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Pirate d’eau douce

Ainsi le Premier ministre n’a rien contre le maintien de la base militaire américaine sur l’atoll de Diego-Garcia.
Sur cette base, Monsieur le Premier ministre, des gens sont détenus hors de tout cadre légal et, au mépris de toutes conventions internationales, des gens ont été torturés et, peut-être, le sont encore aujourd’hui.
De cette base, Monsieur le Premier ministre, des bombardiers ont décollé pour aller semer la terreur en Iraq. Des centaines de milliers d’innocents ont péri dans cette guerre illégale et cruelle. Tout le monde sait bien que si le Tribunal Pénal International ne se contentait pas de juger seulement les dictateurs africains où se trouveraient, à cette heure-ci, ces deux criminels de guerre que sont George W. Bush et Tony Blair.
Sur cette base, Monsieur le Premier ministre, des armes nucléaires sont stockées et, sans doute, des déchets radioactifs aussi. Lors de votre prochain round de koz-koze avec le Leader de l’Opposition, le Traité de Pelindaba pourrait être un de vos sujets de conversation. Et on mettra sur le compte de l’humour britannique qu’une zone de protection marine ait été créée dans la région.
Vous le savez mieux que moi et vous n’avez même pas besoin de vos agents de la National Security Service pour le savoir- c’est du domaine public.
Dans cette longue et noble lutte, pour que justice soit faite et aux Chagossiens et à l’état mauricien, toute prise de position compte, toute déclaration est scrutée à la loupe par les partisans du statu quo et par les puissances émergentes comme la Chine et l’Inde qui ont aussi un vif intérêt pour cette zone. Ou peut- être vous faites comme votre Ministre de Finances qui affirme avoir menti à la Banque Mondiale pour qu’on puisse avoir un prêt ! Pinocchio diplomacy !
Apparemment, vous révisez tous les discours de vos ministres avant qu’ils ne le prononcent mais en écoutant vos déclarations, mais je pense que ce sont les vôtres qui doivent être corrigés. Votre ministre des Affaires étrangères pourrait être d’une grande aide en matière de ce qui se dit ou pas.
Vous vous pensez fin tacticien peut-être ! Mais croyez-vous sincèrement qu’en légitimant cette base militaire, qu’en se compromettant d’avantage vous mettiez l’ile Maurice en position de force. Que dorénavant le chef de guerre et Prix Nobel de la Paix Barack Obama pourrait dormir tranquille et que son fidèle allié David Cameron va nous restituer Chagos car le Premier ministre mauricien n’a rien contre cette base militaire. On fera de vous un chevalier un jour, on vous prendra en photo en leur compagnie, on vous invitera à l’anniversaire de tel ou tel monarque et puis c’est tout.
On ne vous reprochera pas votre manque d’envergure internationale, on ne vous reprochera pas de n’avoir pu faire plier deux empires. D’autres pays, beaucoup plus puissants que nous ont des contentieux territoriaux avec la Grande Bretagne comme l’Espagne pour le Gibraltar ou l’Argentine avec les Malouines qu’ils peinent à résoudre. Mais de grâce un peu de dignité ! Si on n’a pas les moyens de faire rendre justice pour le moment, on a bien les moyens de ne pas complaire dans la bassesse.
Sans doute votre zèle à faire passer votre récente réunion pour un succès vous pousse à faire des déclarations à l’emporte-pièce. Que c’est dur de briller quand il n’y a la MBC pour vous mettre en valeur. Mais ne pas être reçu, ou être traité cavalièrement, par David Cameron ou par n’importe quel autre Premier ministre britannique n’est point un déshonneur — bien au contraire !
Cette réunion parlons-en ! Obtenir de l’argent des pirates en col blanc pour juger d’autres pirates est au mieux une plaisanterie de mauvais goût. Pirater tout en archipel n’est pas plus acceptable que pirater un thonier ou un pétrolier. L’essor de la piraterie le long des côtes somaliennes est dû à plusieurs facteurs, pas que criminels, dont la surpêche illégale et le décharge des déchets toxiques par des pays étrangers.
Chaque personne a droit à ses convictions et vous êtes libre, Monsieur le Premier ministre, d’être pour une base militaire n’importe où, vous êtes libre aussi de vous rendre complice de crimes de guerre… mais de grâce faites-le en votre nom, en tant que détenteur d’un passeport britannique, par exemple, mais ni en le mien et ni en celui des milliers d’autres Mauriciens.
Tout ceci me fait penser à un célèbre juron du capitaine Haddock. Pas cercopithèque. Ni bachi-bouzouk. Mais bien PIRATE D’EAU DOUCE !!!!
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