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Sécheresse
Laveurs de voitures : devenir hors-la-loi pour survivre
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Sécheresse
Laveurs de voitures : devenir hors-la-loi pour survivre

Certains n’hésitent pas à enfreindre la loi pour exercer leur métier, au risque d’écoper d’une contravention.
Ces derniers jours, la pluie s’est abattue sur plusieurs régions de Maurice, apportant un léger répit après des semaines de sécheresse. Néanmoins, les autorités restent inflexibles : l’interdiction de laver les voitures à l’aide de pompes est toujours en vigueur. Une décision lourde de conséquences pour de nombreux travailleurs du secteur, qui se retrouvent privés de leur unique source de revenus. Face à cette réalité, certains n’ont d’autre choix que de braver la loi pour survivre.
C’est le cas d’une jeune femme, que nous appellerons Émilie (*), qui exerce ce métier depuis maintenant quatre ans. Issue d’un milieu modeste, elle a enchaîné plusieurs petits boulots avant de se lancer dans le lavage de voitures. «Je cherchais quelque chose de stable, qui puisse me permettre d’avoir un revenu régulier et d’aider ma famille. Petit à petit, j’ai réussi à me faire une clientèle fidèle.» Avec le temps, elle a même développé un service de lavage à domicile, un concept qui a rapidement séduit ses clients. «Ils appréciaient cette option, car cela leur évitait d’avoir à déposer leur voiture et à attendre au garage. J’avais trouvé une formule gagnante qui me permettait de bien gagner ma vie.»
Mais en février 2025, son activité s’effondre brutalement.L’interdiction formelle du lavage de véhicules avec des pompes à eau est annoncée, plongeant de nombreux travailleurs dans le désarroi. «Du jour au lendemain, tout s’est arrêté. J’ai dû mettre mon personnel au chômage. C’était un coup dur pour moi, mais aussi pour ceux qui travaillaient avec moi et qui comptaient sur ce salaire pour faire vivre leur famille.»
Incertitude
Seule à subvenir aux besoins de sa mère, Émilie se retrouve dans une impasse. «J’ai cherché d’autres solutions, mais cela s’avère être ardu.» Alors, malgré les risques, elle prend une décision difficile : continuer à laver des voitures en toute discrétion. «Chaque semaine, j’essaie de nettoyer au moins une ou deux voitures, souvent chez des clients de confiance qui comprennent ma situation. Certes, je prends un risque, car en cas de contrôle, je pourrais être sanctionnée et devoir payer une amende, tout comme le propriétaire du véhicule. Mais je le fais par nécessité, pas par choix.»
Une situation qui indigne Stéphane Maurymoothoo, président du Regroupeman artizan morisien, qui s’exprime avec amertume. «On a l’impression que personne ne se soucie vraiment de ces travailleurs. L’interdiction a été imposée sans qu’aucun plan d’accompagnement ne soit prévu. On parle beaucoup de préservation de l’eau, ce qui est une cause juste, mais on oublie que derrière chaque restriction, il y a des familles qui souffrent.»
Aujourd’hui , l e s professionnels du secteur espèrent qu’il continuera à pleuvoir afin que les autorités puissent revoir leur position. Mais pour l’instant, l’incertitude demeure. En attendant, ceux qui, comme Émilie, n’ont pas d’autres options, continuent tant bien que mal à exercer leur métier dans l’ombre, au péril de la loi.
(*) prénom d’emprunt
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