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Population générale d’origine indienne

12 septembre 2012, 20:00

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La décision du Comité des droits de l’homme des Nations unies sur l’obligation faite aux candidats aux élections à déclarer leur appartenance ethnique aura obligé les différents acteurs politiques à prendre position et à sortir de leur réserve. Il est clair que le gouvernement actuel devra, à son tour, se décider à ouvrir le débat sur la réforme du système électoral mauricien et beaucoup moins timidement que lors des présentations des rapports Sachs, Sithanen ou Carcassonne.

Cependant, il y a sans doute au moins un point sur lequel opposition et gouvernement ont l’air de s’accorder : la réactualisation du recensement de la composition ethnique de la population mauricienne.

Mais qui recenser ? En effet, si les chiffres datant de 1972 sont obsolètes, les 4 catégories de la population le sont également et sont loin d’être le refl et des différentes composantes de la population.

Le « Best Loser System » ( BLS) se base sur deux catégories religieuses, les hindous et musulmans et deux catégories ethniques, les sinomauriciens et la population générale. Or, dans les recensements, la population générale est une catégorie composite regroupant tous ceux qui ne se considéraient pas d’origine ethnique indienne ou chinoise. Parmi, on compte plusieurs groupes aux traits et caractéristiques culturels différents comme la descendance, européenne, africaine ou malgache, la couleur de la peau, la langue dominante parlée ou encore les pratiques sociales. Mais un trait semble les relier tous : leur appartenance au christianisme, majoritairement catholique.

S’il faut changer cet ordre établi, comment le faire tout en prenant en compte que le nombre de mariage mixte est désormais plus nombreux qu’autrefois à Maurice ? Ils ont été autorisés par la libéralisation des moeurs, la modernisation de la société, les progrès de l’éducation. Tous les cas de fi gure sont ainsi possibles entre Indiens, Chinois, Africains, Français, et ce métissage ne devrait- il pas être pris en compte à la fois ethniquement et religieusement ? Par ailleurs, le Mauricien devrait avoir le droit de décider dans quelle catégorie il souhaite se classer et ne pas être inclus dans une classifi cation à laquelle il n’adhère pas.

L’exemple du Mauricien d’origine indienne, dont les deux parents sont hindous mais ne voulant pas être catégorisé comme tel, devrait avoir le droit de citer dans les statistiques comme, pourquoi pas, athée d’origine indienne. Un autre, de foi hindoue, ethniquement du Sud de l’Inde, ne voudra- t- il pas également être reconnu comme appartenant à un groupe différent ? En outre, faudrait- il ouvrir une autre catégorie pour ces nouveaux immigrants, d’origine française ou sud- africaine, qui auront obtenu la nationalité mauricienne et par extension le droit de vote et le droit d’être candidat à des élections ? La cohabitation pacifi que des différentes ethnies et religions à Maurice a été permise par ce système de discrimination positive de représentativité parlementaire des minorités religieuses et ethniques de la population.

Certes inégal, il faut admettre que le BLS aura contribué à la stabilité du pays depuis l’indépendance, chacun se sentant avec au moins un membre de sa communauté au parlement.

Mais une réforme électorale, sans ce système correctif, est un véritable casse- tête chinois, un imbroglio pluriethnique Pourtant, avoir une connaissance précise de la composition ethno- religieuse de la population ne devrait être qu’un simple exercice statistique de recensement et non pas une affaire d’Etat. Mais nous en sommes encore loin aujourd’hui la société mauricienne se modernise mais se cherche toujours une identité commune univoque qu’elle pourra revendiquer sans y inclure des considérations communautaristes et sectaires. Tant qu’elle n’aura pas la maturité d’admettre d’être « Enn Sel Lepep, Enn Sel Nasyon » , elle aura du mal à perdurer.
 
 
 
 

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