport et présente une série d’effets secondaires dangereux. Pire encore, l’Ibutamoren n’a même pas été approuvé pour un usage humain. Cela signifie qu’il n’existe aucune donnée sur sa toxicité et l’étendue des effets secondaires potentiels, notamment à long terme, reste inconnue. Les effets secondaires rapportés incluent : augmentation de l’appétit, gonflement, anxiété, engourdissement, douleurs musculaires, diminution de la densité minérale osseuse, augmentation de la glycémie à jeun et une diminution de la sensibilité à l’insuline. Tout comme le Rad-140, le MK-677 nécessite plusieurs cycles pour un rendement optimal. Pas besoin de PCT, mais les effets secondaires de ce produit sont multiples.

L’inquiétude grandit face à l’augmentation de l’insatisfaction corporelle chez les jeunes hommes, notamment en lien avec la masculinité. «Les individus développent une obsession malsaine pour la prise de masse et la définition musculaire, les exposant au risque d’un excès d’exercice et de l’usage de substances, notamment des agents anabolisants, pour atteindre leurs objectifs», conclut la Dr Laura Lallenec, en Australie, contactée pour les besoins de cet article.


Un culturiste : «At pro level, they all take it»

L’avis d’un culturiste mauricien basé à l’étranger a été recherché. «I respect people who take it when they compete.» Le ton est donné. La prise de stéroïdes pour la compétition, encadrée par des professionnels de santé et de culture physique, n’est, selon notre culturiste, pas «une aberration». «I don’t like cursing steroids because your body can’t reach a certain level.» Il déconseille toutefois la prise de stéroïdes par simple désir esthétique ou par manque de patience : «But nowadays people choose steroids too early without having achieved the limit naturally.» Les risques associés à la prise de stéroïdes sans suivi médical sont un danger. L’essor que prend, selon lui, la culture physique auprès de jeunes Mauriciens nécessite une approche dédiée de la part des autorités du pays. «Fode pa kree enn lager ant steroid ek natirel. Dimounn ki anvi pran li, li bon pou li si li bien ankadre. Me li bon nou soulev bann risk atase.»

Publicité