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Human story
Le destin de Jean Kylian, 3 ans : grandir sans nom, mais avec amour
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Le destin de Jean Kylian, 3 ans : grandir sans nom, mais avec amour

C’est à Karo Kalyptis que nous allons à la rencontre de la famille de Jean Kylian. Au-delà des stéréotypes, c’est avec gentillesse que les habitants nous guident pour nous garer. La maison est modeste mais l’accueil, lui, est chaleureux. La grandmère, au visage fatigué par les années et les épreuves, garde le sourire. Le petit Jean Kylian, lui, est en pleurs, ne voulant pas se séparer de sa grand-mère, même l’espace d’un instant. D’un geste bienveillant, elle la serre contre elle, ce qui suffit à l’apaiser.
Assis dans le salon bien rangé, notre regard se pose sur un portrait accroché au mur. On y voit le visage d’une jeune femme, avec une courte inscription : «Rest in peace». C’est la maman de Jean Kylian. Entre l’impératif d’informer et la nécessité de respecter la douleur de la famille, nous abordons le sujet avec précaution, d’une voix presque hésitante. Voyant la tristesse de la grand-mère, la tante nous répond : «Elle avait un cancer, déjà très avancé quand elle est tombée enceinte.»
Nous décidons de réorienter la discussion sur Jean Kylian pour ne pas leur causer – sans le vouloir – de la peine. Nous découvrons alors que la grand-mère de Jean Kylian s’est rendue au bureau de la Sécurité sociale, à Astor Court, à Port-Louis, à plusieurs reprises. Elle espérait y obtenir une aide sociale, même minime, pour subvenir aux besoins du petit. Mais une fois sur place, la réponse a été la même :«Pa kapav fer nanye ar sa papie-la». Car l’extrait de naissance de l’enfant – ne portant ni nom de famille, ni mention des parents – est incomplet.
«Mo zanfan li enn inosan»
Une fois de plus, les portes se ferment. Impuissante, elle ne sait plus à quelle porte frapper. Nous sentons que l’épreuve est herculéenne et qu’elle est au bord de l’épuisement. Dans un sursaut d’émotion, la grand-mère craque. Les mots lui échappent entre deux sanglots qu’elle ne retient plus : «Mo zanfan li enn inosan.» Sa voix se brise, mais chaque mot résonne comme un cri lancé au ciel, à l’État ou à quiconque voudrait bien l’écouter. Mais elle tient bon, pour son petit-fils qui tantôt l’appelle grand-mère, tantôt maman. Dans sa bouche d’enfant, ces deux mots ne forment qu’un.
Jean Kylian ira à l’école maternelle prochainement et heureusement que l’école n’a fait aucune objection, même si le document est non-conforme. La grand-mère explique qu’elle fera tout pour qu’il ait une bonne éducation. C’est sa priorité : «Mo pe kontinye travay ek mo tifi ed mwa enn tigit. Pli inportan, se so ledikasion.» Avant de les quitter, nous échangeons quelques mots avec Jean Kylian, qui nous regarde timidement : il aime jouer aux legos et utilise habilement le téléphone portable de sa tante, naviguant sur YouTube du haut de ses trois ans.
La famille a dans la journée reçu un appel d’un cabinet d’avocats à Port-Louis, sensible au cas du jeune Jean Kylian. Une première rencontre est prévue cette semaine. Un appel est lancé à toute bonne âme prête à aider le jeune Jean Kylian, en attendant qu’il soit reconnu par l’État et bénéficie enfin d’une aide sociale. Toute contribution peut être versée sur le compte SBM de la grand-mère, numéro : 50300000040309.
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