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Questions à...
Gina Poonoosamy : «Jusqu’à présent, personne ne nous a dit qu’il/elle n’irait pas voter»
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Questions à...
Gina Poonoosamy : «Jusqu’à présent, personne ne nous a dit qu’il/elle n’irait pas voter»

Gina Poonoosamy, candidate de Rezistans ek Alternativ, de l’Alliance du changement, au Ward 5 de Beau-Bassin–Rose-Hill.
Depuis quand faites-vous de la politique active et qu’est-ce qui vous a poussée dans cette voie ?
La politique est le plus haut degré de service à l’humanité. La politique a toujours été présente dans ma vie. Et encore plus quand j’ai dû soutenir mon époux dans sa vie politique. Mais, pour moi, c’est surtout une manière de vivre avec les autres et être vraiment au service de l’humanité. De prendre soin de cette humanité.Prendre soin a toujours été mon motto et cela que ce soit dans ma famille, dans mon travail ou dans mes engagements sociaux.
Rappelez-nous depuis quand vous faites partie de Rezistans ek Alternativ (ReA) ?
Depuis toujours ! (rires) Je fais partie de ReA depuis ses débuts. J’ai commencé par les suivre, et puis un jour je suis tombée dans la marmite (rires). ReA m’a fait retrouver ma jeunesse, mais surtout retrouver ce sens des droits humains, ce sens du mauricianisme. C’est ce que j’aime. Il y a aussi le fait que dans ReA nous avons tous notre mot à dire. Et je me suis dit que je ne fermerai jamais ma bouche dans ReA (rires).
Comment vous êtes-vous retrouvée candidate au Ward 5 ?
On m’a choisie. Un jour, j’ai reçu un appel de Sébastien Sauvage, qui m’a proposé de poser ma candidature. J’y ai réfléchi et je me suis dit : pourquoi pas ? J’en ai parlé autour de moi, et on m’a dit que c’était une nouvelle mission qui m’était destinée.
Après votre époux, c’est désormais à vous d’être candidate pour une élection. Comment cette annonce a-t-elle été accueillie au sein de votre famille ? Votre époux vous aide-t-il durant la campagne ?
Au début, j’ai gardé ma décision secrète (rires). Ce n’est qu’une fois ma candidature confirmée que j’en ai parlée à Rama. Il est resté bouche bée et m’a dit : «To pa finn dir mwa nanye!» Mais il a accueilli ma décision avec bienveillance, tout comme mes enfants. Il en a été de même pour tous ceux qui me sont proches. Je sens que c’est vraiment le bon moment.
Quant à l’aide de mon époux, c’est surtout un soutien moral (rires).Il ne m’accompagne pas sur le terrain, mais son appui est précieux. Sans lui, je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui. Cela fait 45 ans que nous sommes ensemble, et nous nous sommes toujours soutenus mutuellement. Aujourd’hui encore, je bénéficie de son expérience politique.
En tant qu’habitante et candidate de Beau-Bassin, quel constat faitesvous de la ville ?
Au fil des exercices de porte-à-porte, la première chose que les gens me disent, c’est : «Regardez l’état des rues !» C’est frappant. Je réalise à quel point il y a eu un certain laisseraller, un manque de professionnalisme dans la gestion de la ville. Ayant moi-même siégé à la municipalité de Port-Louis dans les années 80, je me souviens qu’à l’époque, chaque décision était prise avec rigueur et sérieux.
Les habitants évoquent aussi le ramassage des ordures, qui ne se fait plus de manière régulière. On nous montre des terrains vagues transformés en décharges sauvages : matelas abandonnés, carcasses d’animaux, débris de voitures… Les citadins sont inquiets de voir l’état de leur ville se dégrader. Ils nous demandent ce que nous comptons faire. Je leur réponds qu’il faudra d’abord que nous soyons élus. La volonté de faire est là, mais il nous faut les moyens d’agir, il faut que nous soyons élus.
Comment se passe la campagne ?
La campagne progresse graduellement. Après la rencontre du 9 avril avec tous les candidats des Wards 4, 5 et 6 de BeauBassin, les habitants ont pris connaissance de notre candidature pour la région. Ensuite, nous avons entamé les visites en porte-àporte. À chaque sortie, mes trois colistiers et moi distribuons un pamphlet dans lequel nous présentons nos priorités. L’accueil est toujours très chaleureux, et c’est ainsi que nous recueillons les préoccupations des citadins, ce qui nous permettra de mieux orienter nos actions une fois à la municipalité.
Il se dit que ces élections municipales risquent d’avoir un fort taux d’abstention. Cela se ressent-il durant la campagne ?
Jusqu’à présent, personne ne nous a dit qu’il ou elle n’irait pas voter. D’ailleurs, notre mot d’ordre est clair : inviter les gens à aller voter, et les encourager à convaincre d’autres de le faire aussi. Voter est un droit, et ce droit a été conquis de haute lutte. Je pense qu’il est essentiel de se reconnecter à la démocratie locale. C’est important de pouvoir s’exprimer sur ce que l’on vit dans sa propre ville.
Parlez-nous de votre programme.
Nous avons établi des priorités spécifiques pour notre Ward, mais aussi un programme plus large pour Beau-Bassin.D’ailleurs, les grandes thématiques sont les mêmes pour toutes les villes. Il s’agit notamment de recréer du lien avec les citadins, de réhabiliter les infrastructures sportives et culturelles, et de renforcer la résilience face au changement climatique – cela passe, entre autres, par une révision des drains et une meilleure gestion des zones inondables.
Nous voulons également améliorer la gestion des déchets et instaurer des rencontres trimestrielles avec les habitants. C’est pour nous une priorité : rétablir le dialogue entre les citadins et leurs représentants au conseil municipal.
Notre programme comprend aussi la création d’espaces de formation pour que les habitants puissent mieux connaître leurs droits et comprendre les enjeux à venir. Car en formant les adultes, nous pensons aussi aux enfants – les citadins de demain.
Et vous, indépendamment du programme du parti, si vous êtes élue, quelles seront vos priorités ?
Ma première priorité, c’est de travailler en équipe. Prendre le temps de comprendre les enjeux, de bien les saisir et d’avancer ensemble. Ensuite, je tiens à ce que cette équipe reste connectée à la réalité quotidienne de la ville. Par exemple, la question de la sécurité, notamment le soir, mérite toute notre attention.
Ma troisième priorité concerne la formation. Il est essentiel de préparer dès maintenant la ville de demain, de la repenser, de lui redonner sa splendeur. Je pense notamment aux jardins, aux espaces verts… à tout ce qui rend une ville vivante et accueillante.
Il y a aussi des événements qui mériteraient d’être relancés, comme la Fête des fruits, qui apportait tant de joie aux habitants. Et enfin, il me tient à cœur de redonner au Plaza toute sa place. Cela me fait mal de voir que l’arrière du Plaza est devenu un simple garage, alors qu’autrefois, c’était un lieu de rencontres familiales et culturelles. Il faut lui rendre cette âme.
Justement, en parlant de culture… Vous, dont l’époux et les enfants sont très impliqués dans le domaine, quelle place souhaitez-vous lui redonner dans les villes sœurs, autrefois reconnues comme des villes de culture ?
J’ai moi-même chanté dans le groupe IDP et j’ai consacré ma carrière à développer une culture mauricienne authentique. Aujourd’hui, je suis très fière de ce que ma famille continue d’accomplir dans ce domaine. Mon fils Gavin est à l’origine de Mama Jaz, un magnifique festival, et Romi a lancé SantralArt, un autre projet culturel fort. Toute la famille s’investit dans la culture, et c’est une grande fierté.
J’aimerais insuffler à notre équipe ce même élan, ce même souffle, pour redynamiser les espaces dédiés à l’art et à la culture. Je souhaite qu’on crée des activités pour tous : les enfants, les jeunes, les adultes, les aînés. Chacun doit pouvoir trouver sa place et s’épanouir à travers la culture dans sa propre ville.
Encadré: Gina Poonoosamy en bref
Candidate au Ward 5 de Beau-Bassin, Gina Poonoosamy est l’épouse de l’ex-ministre de la Culture, et l’actuel directeur de l’agence Immedia, Rama Poonoosamy. Mère de trois enfants, elle a terminé sa carrière en tant que Chief Welfare Officer à la municipalité de Port-Louis. Son époux et elle sont également les fondateurs de l’école Anou Grandi, qui accueille les jeunes ayant un handicap.
Ayant à cœur l’action culturelle, Gina Poonoosamy a été membre d’un ensemble musical au sein de l’Institut pour le développement et le progrès (IDP). Elle a également été sur scène avec la Trup Sapsiwaye. Sa formation à l’IDP l’a toujours guidée pour être dans le social. Elle a en outre lancé une formation pour les femmes sur les valeurs. Très engagée, elle est actuellement animatrice au sein du Diocèse de Port-Louis.
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