«Il m’a regardé droit dans les yeux et a lancé des paroles déplacées. J’ai vu rouge. Je n’ai pas réfléchi.» C’est en ces mots, livrés lors de son premier interrogatoire, que James Patrick Jean-Louis, 51 ans, a tenté d’expliquer son geste. Devant les enquêteurs, il affirme que tout aurait basculé en quelques secondes dans les rayons d’un supermarché de Nassola, à Grande-Montagne, Rodrigues. Au cœur de ce drame : un triangle amoureux, des soupçons d’in- fidélité, des provocations alléguées et un geste irréversible.

Le samedi 24 mai, en pleine journée, ce qui semblait être une simple course s’est transformé en scène de crime. Jacques Désiré Agathe, un technicien de 45 ans employé au Central Electricity Board, a été retrouvé poignardé. L’arme présumée : un couteau de cuisine récupéré sur l’étagère même du commerce. Il n’a pas survécu à ses blessures. Son décès a été constaté à l’hôpital Queen Elizabeth peu après l’attaque.

Lors de son interrogatoire, James Patrick Jean-Louis a expliqué que la victime entretenait une liaison extraconjugale avec son épouse. «Récemment, j’ai vu des marques sur son cou.» Selon ses dires, cette accumulation de soupçons et la tension émotionnelle auraient nourri une colère sourde, qui a explosé lorsque Jacques Désiré Agathe l’aurait, selon lui, provoqué verbalement au moment de leur rencontre fortuite dans le supermarché. Pris de rage, il aurait alors saisi un couteau à portée de main sur l’étagère du supermarché et aurait poignardé la victime en plein cœur. Les images des caméras de vidéosurveillance ainsi que les témoignages des clients présents sur les lieux sont actuellement analysés par la police pour reconstituer précisément le fil des événements.

L’autopsie, pratiquée par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du service médico-légal de la police mauricienne spécialement dépêché à Rodrigues, a confirmé que la victime est décédée d’une stab wound to the heart. Un test psychologique a été ordonné afin d’évaluer l’état mental de James Patrick Jean-Louis au moment des faits, conduit par le Dr Sudesh Kumar Gungadin. Bien que le suspect ait reconnu l’acte, il soutient qu’il s’agissait d’un «coup de sang» déclenché par un mélange de jalousie, de frustration et d’humiliation. L’enquête est placée sous la supervision de l’assistant commissaire de police Luchan.

Ce meurtre, survenu dans un lieu public, a profondément choqué la communauté rodriguaise. L’image paisible de l’île a été ternie par cette affaire passionnelle qui a pris une tournure tragique.