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Lettre du ministre Gungapersad
La «mafia institutionnelle» dans les couloirs de l’Éducation
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Lettre du ministre Gungapersad
La «mafia institutionnelle» dans les couloirs de l’Éducation

Dans une lettre datée du 21 juillet, adressée au ministère de la Fonction publique et des réformes admnistratives, intitulée «Unfair Transfer of Officers from the Ministry», le ministre de l’Éducation, Mahend Gungapersad, déplore le transfert de trois fonctionnnaires de son ministère. Si cette lettre de huit pages aborde initialement le transfert des fonctionnaires, elle vient révéler un dysfonctionnement plus profond au ministère de l’Éducation.
Le nouveau gouvernement avait promis transparence et redevabilité envers la population et c’est dans cette optique, dit-on au sein du ministère de l’Éducation, que Gungapersad a passé en revue plusieurs dossiers, ainsi que des contrats attribués sous l’ancien gouvernement. Des fonctionnaires intègres lui ont également signalé certains faits préoccupants, déploret-on. C’est ainsi que des irrégularités et de mauvaises pratiques survenues sous le gouvernement précédent ont été mises en lumière, rapporte-t-on. D’ajouter que des dossiers ont été transmis aux autorités compétentes et que des fonctionnaires intègres ont aussi été la cible d’une campagne de dénigrement.
🟦 «Procurement et Letters of Awards»
Concernant les allégations circulant au sujet des procurement procedures, le ministre est catégorique : «Toutes les procédures conformément à la Public Procurement Act (…) ont été dûment respectées.» Il souligne que les procurement exercises ont enregistré, cette année, un nombre record de soumissionnaires, signe d’une pratique saine en matière de procurement. Il exprime, avec une vive inquiétude, les retards dans l’attribution des Letters of Awards, qui ont un impact sur la livraison des manuels scolaires et la mise à disposition des services de transport. Il donne son sentiment : «Il y a une tentative délibérée d’empêcher que les attributions soient faites à temps.»
🟦Conflit d’intérêts
S’agissant de l’allocation du contrat pour la provision d’aménagement en faveur des Volunteer Chinese Teachers, le ministre révèle une maldonne. Un fonctionnaire de son ministère ayant accès à tous les dossiers – y compris les coûts, les spécifications techniques et les prix proposés par les propriétaires – n’aurait pas déclaré de «direct or indirect interest», selon la section 29 de la Financial Crimes Commission Act 2023, que le ministre cite dans la lettre. Or, c’est bel et bien l’épouse de ce fonctionnaire qui aurait obtenu le contrat pour la location de sa maison au ministère.
🟦Manuels et mobilier scolaires
Le ministre avance pour fait que durant la dernière décennie, aucun manuel scolaire n’a été livré à temps. Il explique, dans sa lettre, que les fonctionnaires transférés avaient justement réalisé une évaluation interne à ce sujet et auraient découvert que le directeur de la compagnie d’imprimerie était également un ancien Senior Adviser de l’exgouvernement. Celui-ci recevait la majorité des commandes. Le ministre fait un autre constat accablant :«Les contrats étaient alloués à des entreprises actives dans des secteurs sans lien avec leur domaine de spécialisation.»
🟦 «Monitoring» des services de sécurité dans les écoles
Le ministre explique que plusieurs cas suspects ont été rapportés par la Squad, dont faisaient partie deux des fonctionnaires transférés. Parmi les cas signalés : un potentiel cartel de drogue dans un collège, des menaces proférées par un agent de sécurité dans une école primaire et un cas présumé de maltraitance d’enfants, où 28 pièces de vêtements d’enfants auraient été retrouvées, incluant des sous-vêtements.
🟦La mafia institutionnelle
La lettre signée par Mahend Gungapersad fait mention à plusieurs reprises du terme «mafia» en lien avec son ministère mais aussi celui de la Fonction publique : «Il convient également de noter que, lorsque des mesures ont été prises sous ma direction pour transférer certains fonctionnaires, des démarches ont été entreprises par certains Senior Officers, tant de votre bureau que de mon ministère, pour empêcher ces transferts.» Une enquête interne, ajoute le ministre, contribuerait à identifier les membres et alliés de la «mafia institutionnelle». Parmi les actions d’intimidation : la falsification de signatures et de documents, ainsi que des pressions pour empêcher la nomination à des postes vacants, notamment celui de Deputy Permanent Secretary.
La lettre, en plus d’avoir été envoyée au ministère de la Fonction publique, a également été adressée au Bureau du Premier ministre, à celui de l’Ombudsman, à la Public Service Commission, à la National Human Rights Commission, à l’Equal Opportunities Commission, à la Commission for Mediation and Conciliation, ainsi qu’à la Financial Crimes Commission. Mahend Gungapersad conclut sa lettre en disant que ces trois fonctionnaires ne peuvent être «released» de son ministère et que le contraire représenterait une victoire de la mafia.
Contacté, le ministre Mahend Gungapersad confirme que c’est bien une lettre qu’il a écrite. «J’ai souhaité informer mes collègues, car des lettres anonymes circulaient au sujet de certains de mes fonctionnaires. Je voulais montrer que ces fonctionnaires ont contribué à instaurer un peu d’ordre au sein du ministère. » Quid de l’emploi du terme «mafia» ? Il précise : «Les personnes qui retardent l’achat ou la fourniture des manuels scolaires font des choses qu’il ne faut pas faire. Il est essentiel que les enfants reçoivent leurs livres à temps. Il y a une manière de faire. Moi, je souhaite que tout se passe bien, dans l’intérêt de nos enfants. Je veux qu’il y ait de la sérénité, et que l’on ne doute pas des gens qui accomplissent leur travail correctement.»
Sollicité, le ministre de la Fonction publique, Raj Pentiah, confie que «les transferts sont des choses normales, surtout avec 65 000 fonctionnaires». Il affirme ne pas avoir pris connaissance du contenu de la lettre, mais confirme que son collègue Gungapersad lui en a parlé : «Mahend m’en a parlé au Conseil des ministres la semaine dernière. Je lui ai dit que je lui ferais un retour. J’espère pouvoir en prendre connaissance demain (NdlR, aujourd’hui).»
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