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Comité de politique monétaire
Le «key rate» à 4,5% pour renforcer la roupie
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Comité de politique monétaire
Le «key rate» à 4,5% pour renforcer la roupie

Le gouverneur de la BOM, Rama Sithanen, encadré de ses deux adjoints, Rajeev Hasnah (à g.) et Gérard Sanspeur, hier face à la presse.
-Croissance économique de 3,5 % et 4 % en 2025, projette la BoM
Le comité de politique monétaire (MPC) de la Banque de Maurice (BoM) a livré son verdict. À l’issue de la première réunion de ce comité, hier matin, placé sous la présidence du nouveau gouverneur, Rama Sithanen, et de ses deux adjoints, Rajeev Hasnah et Gérard Sanspeur, les membres, tous nouvellement nommés, ont voté à l’unanimité pour une hausse de 50 points de base du key rate, le taux directeur de la BoM, passant de 4 % à 4,5 %. Initialement, il n’y avait que trois options mises devant les membres: hausse, baisse ou statu quo. Ils ont choisi la première sur la base des impératifs économiques du moment, tant à l’échelle internationale que locale, l’objectif principal étant évidemment le renforcement de la roupie dans un contexte où les risques inflationnistes persistent.
Face à la presse hier, Rama Sithanen explique que le MPC a délibéré que plusieurs facteurs sous-jacents auraient pu affaiblir la roupie face au billet vert et aggraver les pressions inflationnistes. Toutefois, la dynamique de croissance, dit-il, est positive, offrant ainsi la possibilité d’inverser le différentiel du taux d’intérêt négatif qui a contribué à une dépréciation soutenue de la roupie ces dernières années. Il estime qu’une décision proactive était nécessaire face aux risques d’une hausse de l’inflation mondiale et de nouvelles pressions sur les taux de change. D’où la décision de hausser le taux directeur à 4,5 %.
Sans doute, l’augmentation du taux directeur devrait avoir plusieurs conséquences sur l’économie mauricienne. Tout d’abord, le gouverneur pense que les banques devraient répercuter cette hausse sur les taux d’épargne, ce qui pourrait encourager une augmentation des dépôts bancaires et renforcer l’efficacité de la transmission monétaire. Par ailleurs, bien que le coût du crédit puisse s’accroître, la BoM estime que la capacité de remboursement des ménages et des entreprises demeure solide, et que cette hausse des taux ne devrait pas poser de risque majeur en termes de solvabilité.
Sur le plan domestique, la croissance économique mauricienne est restée solide, portée par des secteurs clés, tels que la construction, les services financiers, le tourisme et le commerce. Rama Sithanen note que la demande intérieure, notamment la consommation des ménages et les investissements, a été le principal moteur de cette croissance. Pour 2025, la BoM anticipe une croissance du PIB entre 3,5 % et 4,0 %, un chiffre qui témoigne d’une dynamique économique positive.
Tensions inflationnistes
Néanmoins, cette expansion économique s’accompagne de tensions inflationnistes. En décembre 2024, l’inflation s’est établie à 3,6 %, et les risques restent orientés à la hausse. La forte dépendance de Maurice aux importations expose le pays aux fluctuations des prix internationaux, aux perturbations des chaînes d’approvisionnement et aux conséquences des événements climatiques extrêmes. À cet effet, la Banque de Maurice projette une inflation de 3,7 % en 2025, un niveau supérieur à son objectif à moyen terme de 3,5 %. De plus, une possible guerre commerciale mondiale pourrait exacerber ces tensions et entraîner une inflation encore plus élevée que prévu.
À l’international, la croissance économique reste pour le moins stable avec des variations selon les régions. Selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) dans son rapport de janvier 2025, la croissance mondiale devrait s’établir à 3,3 % en 2025 et 2026. Toutefois, si l’inflation globale a montré une tendance baissière, les tensions géopolitiques et les politiques commerciales protectionnistes que menacent de renverser les États-Unis pour imposer des tarifs douaniers sur les importations en provenance du Canada, du Mexique, de la Chine et possiblement de l’Union européenne pourraient provoquer une remontée de l’inflation à l’échelle mondiale.
Autre facteur clé ayant motivé la décision du MPC, c’est l’excès de liquidités sur le marché domestique. Cet excès, s’il n’est pas contrôlé par des opérations de marché ouvertes de la banque centrale, risque de compromettre l’efficacité de la transmission de la politique monétaire et de favoriser des pressions inflationnistes. Des taux d’intérêt bas dus à cette liquidité excessive ont conduit à des différentiels de taux négatifs avec les grandes devises.
Tout compte fait, le gouverneur de la Banque de Maurice est persuadé que la décision du MPC vise à ancrer les anticipations inflationnistes et à contenir les pressions sur le taux de change. Car une roupie plus stable contribuerait à limiter les effets de l’inflation importée et à préserver le pouvoir d’achat des Mauriciens.
Le MPC compte suivre de près l’évolution économique et prendre les mesures nécessaires pour assurer la stabilité des prix et le développement économique du pays alors que la BoM a déjà fixé les prochaines réunions du MPC aux 7 mai, 13 août et 12 novembre 2025.
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