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La route, miroir de nos consciences

13 février 2025, 10:50

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La route, miroir de nos consciences

Dans le bruissement des cannes et des morcellements qui poussent, nos routes serpentent telles des artères vitales, reliant les cœurs battants de notre île. Elles sont le théâtre de nos vies, où se croisent destins et histoires. Mais trop souvent, ces chemins se teintent du rouge de la tragédie, rappelant la fragilité de l’existence et l’importance de toujours boucler sa ceinture.

Un instant d’inattention, une seconde d’égarement, une confusion entre les pédales, ou entre une voiture automatique et une voiture avec embrayage et boîte de vitesses, le drame se joue. Les familles, dévastées, pleurent sans cesse la perte d’un père, d’une mère, d’un enfant, arrachés en une fraction de seconde. Le monde s’arrête pour eux, tandis que les chauffards poursuivent leur route, insensibles, changeant de véhicule comme on tourne la page d’un livre.

Les chiffres sont implacables : depuis le début de l’année, 14 accidents mortels ont déjà coûté la vie à 17 personnes au 10 février 2025. En 2023, notre île a enregistré 36 400 accidents de la route, soit une augmentation de 2,5 % par rapport à l’année précédente. Parmi eux, 130 ont été mortels, coûtant la vie à 138 de nos concitoyens. Les motocyclistes et les piétons demeurent les plus vulnérables, représentant une part significative des victimes.

Face à cette hécatombe, le gouvernement envisage de réintroduire le permis à points, supprimé en 2015 sous le régime des Jugnauth qui pensaient prendre une mesure populaire pour plaire aux automobilistes. Ce système, redouté par nombre de conducteurs, attribue un capital de points qui diminue à chaque infraction, jusqu’à la suspension du permis lorsque le solde atteint zéro. L’objectif est clair : responsabiliser les usagers de la route et sanctionner les comportements dangereux.

Cependant, au-delà des mesures coercitives, c’est notre conscience collective qui doit s’éveiller. Conduire n’est pas un acte anodin. C’est une responsabilité envers soi-même et envers les autres. Chaque trajet est une promesse de prudence, une obligation de vigilance. Les campagnes de sensibilisation, les contrôles accrus, les sanctions ne peuvent remplacer la vigilance individuelle. Les radars, en service ou éteints, ne peuvent que dissuader, pas plus.

Entre janvier 2024 et janvier 2025, 13 conducteurs impliqués dans des accidents ont été testés positifs aux stupéfiants, dont deux accidents mortels. De plus, 1 146 conducteurs ont été sanctionnés pour conduite sous l’influence de drogues ou d’alcool.

Ces chiffres témoignent d’une dérive préoccupante. La route n’est pas un lieu de défi ou de bravade. Elle est un espace partagé, où chaque usager a le droit de circuler en sécurité. Le permis à points, s’il est réintroduit, ne sera efficace que si nous, conducteurs, prenons conscience de nos responsabilités.

Le retour du permis à points doit donc être perçu non pas comme une punition, mais comme une opportunité de restaurer la discipline. Une opportunité de repenser notre rapport à la route, de redécouvrir le sens de la responsabilité et de protéger ceux que nous aimons. Car derrière chaque statistique, il y a une histoire, une famille brisée, un avenir volé. Les proches des victimes comprennent mieux que quiconque la douleur de perdre un être cher en quelques fractions de seconde. Pour eux, le monde s’arrête. Mais pour les chauffards, la route continue, souvent indifférents aux conséquences de leurs actes, incapables de faire le deuil.

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