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Le harcèlement scolaire
L’affaire de tous
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Le harcèlement scolaire
L’affaire de tous

Depuis le début de l’année scolaire, pas moins de 147 plaintes liées au harcèlement scolaire ont été enregistrées à travers le pays. Un chiffre alarmant, révélé récemment par le ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad, à l’Assemblée nationale. Face à cette réalité préoccupante, des rencontres ont été organisées avec les responsables du secteur éducatif, notamment les managers, recteurs et maîtres d’école de toutes les zones éducatives. L’objectif : mettre en lumière ce fléau qui gangrène la jeunesse mauricienne et trouver des solutions concrètes. Après les constats et les discussions, il est temps de passer à l’action.
Les Assises de l’Éducation, prévues du 15 au 17 avril, offriront une nouvelle plateforme d’échange aux différents acteurs du système éducatif. Ces assises permettront d’aborder les défis contemporains de l’éducation et de proposer des réformes adaptées aux besoins actuels. Mais au-delà des discours et des bonnes intentions, il est impératif que des mesures tangibles soient mises en place afin d’apporter une réponse efficace aux dérives du harcèlement scolaire. Trop souvent, on entend des enseignants affirmer qu’ils ne sont ni formés ni outillés pour détecter des situations à risque. Pourtant, ce phénomène ne date pas d’hier. Il a toujours existé, bien que son ampleur se soit accentuée ces dernières années avec l’essor des nouvelles technologies et des réseaux sociaux.
Lors d’une récente conférence tenue à l’auditorium du Mahatma Gandhi Institute, à Moka, un inspecteur de police est revenu sur l’évolution du harcèlement scolaire. «C’est un véritable fléau de société», a-t-il déclaré. Selon lui, les parents doivent être davantage impliqués dans la lutte contre ce problème, car trop d’enfants utilisent aujourd’hui les lois censées les protéger comme un bouclier pour justifier des comportements inacceptables. «Certains élèves reproduisent à l’école la violence qu’ils subissent ou observent au sein de leur propre foyer, notamment à travers la violence domestique», a-t-il expliqué. Il rappelle toutefois que les enfants de moins de 14 ans ne sont pas totalement exonérés de responsabilité, car la loi prévoit des dispositions spécifiques qui peuvent les impliquer en cas de comportements répréhensibles. «Lorsqu’un cas est signalé, la police mène son enquête et transmet le dossier au Directeur des poursuites publiques pour les actions qui s’imposent», a-t-il précisé.
Face à cette problématique, il est urgent de prendre des mesures fortes, soutient le pédagogue Harrish Reedoy. Il cite en exemple plusieurs pays ayant déjà mis en place des stratégies efficaces contre le harcèlement scolaire, notamment l’Italie et l’Inde. «En Italie, le comportement des élèves est également évalué et une mauvaise note dans ce domaine peut entraîner un redoublement, même si les résultats académiques sont bons. Si la note obtenue en conduite est inférieure au seuil requis, l’élève doit refaire son année», explique-t-il. Mais ce n’est pas tout. Le gouvernement italien a également introduit des sanctions sévères à l’encontre des élèves coupables d’agressions physiques ou verbales envers leurs enseignants, avec des amendes pouvant aller de 500 à 10 000 euros.
Des solutions à envisager
En Inde, des réformes ont également été mises en place pour encadrer l’éducation des jeunes. «À partir du Grade 5 l’équivalent du Grade 6 à Maurice, les élèves qui échouent doivent redoubler. Cette approche responsabilise les jeunes et les incite à prendre leur scolarité au sérieux», souligne-t-il. Il plaide également pour une évaluation approfondie de l’efficacité des interventions psychologiques mises en place dans les établissements scolaires. «Il faudrait analyser les résultats obtenus par les psychologues qui accompagnent ces élèves en difficulté. Ont-ils réellement réussi à modifier le comportement des enfants après leurs séances ? Il est essentiel de mesurer l’impact de ces interventions afin d’améliorer les stratégies mises en place», insiste-t-il.
Pour le pédagogue, la mise en place d’un Discipline Master, accompagné d’un assistant, serait une mesure prioritaire pour encadrer les élèves et prévenir les comportements déviants. «Il s’agit d’une priorité nationale. Ces jeunes sont les adultes de demain, il est donc crucial de leur inculquer des valeurs solides dès maintenant», martèle-t-il. Il suggère également d’introduire une matière obligatoire axée sur l’éducation civique et morale, qui serait soumise à un examen. «Cette matière devrait être examinable, et un élève qui échoue dans cette discipline devrait être amené à redoubler», estime-t-il.
Enfin, il évoque l’exemple de l’Inde, où les chaînes de télévision publiques disposent de canaux exclusivement dédiés à l’enseignement. «Certains enfants ne peuvent pas toujours se rendre régulièrement en classe, mais grâce à ces cours diffusés à la télévision, ils ont la possibilité de suivre le programme scolaire et de réussir brillamment leurs examens», conclut-il.
Si des pays comme l’Italie et l’Inde ont su prendre des décisions audacieuses face au harcèlement scolaire, Maurice doit elle aussi franchir un cap et mettre en place des réformes structurelles pour protéger ses élèves et garantir un environnement éducatif sain et sécurisé.
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