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La route meurtrière

Le fléau des rallyes illégaux

13 juillet 2025, 10:00

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Le fléau des rallyes illégaux

Zapharl Yadallee, président du Redline Racing Club.

Un drame s’est joué sur la route principale d’Abercrombie le dimanche 6 juillet vers 1 h 30 du matin. Benjamin Christophe, 19 ans, habitant de Pailles, a tragiquement perdu la vie dans un grave accident de moto. Selon les premiers éléments de l’enquête policière, le jeune motocycliste aurait participé à un rallye llégal. Cependant cette thèse est démentie catégoriquement par la famille.

Peu avant un feu de signalisation, sa moto aurait dérapé avant de percuter violemment une main courante. Le Service d’aide médicale urgente (Samu), rapidement dépêché sur les lieux, n’a pu que constater son décès. Son passager, un habitant de Vallée-Pitot, a quant à lui été grièvement blessé. Benjamin Christophe devient ainsi la 63ᵉ victime de la route en 2025 et le 27ᵉ motocycliste à y laisser la vie depuis le début de l’année.

Les rallyes illégaux, souvent organisés la nuit ou tard le soir dans des zones reculées ou peu surveillées, telles que Verdun, Roche-Bois ou Plaine-Magnien, rassemblent des jeunes à moto ou en voiture, en quête de vitesse, d’adrénaline et de reconnaissance. Sans autorisation, sans encadrement, et sur des routes ouvertes à la circulation, ces rassemblements clandestins deviennent rapidement des scènes de danger extrême. Parmi les facteurs aggravants :

⚫ Absence d’équipements de sécurité adaptés (casques non homologués, motos modifiées…)

⚫ Vitesse excessive sur route ouverte

⚫ Non-respect du code de la route

⚫ Spectateurs positionnés en bord de route sans protection

⚫ Courses improvisées au milieu de la circulation

Osman Mahomed déterminé face au laxisme routier

Le ministre des Transports terrestres, Osman Mahomed, s’est exprimé à Sainte-Croix, en marge d’un hommage rendu à Benjamin Christophe. Il a souligné que la situation de la sécurité routière s’est considérablement détériorée ces dernières années, notamment à cause du comportement irresponsable de certains usagers de la route et de l’augmentation des rassemblements clandestins.

Le ministre a ainsi présenté des détails sur le nouveau système de permis à points, qui entrera en vigueur l’année prochaine, et inclura des sanctions beaucoup plus sévères envers les pratiques illégales. «Désormais, toute personne surprise en train de participer à un rallye motocycliste illégal verra son permis amputé de 7 points sur les 15 disponibles. C’est une sanction lourde mais nécessaire, car nous ne pouvons plus rester les bras croisés face à ces comportements criminels sur nos routes.»

Il a précisé que ces nouvelles dispositions permettront d’identifier plus rapidement les conducteurs récidivistes et de les retirer temporairement ou définitivement de la circulation, si nécessaire. L’objectif est de restaurer l’ordre et la discipline sur les routes de l’île. «Le permis à points ne vise pas à punir, mais à responsabiliser. Ceux qui choisissent de respecter la loi n’auront rien à craindre. Mais pour les autres, les conséquences seront désormais immédiates et graves.» Selon lui, c’est une réforme nécessaire, soutenue par les chiffres inquiétants de la sécurité routière.

Appels à la responsabilité

Face à cette hémorragie silencieuse, des voix s’élèvent pour dénoncer l’inaction collective. Zapharl Yadallee, président du Redline Racing Club, rappelle que des alternatives légales et encadrées existent : «Le nombre de rallyes illégaux auto/moto est en hausse constante. Lorsque vous y participez, vous mettez votre vie et celle des autres en danger. Si vous aimez cette adrénaline, pratiquez ce sport légalement.» Son club organise des track days sur le parking du stade Anjalay à Belle-Vue, ouverts à tous les passionnés : Rs 300 pour les motos; Rs 500 pour les voitures.

Des journées où sécurité, encadrement, et passion cohabitent. Pour plus d’informations, Zapharl Yadallee est joignable à travers sa page Facebook Redline Racing Club. Le club a aussi lancé une école de formation à Triolet, visant à enseigner les bonnes pratiques de conduite aux jeunes pilotes. Le président de la Redline Racing Club lance un appel direct aux familles : «Lorsque les parents offrent une moto à leur enfant, ils doivent s’assurer qu’elle est homologuée pour la route. C’est une question de vie ou de mort.»

Pour le Redline Racing Club, l’une des solutions serait de favoriser les événements encadrés : «Notre demande de permis pour un drag race a été refusée dernièrement. Pourtant, cela permettrait de canaliser les jeunes dans un cadre sûr. Le rallye est un sport. Et comme tout sport, il n’a rien de criminel… s’il est pratiqué légalement. Je demande aux autorités de reconsidérer la demande la prochaine fois qu’on fera une demande de permis.»

Les limites de la législation

L’inspecteur Mootoosamy du Police Press Office reconnaît les efforts entrepris par les forces de l’ordre, mais souligne aussi les obstacles juridiques : «Nous avons renforcé les patrouilles de nuit, mais les jeunes continuent à s’adonner à ces pratiques. Nous dressons des contraventions pour rallyes illégaux ou conduite dangereuse, mais lorsqu’ils sont à l’arrêt, nous ne pouvons pas intervenir. Une simple réunion ou rassemblement n’est pas une infraction.»

En ce début de deuxième semestre 2025, la route a déjà fait trop de victimes. L’histoire tragique de Benjamin Christophe rappelle l’urgence de mieux sensibiliser, de mieux encadrer, mais surtout de redonner aux jeunes passionnés un cadre légal où ils peuvent vivre leur passion sans risquer leur vie.

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Un ancien adepte : «J’ai été victime d’un grave accident lors d’un rallye illégal. Ma moto était irrécupérable. C’est ce choc qui m’a poussé vers le rallye légal, où j’ai été bien encadré, sur un circuit sécurisé.»

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