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Penser le changement plutôt que changer le pansement

17 novembre 2011, 20:00

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Les pertes d’Air  Mauritius, annoncées récemment, étaient prévisibles : économies des principaux marchés émetteurs en crise, coûts  de carburant en hausse sont  deux des facteurs qui impactent  la performance de la plupart des compagnies aériennes. Et ce n’est, hélas, qu’un début.

Le pire est à venir car, structurellement, Air Mauritius est vulnérable.  Et ce ne sont pas les lamentations  et imprécations des hôteliers  réclamant du transporteur national la mise en place de sièges supplémentaires qui  feront affluer les clients vers Maurice. Le pays devra se résigner, pendant longtemps, à gérer une industrie en  perte de vitesse.

Et il est à craindre que la solution miracle ne se trouvera pas dans des recommandations de cabinets conseils  largement rémunérés.  Souvenons-nous, « Maurice c’est un plaisir » le slogan grassement payé qui allait résoudre tous nos problèmes. Un bide. Un pays, une destination, sont plus que des mots.

Tant que les autorités continueront à se payer de  mots rien ne changera pour le mieux. On attend d’elles des actes forts, une vision ambitieuse qui se substituerait à celle, confite dans et par la routine. A la place de cela  qu’apprend-t-on ?  Une étude –oui, une de plus- confiée à Singapour pour repenser la MTPA. On peut conclure d’ores et déjà qu’ils trouveront cet organisme sclérosé  car géré par une équipe qui  n’a pas été renouvelée depuis des lustres.  Des habitudes ont été prises et le questionnement absent de la justesse de certaines actions.

L’essence même du marketing  est de se remettre en cause   pour être en  phase avec des marchés en constante évolution. 

Le choix de Singapour est curieux, pour le moins. Son succès il le doit notamment, à sa proximité  de zones de population énormes  disposant d’un pouvoir d’achat  assez conséquent.  Place financière, Singapour draine également un flux considérable de voyageurs d’affaires et de  congrès internationaux.  Maurice ne dispose d’aucun de ces atouts, hélas.  Que pouvons-nous apprendre  du modèle « touristique » de Singapour ?

Que peut nous apprendre Singapour  pour faire venir plus de voyageurs vers Maurice ?r  Pas grand-chose tant l’expérience des autorités de cet Etat  dans le domaine purement touristique est limitée. La durée moyenne d’un séjour à Singapour n’excède pas deux jours alors qu’on ne vient pas à Maurice pour y passer quarante-huit heures.

Le hub, nouvelle lubie ministérielle, demeurera également un vœu pieu car, une fois encore, un hub n’est envisageable dès lors qu’il est susceptible d’attirer et de traiter un  flot conséquent de  voyageurs vers lui. Or les gisements  de  clients à proximité de Maurice à moins de deux heures d’avion sont inexistants. Pourquoi rajouter à son temps de voyage lorsque celui-ci  peut être effectué sans escale ?

Les ressources seraient mieux utilisées  en privilégiant les vols non-stop de et vers Maurice, et en améliorant la qualité du service  à l’aéroport, surtout les formalités d’entrée. L’expertise de Singapour dans ce cas précis serait plus pertinente. Faut-il, pour autant, ne rien faire et se laisser aller à la fatalité ? Certes non.  Ce ne sont pas les « expertises » diverses et variées qui, d’un coup de baguette magique, remettront Air Mauritius et la MTPA sur les rails Pour  reprendre une boutade, il vaut mieux penser le changement que de changer le pansement. Une remise à plat, sans concession, de  ces deux institutions est devenue vitale.

La MTPA plutôt que le saupoudrage qui caractérise depuis trop longtemps son action sur des marchés aujourd’hui  matures et essoufflés, devrait se  focaliser sur un marché porteur et en expansion tel celui de l’Inde, par exemple, en y concentrant la quasi-totalité de ses efforts. Les marchés matures comme la France et la Grande-Bretagne, nul doute les hôteliers continueront à   les exploiter comme ils le font  depuis des décennies.  De même la crise actuelle et l’arrivée de clientèle nouvelle devrait favoriser l’émergence  d’offres hôtelières  dans la catégorie des trois étoiles. C’est une vue de l’esprit de croire qu’une destination peut vivre quasi exclusivement et ad vitam aeternam d’un tourisme de luxe.

Pour ce qui est d’Air Mauritius, il serait temps que le politique s’effaçe au profit  de professionnels  de la gestion de  cette entreprise. Et qu’on y trouve dans ses instances dirigeantes, non plus des obligés du pouvoir et des bénis oui-oui, mais des  pointures du monde des affaires. Car il y a  énormément de grain à moudre  pour rendre l’entreprise plus productive et donc, plus performante .

Les pistes sont connues et répertoriées. Ainsi, réduction des coûts de personnel et surtout d’un management pléthorique remplacement urgent des avions vieillissants, gourmands en carburant et  coûteux en entretien, par des  appareils plus modernes  et cela  par l’actualisation du plan de flotte révision du temps d’utilisation des appareils afin qu’ils  passent encore plus de temps en vol refonte radicale du service à bord  qui n’est pas à l’image d’une destination qui se veut sélecte réaménagement des  cabines, quitte à sacrifier quelques sièges afin que la classe touriste ne soit plus une bétaillère (les quelques sièges perdus le seront, peut être compensés par une fidélisation de la clientèle) changement profond dans l’attitude  du personnel envers le client qui, ne lui en déplaise, n’est pas son obligé renforcement de dessertes vers des destinations émergents porteuses, l’Inde, notamment, en accord avec les  buts fixés par la MTPA recherche de partenariat stratégique, donc de synergie, pour mutualiser des frais  comme l’achat de carburant , par exemple.

Hélas, aussi longtemps que le politique sera aux commandes d’Air Mauritius par obligés interposés, ces objectifs, assez basiques, resteront lettre morte. Des paroles continueront à se substituer aux actes et la poussière dans d’obscurs tiroirs continuera à s’accumuler sur les rapports d’experts.

 

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