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Tensions autour d’Agaléga
L’ombre d’une base militaire indienne refait surface, malgré les démentis mauriciens
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Tensions autour d’Agaléga
L’ombre d’une base militaire indienne refait surface, malgré les démentis mauriciens

■ Vue aérienne d’Agaléga, au centre d’un débat sur une possible présence militaire indienne.
Alors que les autorités mauriciennes affirment depuis des années qu’il n’existe aucune base militaire indienne sur Agaléga, une nouvelle publication du site spécialisé Indian Defence Research Wing relance le débat. Dans un article publié le 4 mai, le site indien affirme avec assurance que l’Inde a bel et bien inauguré une base militaire stratégique sur cette île isolée de Maurice en février 2024, dans le cadre de sa stratégie de sécurisation de l’océan Indien.
Cette déclaration contredit frontalement les assurances répétées du gouvernement mauricien. En avril, le Premier ministre adjoint Paul Bérenger, après une visite officielle de deux jours sur Agaléga, affirmait clairement : «Il n’y a pas de base militaire sur Agaléga. Nous avons lu mot pour mot l’accord signé avec l’Inde et il n’y est fait aucune mention d’une base militaire.» Pourtant, l’article publié par Indian Defence Research Wing, l’une des plateformes les plus reconnues en Inde sur les questions de défense, va bien plus loin. Le site décrit Agaléga comme un «pivot stratégique» dans le cadre de la stratégie indienne baptisée «Necklace of Diamonds», visant à contrer l’influence croissante de la Chine dans la région à travers son propre réseau d’implantations, surnommé le «String of Pearls».
D’après l’article, la base d’Agaléga comprendrait une piste d’atterrissage de 3 000 mètres, capable d’accueillir des avions militaires lourds comme le Boeing P-8I Poseidon, spécialisés dans la surveillance maritime et la guerre anti-sous-marine. Un quai en eau profonde y aurait également été construit pour recevoir des navires de guerre de la marine indienne. L’installation permettrait à l’Inde d’assurer une surveillance renforcée du canal du Mozambique, l’un des corridors maritimes les plus fréquentés au monde, tout en constituant un point de projection opérationnelle dans l’océan Indien occidental. L’article précise que le projet a été financé par un investissement indien de 87 millions de dollars, initié par un protocole d’accord signé avec Maurice en 2015.
Silence contractuel et clauses de confidentialité
Lors de la tranche de questions parlementaires du mardi 25 mars, le Premier ministre Dr Navin Ramgoolam est revenu sur l’accord conclu entre les deux pays. Il a confirmé l’existence d’une clause de confidentialité empêchant la divulgation complète de certains détails de cet accord, signé le 27 mai 2017. Toutefois, il a tenu à rassurer : «Après consultation avec le Premier ministre adjoint, nous n’avons relevé aucun élément mettant en péril la souveraineté ou l’intégrité territoriale de Maurice.» Il a également précisé que les travaux concernent avant tout la sécurité maritime et la logistique.
Cependant, cette clause de confidentialité alimente les spéculations au sein de l’opinion publique et chez certains observateurs qui craignent que Maurice n’ait cédé une partie de sa souveraineté de manière implicite.
Sur le terrain, les perceptions varient. Le Resident Manager de l’île, Emmanuel Jasmin, affirme qu’il n’a rien observé qui puisse confirmer la présence d’une base militaire. «La présence indienne est là, mais pas de base militaire.» Une position qui reflète un flou persistant : s’agit-il d’installations purement logistiques destinées à appuyer des missions humanitaires et de surveillance maritime, ou de véritables infrastructures militaires déguisées ?
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