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Le mystère Sithanen

7 avril 2010, 20:00

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Le comportement de Sithanen me rend perplexe. A chaque fois qu’il est acculé par une décision du Premier ministre, il proclame haut et fort son indignation pour ensuite rentrer dans les rangs. Lorsque le PM a nommé Bheenick au poste de gouverneur de la Banque centrale, il a menacé de démissionner de ses fonctions en signe de mécontentement, mais il devait se raviser après une conversation avec le PM.

Cette fois-ci, il a protesté en public contre le refus du PM de lui garantir le portefeuille des Finances dans un éventuel gouvernement bleu-blanc-rouge, mais il a décidé de rester au Parti travailliste. Il paraît que Sithanen ne peut pas résister aux charmes discrets ou aux arguments du PM.

Dans ces deux circonstances, la crédibilité de Sithanen a pris un sale coup. Il semble qu’il aime prendre le risque de confronter le PM sans évaluer ses chances de succès. Comme un économiste qui normalement sait évaluer les risques de toute entreprise avant de s’y lancer, Sithanen aurait dû évaluer ses options avant d’aller raconter ses misères à une foule de partisans à Quatre-Bornes.

Or, en se laissant convaincre par le PM encore une fois, il laisse planer un doute sur sa capacité de comprendre les enjeux et sur son jugement.

Sithanen a sans doute raison de dire que la compétence devrait être le critère principal pour choisir le titulaire du poste de ministre des Finances. Il porte un jugement peu flatteur sur la position de son parti sur la question d’égalité des chances lorsqu’il dit que la décision du PM de l’écarter du ministère des Finances dans un prochain gouvernement envoie un mauvais signal aux personnes d’origine modeste qui travaillent dur dans la vie pour réussir.

En effet, dans l’île Maurice dite moderne, il faut avoir un patronyme célèbre pour pouvoir aspirer aux plus hautes fonctions de l’Etat. Depuis l’indépendance, la majorité électorale cautionne une démocratie dynastique à Maurice par la peur irraisonnée de l’alternative.

Ce qui dépasse l’entendement dans le cas de Sithanen, c’est qu’est-ce qui vraiment l’attire à la politique après tous les déboires, déceptions, coups bas et coups de Jarnac qu’il a subis. Ce n’est pas l’argent car il peut prétendre à un salaire beaucoup plus élevé dans le secteur privé comme économiste professionnel. Ce n’est pas non plus le carriérisme typique du politicien sans envergure parce que la carrière professionnelle peut être plus stimulante intellectuellement pour lui en sus d’être payante.

Est-ce la notion d’engagement politique (public service) si chère à ceux qui veulent faire une différence dans la société? Après avoir passé autant d’années dans la politique, il devrait savoir que l’engagement politique en faveur d’une cause ou d’une vision n’a aucun sens dans un pays où les règles élémentaires de la justice ne sont plus respectées.

Alors, qu’est-ce qui motive Sithanen ? C’est un mystère.

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