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Les femmes méritent d’avoir le droit de décider plutôt que de risquer leur vie en secret
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Les femmes méritent d’avoir le droit de décider plutôt que de risquer leur vie en secret

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La récente découverte d’un fœtus, enterré illégalement, par deux adolescents dont la mère, une mineure de 17 ans, dans un champ de canne à Chemin-Grenier le dimanche 13 avril, a laissé perplexe plus d’un, mais a également relancé cet éternel débat autour du tabou de l’avortement. S’il semble que le cas soit celui d’une interruption de grossesse illégale, il ne s’agit cependant pas du premier à être enregistré par les autorités à Maurice.
Toutefois, bien qu’en 2012 le gouvernement ait proposé un projet de loi visant à dépénaliser l’avortement et que le code pénal ait été modifié pour introduire l’article 235A, celle-ci permet seulement aux femmes, selon certaines conditions, d’interrompre leur grossesse.
Ainsi, bien que l’avortement reste strictement interdit à Maurice, il est cependant autorisé dans le cas où il existe une réelle possibilité que le fœtus développe une malformation ou une anormalité physique ou mentale qui le rendrait incompatible avec la vie, pour les filles mineures de moins de seize ans et les femmes victimes de viol ou d’inceste, si la grossesse met en danger la vie de la femme enceinte ou encore si la santé physique ou mentale de la femme enceinte est exposée à des risques pouvant entraîner de graves problèmes.
Toutefois, cette situation ne résout pas le problème dans son ensemble, selon de nombreux professionnels concernés par le sujet, aussi bien que des travailleurs sociaux actifs auprès des jeunes. Selon Chantal Espitalier-Noël, fondatrice de Fam-Unie, à qui revient l’initiative de la journée Fam to lasante li inportan, organisée au siège de la Fondation à Cité La Cure, Ste-Croix, hier, il est impératif et temps que la femme jouisse enfin du libre arbitre et de la possibilité de décider d’elle-même si elle veut ou non d’un bébé, en tenant compte de sa propre situation et de ses propres capacités.
Pour notre interlocutrice, dont la Fondation a pour but de soutenir les femmes en difficulté, retrouver un fœtus dans un champ de canne encore en 2025 est un signal fort que les auto- rités devraient enfin se décider à considérer, car il s’agit d’une situation qui ne cesse d’avoir des impacts beaucoup plus graves que la cessation de grossesse sur la société.
Il s’agit d’un sujet qui va au-delà de la religion et des croyances qui y sont liées, car il y va de la vie d’une femme, qui est elle-même un être humain avant d’être une machine à reproduction. La pauvreté, l’augmentation du coût de la vie, des relations sexuelles précoces sans connaissance approfondie, le non-recours à la contraception par manque de transparence et de débats, entre autres, sont de nombreux éléments à prendre en considération lorsque l’on estime qu’une femme est sur le point de donner la vie. Se demander si elle en a les capacités et les moyens devrait être plus important que de l’obliger à devenir mère.
À noter qu’en 2023, une première étude devait être lancée en ce qui concerne les causes et conséquences des avortements à Maurice, afin de déterminer les facteurs qui poussent les femmes à avoir recours à cette méthode. D’après de nombreux médecins, la majorité des femmes qui choisissent de se faire avorter sont celles qui ne veulent pas d’un deuxième enfant rapidement, et celles qui sont non mariées ou qui n’ont pas réussi à utiliser efficacement des méthodes de contraception ou la pilule du lendemain.
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