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Vers une dictature légale ?

Réaction à l’article : Liberté de la presse : des syndicats et des ONG manifestent leur solidarité avec les journalistes.
Dans sa stratégie de supprimer les libertés civiles à Maurice, le gouvernement procède à petits pas. D’abord, il s’attaque à la presse indépendante en prenant pour cible un groupe de presse particulier. Il espère que le traitement injuste infligé à ce groupe servira de leçon à d’autres titres de la presse libre qui oseraient le critiquer. Une fois la presse libre apprivoisée dans son ensemble, le gouvernement s’attaquera aux syndicats qui seront tentés de faire des revendications jugées déraisonnables ou de s’opposer à certaines mesures gouvernementales. Les lois-bâillon telles que l’IRA et le POA seront utilisées dans toute leur rigueur pour interdire des grèves et des manifestations. Nos dirigeants n’hésiteront pas à passer les menottes aux syndicalistes trop zélés qui oseront descendre dans la rue.
Après les syndicats, ce sera au tour de certaines ONG, notamment celles qui défendent des causes qui déplaisent au pouvoir dans les domaines de l’écologie et des droits des consommateurs, de se voir imposer des restrictions sur leur champ d’action. Il y a déjà eu une tentative avortée de couper les subventions à l’ACIM avant les élections. Après avoir muselé la société civile, le gouvernement s’occupera des individus qui sont suspects de sympathie avec l’opposition, qui ont quelque relation que ce soit avec des éléments de l’opposition ou qui manifestent tout simplement une indépendance d’esprit.
Le non-renouvellement du contrat de Palmesh Cuttaree à la MBC est une opération déguisée de « lève paké aller » contre une personne qui n’est pas un nominé politique. Les gouvernants et leurs hommes dans les organismes paraétatiques veulent s’entourer de collaborateurs du bon bord politique, peu importe leur compétence. Les institutions chargées de réprimer la fraude et la corruption seront instrumentalisées pour persécuter les détracteurs du régime par des enquêtes téléguidées et des procès montés de toutes pièces. Certaines personnes proches de l’opposition en savent quelque chose.
Le boycott financier de l’express par l’Etat n’est donc pas un incident isolé. Il s’intègre dans un plan plus vaste visant à interdire la critique, faire taire toutes les oppositions et faire prévaloir l’unanimisme politique dans le pays.  L’issue de cette affaire déterminera le sort de la démocratie à Maurice. Si le gouvernement obtient gain de cause en Cour, il faudra dire adieu à la liberté d’expression et accepter une dictature légale.
 
Démocrate
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