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L’État dépenaillé
Il y a dans le vent des rapports d’audit une odeur de papier jauni avant l’heure. Chaque année, il revient, le grand bilan de nos incuries, lesté de chiffres vertigineux et de constats accablants. Et chaque année, il retourne d’où il vient : dans l’oubli, dans le déni, dans le silence d’un tiroir. Le spectacle est connu, presque ritualisé. L’indignation feutrée des parlementaires. La colère passagère dans la presse. Et puis, le mutisme. Jusqu’à l’année suivante.
Mais ce que révèle le dernier rapport de l’audit n’est plus simplement un déséquilibre budgétaire. C’est la preuve d’un État, qui a perdu le contrôle de ses propres règles, où l’on confond urgence et opportunisme, service public et rente politique.
Les Emergency Procurements durant la pandémie du Covid-19 ont laissé des cicatrices profondes : surfacturations délirantes, fournisseurs sans foi ni antécédents, contrats en or taillés sur mesure pour les amis du régime. Derrière l’écran de la crise sanitaire, c’est un pillage systématique que l’on devine, orchestré à tous les étages de l’appareil d’État.
Et ce n’est pas tout. La dette publique, elle, grimpe comme les herbes folles dans une cour oubliée : Rs 546,1 milliards au 30 juin 2024. Une dette qui pèse désormais plus que nos rêves collectifs. Le service de cette dette avale 40 % des dépenses publiques. On emprunte pour payer les intérêts de ce qu’on a déjà emprunté. C’est un cycle d’asphyxie.
Mais au fond, le chiffre n’est qu’un symptôme. Le mal est plus profond. C’est celui d’un clientélisme devenu système, d’une Fonction publique minée par la médiocratie, où les compétences cèdent le pas au piston. Là où ailleurs on nomme les meilleurs, ici on place les fidèles.
Ce n’est pas une question de gouvernement. Tous y ont trempé. Ce n’est pas une affaire de partis. Tous s’en accommodent. C’est une culture qui s’est incrustée dans les murs de nos institutions. Et ce n’est qu’en la déracinant qu’on retrouvera un peu de lumière
Car la transparence n’est pas un luxe. C’est une exigence démocratique. Et dans un pays où chaque roupie gaspillée est une gifle à ceux qu’on exhorte à «se serrer la ceinture»...
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