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Prières Politiques

Est-ce raisonnable de donner la parole à une bête politique en espérant qu’elle ne parle pas de politique ? C’est comme si nous donnions un verre de vin à un ivrogne en pensant qu’il refusera ! Le discours du Premier ministre était vivement attendu. Ce n’est pas aux musulmans qu’on apprendra que la politique et la religion ne sont nullement irréconciliables. Quiconque affirme cela n’a rien compris à la religion, disait le Mahatma Gandhi. Et le Mgr Piat a tout aussi raison de parler de la politique dans sa lettre pastorale. Il ne fallait pas interrompre le Premier ministre, ne serait-ce que par respect pour l’institution qu’il représente.
Or son discours était plus que révélateur. Il nous disait comprendre que le Coran et la Sounna sont les sources de loi incontournables des musulmans. Rien que pour cela, il fallait le féliciter. Il nous disait apprécier l’égalité octroyée à tous les citoyens de Médine par le pacte constitutionnel qu’établit le Prophète (saw). Même si au fait les chrétiens n’y étaient pas mentionnés, ce traité datant de la première année de l’hégire fut effectivement un document avant-gardiste sans pareil. Les musulmans lui seraient fidèles jusqu’au bout. Le Premier Ministre hésitera, mais n’ajoutera pas finalement ce constat tout aussi édifiant : l’oummah qui y était évoqué incluait aussi des non-musulmans.
Même s’il inversera la parole prophétique en plaçant le soleil dans la main gauche et la lune dans la droite, le Premier ministre nous dira son admiration – sincère nous l’espérons – pour ce Prophète (saw) qui ne se laisse nullement détourner dans sa mission. On aurait compris le message : lui aussi en tant que leader politique restera ferme dans ses convictions. Même si cela dérange tout le monde, il voudrait suivre l’exemple de la persévérance prophétique en allant jusqu’au bout de ses convictions à lui.
Sauf que pour être juste, il faut rappeler que ce n’est pas à la paix, à la justice ou à l’ordre que le Prophète (saw) appelait en premier lieu, au-dessus de toute chose. Cela aurait été plus facile. Son message était, au fait, un appel à l’adoration de Dieu sans Lui donner aucun associé ! On lui demanda de cesser et en retour on lui aurait donné ce qu’il aurait demandé. Mais le Prophète (saw) savait qu’il ne pouvait y avoir de paix, de justice ou d’ordre dans le rejet de Dieu.
On proposa finalement au Prophète (saw) un compromis : un jour pour l’adoration de Dieu et un autre pour celle des dieux que les gens de la Mecque Lui associaient. La réponse vint sous forme de la Révélation d’une sourate que nous connaissons tous « Quol Ya Hayyu Al Kafiroun… » Il n’y aura pas de compromis dans la foi et dans l’adoration du divin. A vous votre religion, à nous la nôtre.
Cet enseignement, nous aurions intérêt à le retenir sinon nous risquons de voir de graves transgressions en matière de religion. Le respect des autres religions ne nous oblige nullement de participer dans leurs prières et autres célébrations. Nous n’avons aucunement le droit de faire que ceux qui ne partagent pas notre foi participent à nos activités religieuses. Surtout lorsque cela devient une occasion de parler ou de faire une apparition politique…
Inspirons-nous de la sourate « Al Kafiroun » et ne mélangeons pas les différentes religions. N’inscrivons pas non plus la politique politicienne dans nos affaires religieuses. Il faudrait donc dépolitiser les célébrations religieuses totalement. N’embarrassons pas nos politiciens en les invitant à prier pour les besoins de la caméra. Ne les ridiculisons pas en les faisant faire des choses pour lesquelles ils ne portent aucune croyance.
Cela ne veut nullement dire, pour autant, que la religion n’a pas son mot à dire dans la société. Au contraire, la politique a besoin d’une éthique, d’une morale, de valeurs humaines universelles que peuvent lui inspirer la religion ou encore cette conscience qui est en chaque être. Notre apparence de religiosité doit céder la place à des actes accomplis uniquement pour Dieu, en toute humilité et discrétion au service de Ses créatures. Sans distinction aucune…
 
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