Publicité
«Reward money»
L’ACP Lilram Deal : parcours d’un officier au profil international et aux responsabilités sensibles
Par
Partager cet article
«Reward money»
L’ACP Lilram Deal : parcours d’un officier au profil international et aux responsabilités sensibles

L’assistant commissaire de Police (ACP) Lilram Deal est une figure bien connue dans les rangs de la police mauricienne. Son parcours se distingue par une ascension fulgurante, des expériences internationales notables, mais aussi des zones d’ombre liées à une affaire de détournement de fonds publics. Officier ambitieux, il est également un parent de Raj Dayal, ancien commissaire de police et ex-ministre de l’Environnement, un lien familial qui suscite l’intérêt compte tenu de son propre cheminement dans la force policière.
Lilram Deal fait ses débuts dans les forces de l’ordre en intégrant la Special Mobile Force (SMF). Peu après, il soumet sa candidature pour devenir Cadet Inspector. Il est sélectionné et entame sa formation sous la supervision du commandant Raj Dayal, à une époque où ce dernier dirigeait la SMF. À cette époque, le Higher School Certificate (HSC) était la qualification minimale exigée pour postuler.
En tant que cadet, Deal est envoyé à la prestigieuse Royal Military Academy of Sandhurst au Royaume-Uni, où il suit une formation de deux ans. Il y obtient une distinction notable en sortant premier de sa promotion, selon des sources proches du dossier. À son retour à Maurice, il est directement promu au rang de lieutenant, équivalant au grade d’inspecteur de police.
Son expérience ne se limite pas au cadre national. Il est déployé pendant un an au Kosovo, à une époque où des policiers mauriciens étaient sélectionnés pour servir comme force de maintien de la paix dans des zones postconflit. Par la suite, Deal rejoint les Nations unies, où il travaille pendant deux ans au siège en tant qu’officier développant ainsi une solide expertise dans les opérations internationales et la sécurité institutionnelle.
De retour à Maurice, il sert brièvement dans la Northern Division, avant d’être affecté à la Counter-Terrorism Unit (CTU), une entité sensible opérant sous l’autorité du Prime Minister’s Office (PMO). Après les élections de 2014, il est nommé chef de la CTU alors qu’il n’était encore que surintendant de police. Cette nomination fait l’objet de critiques dans les années suivantes, notamment dans l’émission «Menteur Menteur» de l’Express en 2019, qui suggère que Deal aurait été favorisé dans le cadre d’une stratégie de nominations ciblées.
Toujours selon l’émission, un projet de création d’un nouveau poste, celui de Principal Intelligence Officer (PIO), aurait été conçu autour de son profil. Le poste, mieux rémunéré, ne fut jamais officiellement annoncé. Le document confidentiel consulté à l’époque indiquait que seule une expérience de cinq ans dans le renseignement était requise, et que le futur titulaire serait directement employé par le PMO, avec un salaire supérieur à celui d’un surintendant, auquel s’ajoutait une allocation mensuelle de Rs 25 000.
Parallèlement à ses fonctions au sein de la CTU, l’ACP Deal aurait effectué plus de huit mois de missions à l’étranger entre 2014 et 2019, visitant notamment Dubaï, Paris, Johannesburg et Antananarivo, dans le cadre de missions qualifiées de «secrètes» et totalisant 43 voyages. Ces déplacements fréquents ont provoqué des interrogations au sein du PMO, certains cadres évoquant un usage abusif des fonds publics pour des missions dont la justification opérationnelle reste floue. Aucune information officielle n’a encore été publiée concernant ses voyages entre 2019 et 2024.
C’est en 2025 que le nom de Lilram Deal refait surface dans une affaire qui éclabousse toute la hiérarchie policière : le scandale du «Reward Money». Ce système de primes, mis en place pour récompenser les officiers ayant participé à des opérations sensibles, est désormais au centre d’une enquête de la Financial Crimes Commission (FCC). L’ACP Deal est soupçonné d’avoir perçu indûment des sommes importantes, mais aussi d’avoir dirigé une répartition inéquitable de ces fonds, favorisant les éléments de la CTU au détriment d’autres unités comme l’ADSU.
Des dénonciateurs internes affirment que les critères d’attribution de ces récompenses étaient flous, voire inexistants. Les enquêteurs de la FCC examinent actuellement des virements, des documents administratifs et des témoignages d’officiers pour déterminer s’il y a eu abus de pouvoir, favoritisme ou détournement.
Aujourd’hui, l’ACP Lilram Deal reste un acteur clé de cette enquête, placé en détention attendant le ruling concernant sa demande de remise en liberté sous caution, prévu pour le mardi 1ᵉʳ juillet. L’affaire, toujours en cours, met en lumière les fragilités du système de récompense dans les services de sécurité, ainsi que les tensions autour de certaines nominations stratégiques dans les rouages de l’État.
Publicité
Publicité
Les plus récents




