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Manifestation à Port-Louis
La rue dit non au relèvement de l’âge de la pension
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Manifestation à Port-Louis
La rue dit non au relèvement de l’âge de la pension

Face au projet gouvernemental de repousser l’âge de la pension de vieillesse à 65 ans, la colère gronde dans les rues. Hier, les syndicats unis sous une même bannière ont battu le pavé à Port-Louis pour faire entendre leur refus catégorique. Slogans puissants, prises de parole incisives et appels à la mobilisation continue : une démonstration de force qui marque un tournant dans la lutte syndicale.
Sous un soleil ardent, les rues de Port-Louis ont été le théâtre d’une mobilisation puissante hier. La plateforme syndicale, forte de nombreuses composantes, a pris la tête d’un cortège où se mêlaient drapeaux syndiqués, pancartes revendicatives et slogans portés haut et fort. En cadence, les marcheurs répétaient : «Pa tous nou pension», galvanisés par les animateurs munis de porte-voix.
À l’origine de cette initiative commune, Atma Shanto, de la Fédération des travailleurs unis (FTU), n’a pas mâché ses mots : «La présence massive dans les rues montre que jeunes et moins jeunes refusent la mesure qui fixe la pension de vieillesse à 65 ans. C’est une trahison.» Il a dénoncé la mise en place de deux sous-comités sur le ciblage des bénéficiaires, tout en rappelant que les syndicats n’y ont pas été conviés. «Ces réunions se feront sans nous, donc sans transparence. Les travailleurs devront rester vigilants et suivre de près les développements.»
Il a également lancé un appel clair : la mobilisation ne fait que commencer. «Il faut maintenir la pression. Le monde du travail est loin d’être mort.» Vêtu de son t-shirt rouge estampillé Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP) et d’une casquette à l’envers, Reeaz Chuttoo a électrisé la foule avec des slogans percutants. À chaque «Pension vieillesse ?», la foule répondait en chœur : «60 ans !», et au mot «Ciblage ?», le public répliquait : «Nou pa le!»
Dans la masse compacte, Clency Bibi, président de la General Workers Federation (GWF), est tout aussi catégorique : «S’ils veulent modifier les règles, qu’ils organisent un référendum ! Ce gouvernement doit écouter la voix du peuple, pas celle du FMI ou de Moody’s. Le seul contrat valable, c’est celui avec les citoyens. Pa tous Basic Retirement Pension.»
Autre voix forte du mouvement, Radhakrishna Sadien de la State and Other Employees Federation rappelle que jamais dans le programme gouvernemental il n’a été question de revoir l’âge de la pension. «Si des sacrifices doivent être faits, que le gouvernement commence par lui-même ! Les mesures tombées du ciel, sans consultation, sont inacceptables. Un engagement pré-électoral ne donne pas carte blanche après l’élection. Les futurs programmes doivent être enregistrés auprès de l’Electoral Commission, et scrupuleusement respectés.»
Solidaire, Rajen Valayden était aussi de la partie. Pour lui, «rien ne garantit que ce gouvernement ne décide demain de repousser encore l’âge de la pension à 70 ans, comme ailleurs. Ce serait antidémocratique et contraire aux promesses de rupture faites au peuple.»
Avant de clore cette manifestation, Reeaz Chuttoo a fustigé le ministre de la Sécurité sociale Ashok Subron et son junior minister Kugan Parapen : «Tant que je serai là, Ashok Subron ne mettra pas les pieds dans une activité syndicale. Il a trahi la confiance. Sept mois après, où en est cette fameuse Alliance du Changement ?» Il a salué l’unité syndicale inédite affichée durant cette marche : «C’est une page d’histoire. Nous n’irons pas siéger dans les comités du ciblage. La rue est notre espace. Et nous y reviendrons.»
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