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Une mère debout malgré la tragédie
«J’ai dû être forte pour mes filles»
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Une mère debout malgré la tragédie
«J’ai dû être forte pour mes filles»

Le 18 décembre 2020, Suraj Meghoo, 40 ans, charpentier de Bel-Air, fait une chute de plus de trois mètres sur un chantier à Flic-en-Flac. Hospitalisé en soins intensifs à l’hôpital Victoria, à Candos, il succombe à ses blessures huit jours plus tard, le 26 décembre. Ce jourlà, sa fille cadette fêtait ses 15 mois. Depuis, sa famille vit une double épreuve. Ce drame a bouleversé la vie de son épouse, alors âgée de 43 ans, qui élève seule leurs deux filles, âgées bientôt de 12 ans et 6 ans. «Mo lemond finn bouleverse», lâche-t-elle avec émotion. «Mo perdi mo misie. Mo de zanfan ek mwa, nou’nn trouv nou avek nanye.»
Le destin de cette famille avait déjà été frappé une première fois, en 2019. À l’époque, la fille aînée, âgée de 6 ans, a été grièvement brûlée au pied gauche et légèrement au dos. La mère revient sur ce moment tragique: «Mo ti fek akouse. Mo ti pe prepar bin pou mo bebe. Mo ti met delo bouyan dan benwar, mo pa ti ankor azout delo fre. Mo gran finn tous delo la, ek delo bouyan-la finn ranvers lor so lipie…» La petite a été hospitalisée pendant un mois à Candos. Une greffe de la peau était nécessaire, mais trop coûteuse. Suraj voulait économiser pour soigner sa fille dans une clinique privée.
Mais la pandémie de Covid-19 et le confinement ont freiné les activités du père de famille, qui ne faisait que de petits boulots. «Il espérait qu’en 2021, il réussirait à économiser un peu pour notre fille», confiait son épouse en janvier 2021. Le sort en a décidé autrement. Depuis la disparition de son mari, cette mère a dû tout affronter seule. Avec un bébé de 15 mois et une fillette traumatisée, elle a quitté son domicile pour s’installer chez sa mère. «Mo’nn bizin for pou mo bann zanfan. Mo’nn mars partou pou rod travay.» Elle accepte des emplois dans des magasins, des restaurants, puis finit par décrocher un poste d’aide-serveuse dans un hôtel. «Pa ti fasil. Ena boukou monte desann. Monn res for. Ni bann parol negatif inn fer mwa dekouraze.»
Elle est aujourd’hui fière de pouvoir offrir une vie stable à ses filles : «Mo bann zanfan pa fer fas okenn problem zordi. Mo fier antan ki maman selibater.» Pourtant, les cicatrices émotionnelles restent profondes. Sa plus jeune fille n’a jamais vraiment connu son père. «Kan li ti bien tipti, li ti pe appel tou dimounn papa. Mo ti montre li enn foto, mo ti dir li : sa to papa.» La grande vit toujours avec les séquelles physiques de ses brûlures. Le traitement hospitalier s’est limité à deux visites, faute de moyens. «Mo pa ti kapav amenn li kot enn dokter prive. Aster, mo pe pans pou reseye pou ki so lapo retourn normal.»
La douleur est encore vive. Mais cette mère continue de se battre, pour l’avenir de ses deux filles. Une histoire de courage, de résilience et d’amour inconditionnel, au-delà des cadeaux matériels de la fête des mères…
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