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Coup d’envoi des assises
L’Éducation mauricienne en débat : Entre constats et réformes à venir
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Coup d’envoi des assises
L’Éducation mauricienne en débat : Entre constats et réformes à venir

Le ministre de tutelle, Mahend Gungaparsad, a ouvert les Assises de l’Éducation devant une assistance conviviale et attentive, hier. © Beekash Roopun.
Le coup d’envoi des Assises de l’Éducation a été donné hier par le ministre de l’Éducation, Mahend Gungaparsad, à l’auditorium du Mahatma Gandhi Institute, à Moka. Cet événement marque un tournant décisif pour le secteur éducatif du pays. Un espace d’échanges, de réflexions et, surtout, de propositions, où les différents acteurs – enseignants, syndicats, décideurs et partenaires internationaux – sont invités à dresser un état des lieux réaliste et à proposer des pistes concrètes pour améliorer l’éducation à Maurice et dans les îles dépendantes.
Le ministre Mahend Gungaparsad l’a souligné d’emblée : «Nous connaissons déjà les problèmes, car ce sont les acteurs du terrain qui les vivent quotidiennement. Ce que nous voulons aujourd’hui, c’est réfléchir aux solutions. Les Assises de l’Éducation, c’est 20 % pour parler des problèmes et 80 % pour trouver des solutions.» Les discussions couvrent divers aspects : les infrastructures scolaires, la formation des enseignants, l’intégration des élèves à besoins spécifiques et les disparités entre les différentes régions, y compris Agaléga et Rodrigues.
Interpellé régulièrement au Parlement sur l’état des infrastructures scolaires, Mahend Gungaparsad reconnaît que plusieurs établissements souffrent d’un manque d’équipements : «Par exemple, 50 % des collèges d’État ne disposent pas de gymnase. Compte tenu des contraintes budgétaires, il nous faut prioriser. Nous allons lancer un audit complet de nos infrastructures pour évaluer leur état et définir un plan d’action structuré.»
L’expérience d’Agaléga et l’ouverture vers Rodrigues
Le cas d’Agaléga a été évoqué comme un symbole des difficultés spécifiques rencontrées dans les îles éloignées. L’an dernier, les élèves ont dû surmonter de nombreuses contraintes pour se rendre à Maurice et passer leurs examens, notamment à cause des conditions climatiques et des limitations en matière de transport. Face à cette situation, des discussions ont été entamées avec Cambridge, lors d’un déplacement en Angleterre, en faveur de l’ouverture d’un centre d’examens directement sur l’île. «L’intention est là, et nous espérons pouvoir concrétiser cela bientôt», a déclaré Mahend Gungaparsad.
Dans la même dynamique, une visite est prévue à Rodrigues, à l’invitation du Deputy Chief Commissioner et du commissaire à l’Éducation de l’île, Johnson Roussety. «Chaque île a ses spécificités. Nous devons être à l’écoute et adapter les solutions à leurs réalités.»
La représentante de l’Unesco, Louise Haxthausen, présente lors de la cérémonie d’ouverture, a souligné que le budget actuel alloué à l’éducation par Maurice reste en dessous du seuil recommandé à l’échelle internationale. Une remarque prise au sérieux par le ministre, qui envisage déjà d’augmenter les fonds alloués.
«Nous avons engagé des discussions avec l’Unesco pour renforcer la capacité de nos enseignants, moderniser nos équipements, envoyer nos enseignants se perfectionner à l’étranger et accorder une attention particulière à l’éducation spécialisée, qui demande avant tout beaucoup d’humanisme», a indiqué Mahend Gungaparsad. Profitant de l’occasion, Johnson Roussety a formulé une demande officielle pour organiser des Assises de l’Éducation à Rodrigues, afin d’offrir aux enseignants rodriguais un espace pour s’exprimer et contribuer à l’amélioration du système éducatif local.
Par ailleurs, le professeur David Stephens, de l’université de Brighton, a apporté une dimension philosophique au débat. Il a invité chacun à se poser trois questions essentielles : Pourquoi aller à l’école ? Quelle pédagogie privilégier ? Et quels doivent être les résultats à la fin du parcours scolaire ? «Il faut donner aux enfants l’envie de réussir leur vie et leur offrir la possibilité de choisir ce qu’ils aiment faire», a-t-il plaidé. Il souhaite que les institutions publiques soient imprégnées du même esprit d’apprentissage et d’épanouissement que les établissements privés.
Un avenir commun avec La Réunion et l’Afrique
Autre intervenant, Rostane Mehdi, recteur de l’Académie de La Réunion, a exprimé le souhait de voir émerger un programme bilatéral d’échanges éducatifs entre Maurice et La Réunion. De son côté, Albert Nsengiyumva, représentant de l’Association for the Development of Education in Africa, a insisté sur l’urgence d’améliorer la qualité de l’enseignement à Maurice. «Il n’est pas acceptable qu’un enfant de dix ans ne sache pas encore lire une simple phrase. Si un pays échoue dans l’éducation, c’est qu’il a échoué partout», a-t-il averti.
Ces Assises de l’Éducation, qui prendront fin le 17 avril, se veulent donc un moment clé pour écouter, comprendre, proposer et surtout agir. Les réformes attendues s’inscriront sur trois niveaux : l’immédiat, le court terme et le long terme. Une approche pragmatique et inclusive, dans l’espoir de bâtir un système éducatif plus équitable, performant et humain.
Ministres, députés ou encore «Attorney General» ont tenu à marquer leur présence à l’occasion du lancement de ces Assises.
Un programme court mais étoffé
Durant ces trois journées des Assises de l’Éducation, chaque secteur éducatif disposera de quelques heures pour faire entendre sa voix. Hier, le pré-primaire a ouvert le bal. Ce mercredi, la matinée est consacrée au primaire, tandis qu’après le déjeuner, ce sera au tour du secteur des Special Education Needs d’aborder ses problématiques et d’esquisser des pistes de solutions. Enfin, ce jeudi, les collèges secondaires auront quatre heures pour débattre, avant de laisser place, dans l’après-midi, aux échanges autour de la Technical and Vocational Education and Training et d’autres thématiques.
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