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Notre secteur touristique et l’option à dominante charbon
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Notre secteur touristique et l’option à dominante charbon

Notre industrie touristique a vu «sa contribution au produit intérieur brut pass(er) de plus de 10 % en 2009 à environ 7,7 % cette année» (Jean Paul Arouff – l’express 19/12/13). Tout devrait donc être fait pour contribuer à son redressement, étant donné son poids dans notre économie.
Or il y a un projet de notre actuel gouvernement qui pourrait , s’il se matérialisait, rendre peu efficaces, sinon vains, tous les efforts des acteurs de cette industrie pour renouer avec la croissance. Un projet susceptible de modifier la structure même de cette industrie, la condamnant à régresser et à demeurer à un niveau durablement bas.
L’île Maurice «charbonné» que le gouvernement voudrait nous imposer (malgré l’avis tout à fait défavorable de la Natural Energy Commission (NEC) risque, en effet, d’altérer de manière durable, sinon irréversible, l’image du pays. On passerait de l’image (que l’on vend) d’un pays à mer bleue, ciel bleu et sable clair à celle repoussante d’un pays à mer et à atmosphère polluées, au sable souillé et au ciel sale.
Ce qui offrirait à nos concurrents un moyen supplémentaire pour prendre avantage sur nous. Je ne vois pas pourquoi ils se priveraient, à partir d’un facile amalgame, de présenter l’image d’ Albion, avec sa centrale à charbon surplombant la mer et son ciel enfumé, non seulement comme étant aussi une image du pays mais comme l’image dominante du pays.
Les voies pour transmettre ou faire transmettre ce type de messages sont multiples. Et ce serait de bonne guerre. Le pur angélisme et la lutte pour des parts de marché ne sont pas vraiment compatibles. D’ailleurs, une telle présentation serait, certes, biaisée mais ne serait pas mensongère pour autant.
Albion est bien une de nos plages. Et ce mélange de plage et de charbon, de mer et de ciel sales existerait réellement chez nous.
Je vois bien, alors, notre gouvernement (si c’est encore celui-ci), avec l’assurance feinte de ceux qui savent avoir fauté, décider d’une campagne d’explication destinée à rassurer nos souhaités touristes.
Celle-ci consisterait à dire qu’Albion et son repoussant mélange ne sont pas toute l’île Maurice. Et qu’à côté il y a Flic-en-Flac. Et qu’un peu plus loin il y a Tamarin. Et qu’à l’opposé, il y a Mahébourg.
Penser qu’une telle campagne, ou n’importe quelle autre, pourrait suffire à restaurer une image dégradée, quand le facteur de cette dégradation est bien là, bien fumant et est destiné à être là, à polluer et à salir pour très longtemps encore; penser cela, c’est oublier que notre pays fait 65 km de long et 45 km de large.
Et qu’entre Baie-du- Cap et Grand-Gaube, entre Albion et Mahébourg il n’y a que quelques dizaines de kilomètres. À l’échelle des pays d’où proviennent la très grande majorité de nos visiteurs, «tout» chez nous est soit à proximité soit assez près de «tout».
Je trouvais déjà étonnante l’absence d’une claire prise de position du secteur touristique sur ce sujet avant la publication du rapport de la NEC. Après la publication de ce rapport elle m’apparaît invraisemblable et incompréhensible.
Je ne vois pas ce qui peut expliquer cette «réserve» à part le mauvais calcul qui consisterait à dire que c’est un moindre mal puisque c’est Albion et le seul qui est concerné. Mauvais calcul parce que l’ombre de la centrale à charbon d’Albion (l’ombre de CT Power) planerait , pour les raisons évoquées plus haut, bien au-delà du périmètre de cette localité et des localités avoisinantes.
NOIRCIR L’IMAGE DU PAYS
Nos dirigeants, avec ce noir et sale projet, donnent l’impression d’oublier une évidence. Les gens viennent chez nous pour nos plages, pour notre ciel. Le confort de nos hôtels et l’efficacité de nos services hôteliers sont des atouts mais ne constituent pas notre principal attrait.
Dénaturer nos plages, les abîmer, salir notre ciel, charbonner, noircir l’image du pays quand une autre option que le charbon est non seulement possible mais lui est aussi plus profitable sur tous les plans, cela équivaut à porter volontairement préjudice à notre industrie touristique, à notre économie et en définitive au pays en général. Une telle attitude est contraire à ce patriotisme dont nous parle si souvent le Premier ministre.
On n’est pas patriotique quand on décide d’engager le pays dans un sombre futur – au sens propre comme au figuré – quand on a la possibilité de l’éviter. La responsabilité politique n’interdit pas l’abandon d’un projet. Elle en fait même un impératif quand cet abandon s’impose comme un acte destiné au bien commun.
Nous sommes en démocratie. Sachant qu’une centrale à charbon en entraîne d’autres – une autre centrale de même type est déjà évoquée pour la zone de Jin Fei – je conseille à tous ceux qui ne l’ont pas encore fait, à nos dirigeants aussi d’aller sur Google Images et de saisir «centrale à charbon». Essayez ensuite d’imaginer ce que serait notre pays dans vingt ans si l’option charbon était mise en oeuvre. Aucun dirigeant, aucun gouvernement ne peut, dans une démocratie, s’arroger un droit au saccage.
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